À l’aube du lancement très attendu du nouveau régime de l’UE pour les Fonds Européens d’Investissement à Long Terme (Eltifs), le monde des marchés privés est en effervescence, marqué par une pointe d’incertitude.
Dans moins d’une semaine, le régime Eltif 2.0 remodelera le paysage des investissements alternatifs en Europe, mais un brouillard d’ambiguïté juridique persiste, ajoutant un élément de suspense au pouls du marché.
Au Luxembourg, la CSSF est en pleine effervescence et s’apprête à donner son feu vert à une série de demandes Eltif 2.0. Les gestionnaires de fonds sont sur les dents, prêts à modifier leurs stratégies à tout moment pour s’aligner sur le cadre réglementaire imminent.
Ces fonds Eltif 2.0 pourraient révolutionner l’engagement des investisseurs, introduisant une période de préavis obligatoire de douze mois pour les rachats. Cette décision audacieuse de l’Esma bouleverse les modèles d’investissement traditionnels. Cette approche s’applique à divers investissements Eltif semi-liquides et ouverts, inaugurant une nouvelle ère d’engagement financier à long terme.
Flexibilité et liquidité
Toutefois, les gestionnaires de fonds pourraient avoir la possibilité de raccourcir cette période, à condition de bien gérer leurs investissements liquides. Jusqu’à quarante pour cent des actifs liquides d’un fonds pourraient permettre une période de préavis réduite à trois mois, apportant ainsi une dose de flexibilité à ce cadre rigide.
Les Eltifs ne sont pas simplement un autre instrument financier ; ils représentent une lueur d’espoir pour canaliser des milliards d’euros vers les petites et moyennes entreprises européennes. Malgré un accueil mitigé depuis leur lancement en 2015, la mise à jour Eltif 2.0, qui entrera en vigueur le dix janvier, pourrait dynamiser le secteur.
Le Luxembourg, acteur clé de cette évolution, mise beaucoup sur Eltif 2.0. Il change la donne pour les investisseurs privés et les particuliers, rendant les investissements sur le marché privé plus accessibles. Les assureurs voient en ces fonds des opportunités d’investissement à long terme, et des géants du secteur comme l’Alternative Investment Management Association prévoient une explosion du marché européen des Eltifs, potentiellement jusqu’à cent milliards d’euros.
Réactions mitigées au projet de RTS
Le projet de RTS, publié le dix-neuf décembre, a reçu un accueil mitigé. Il est perçu comme un compromis apportant de la clarté pour les fonds ouverts semi-liquides, dans lesquels les investisseurs peuvent s’engager sans y rester pendant toute la durée de vie du fonds.
Pour Adrian Wheelan de Brown Brothers Harriman, la publication du RTS Eltif est un cadeau de Noël anticipé. «Le cadeau réglementaire de Noël de l’Esma à l’industrie est particulièrement important cette année et nous ne sommes que le mardi dix-neuf !», a-t-il déclaré.
Mathieu Scodellaro de PWC Luxembourg considère la période de rachat obligatoire de douze mois comme un obstacle majeur pour le développement des Eltifs (semi) ouverts. Il affirme que la plupart des règles proposées sont un pas dans la bonne direction.
Flexibilité en question
Le cabinet d’avocats luxembourgeois Elvinger Hoss Prussen a commenté que ces règles ne sont pas aussi flexibles que prévu par l’industrie.
Les normes, qui doivent maintenant être adoptées par la Commission européenne avant le dix-huit mars, reflètent un compromis au sein de la communauté européenne des superviseurs.
Selon Jessica Reyes de l’AMF France, les RTS constituent un juste compromis pour offrir de la flexibilité à l’industrie tout en réduisant les asymétries de liquidité pour les Eltifs ouverts.
L’eurodéputé néerlandais Michiel Hoogeveen a décrit les RTS comme étant excessivement restrictives et inapplicables. Il appelle la commissaire européenne Mairead McGuinness à respecter la flexibilité des Eltifs ouverts.
Des produits invendables ?
Amundi et BlackRock ont prévenu que le manque de clarté des règles de rachat pouvait semer la confusion chez les investisseurs et rendre de nombreux produits Eltif invendables.
L’Esma a créé une option permettant aux gestionnaires d’Eltif de réduire la période de préavis en détenant un pourcentage minimum d’actifs liquides, cherchant ainsi à équilibrer les spécificités des différents types d’Eltifs avec la protection des investisseurs.
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