Les secteurs gagnants de la pandémie se comptent sur les doigts de la main : produits pharmaceutiques, entreprises technologiques et détaillants en ligne. Les premiers bénéficient de la recherche d’un vaccin contre la COVID-19, les deux autres capitalisent maintenant sur le fait qu’ils sont les pionniers de la numérisation. Le confinement s’avère être leur heure de gloire.
Cette rubrique hebdomadaire ‘L’actualité en images’ a été bien servie avec un article du Financial Times de mardi mentionnant et analysant les 100 gagnants de la pandémie. Dans le top 3 : Amazon, Microsoft et Apple, qui ont crédité respectivement 401,1 milliards, 269,9 milliards et 219 milliards de dollars en capitalisation boursière - ‹Prosperity in the pandemic›, titrait le journal.
Les 97 autres sociétés cotées en bourse à passer sous l’arc de triomphe du capitalisme de marché sont, outre les entreprises technologiques bien connues, des noms relativement peu connus comme Pinduoduo, un retailer chinois qui a pleinement profité du fait que les consommateurs chinois ne se rendent pas au centre commercial, mais effectuent leurs achats sur leur téléphone. Augmentation de la capitalisation boursière depuis le début de l’année : 55,2 milliards de dollars.
Outre les incontournables détaillants en ligne chinois, la liste comprend également des noms de sociétés de logiciels telles qu’Adobe (+40,1 milliards), de fabricants de puces comme ASML (+27,3 milliards) et la plateforme vidéo Zoom (+47,9 milliards). Et puis il y a les entreprises pharmaceutiques : Roche (+27,1 milliards), Chugal Pharmaceutical (+33,9 milliards) et Alibaba Health Information (+20,1 milliards). Ces performances des gagnants de l’économie technologique ont été établies le 17 juin - après quoi, les cours ont continué à grimper allègrement.
La pandémie et le confinement mondial qui ont suivi cette année ont accéléré les tendances qui se dessinaient depuis un certain temps déjà et sont également commentées depuis longtemps sur Investment Officer.
Nature d’une révolution industrielle
En général, les révolutions industrielles présentent la caractéristique d’être accompagnées d’innovations et d’une nouvelle demande. Mais pour cette quatrième révolution industrielle, l’augmentation de l’efficacité ne conduit pas automatiquement à la croissance. Elle maintient tout au plus le niveau de vie, mais ce succès ne se reflète pas dans le PIB d’un pays, écrit UBS dans son article ‘The age of tech economy’.
Les chercheurs d’UBS affirment que l’épidémie de coronavirus met en évidence une évolution en cours depuis longtemps déjà, à savoir la disparition de la séparation entre le monde numérique et le monde physique. Avec des conséquences économiques majeures : actuellement, 54 % du temps est consacré à l’information numérique et 46 % aux médias traditionnels. En 2030, le ratio sera de 70-30, estime UBS.
Changement de paradigme
Ce changement de paradigme d’un monde physique à un monde numérique est actuellement en cours. Ainsi, dans de nombreux pays, l’utilisation d’applications sur le téléphone mobile a augmenté de 20 à 30 % pendant le confinement. Cela concerne principalement le streaming vidéo, les jeux en ligne et les achats en ligne. Selon Bloomberg Intelligence, les activités numériques sur appareils mobiles sont passées de 28,5 % en 2009 à 54,2 % en 2019.
UBS pense que l’utilisation des canaux numériques pourrait augmenter plus que ce que l’on suppose actuellement, notamment grâce à des technologies telles que l’intelligence artificielle et la réalité augmentée. Si cela s’avère exact, l’utilisation des canaux (d’information) numériques pourrait même atteindre 80 % d’ici 2030.
Entreprises physiques en danger
Si l’hypothèse selon laquelle de plus en plus d’activités économiques se déroulent via des plateformes numériques se révèle correcte, cela aura d’énormes conséquences pour les secteurs fortement axés sur la production physique. Cette perspective d’avenir se manifeste déjà en Chine, où les citoyens passent 60 % de leur temps médiatique sur des plateformes numériques et où les entreprises technologiques pénètrent de plus en plus d’autres secteurs, comme les soins médicaux.
Selon UBS, cette transformation numérique devient un défi pour de nombreux secteurs où la pénétration de la technologie (le cas échéant, du numérique) est encore très faible. Ces secteurs, comme les services publics, les produits chimiques, le pétrole et le gaz, mais aussi l’exploitation minière et l’immobilier, accusent un retard considérable par rapport au processus de numérisation. Ces secteurs risquent non seulement de perdre des parts de marché, mais pire encore : leur disparition totale du monde que les gens ont quotidiennement à portée de smartphone.