
L’aplatissement actuel de la courbe des taux américaine n’a aucune valeur prédictive. Et si le taux à court terme rattrape le taux à long terme, cela n’annonce pas nécessairement la fin de la hausse des actions.
‘Au contraire, explique Jeroen Blokland de Robeco dans un entretien avec Fondsnieuws. ‘Généralement, il en ressort une hausse des actions encore plus forte.’
Une courbe des taux inversée est certes le signe avant-coureur d’une potentielle récession, mais selon le responsable du Fonds Multi Asset de Robeco, on peut vraiment se demander si ‘This time is different’ (NDTR : cette fois, c’est différent).
‘Une récession à court terme nous paraît peu probable. L’économie américaine continue à bien performer, malgré le resserrement de la politique de la Réserve fédérale. Et en Europe, nous n’attendons pas le moindre problème étant donné que le taux affiche un niveau encore extrêmement bas.’
Les perspectives de rentabilité sont élevées et la croissance des salaires reste faible. En toile de fond, l’image est positive, explique Jeroen Blokland. C’est précisément ce que les investisseurs doivent garder à l’esprit.
‘On prête trop d’attention aux polémiques politiques et aux all-time highs (NDTR : records historiques) sur les marchés boursiers. Il vaut mieux se pencher sur les investissements qui se portent classiquement bien dans cette phase du cycle et voir si les investisseurs souhaitent accroître ou réduire le risque.’
Une raison de surévaluer encore les actions
D’après l’équipe Multi Asset de Robeco, c’est précisément pour cette raison que les actions sont encore intéressantes. Jeroen Blokland poursuit : Il y a quelques jours à peine, nous avons même surévalué nos actions.’
Au sein de cette catégorie d’investissement, le gestionnaire d’actifs Robeco fait malgré tout une nette distinction entre les actions provenant des marchés développés et des marchés émergents. Dans ce dernier groupe, les actions sont sous-évaluées.
Marchés émergents
‘Il faut toutefois noter que la sous-évaluation des actions des marchés émergents est moins prononcée qu’au début de cette année. Depuis lors, les monnaies et les valorisations sont légèrement plus attractives, bien que le seuil ne soit juste pas franchi pour les qualifier de bon marché.’
‘Nous devons l’admettre, les conséquences d’une potentielle escalade de la guerre commerciale dans ces marchés vont davantage se faire sentir. Par ailleurs, ce sentiment risque de ne pas se dissiper rapidement en raison de l’incertitude politique liée aux élections qui auront lieu au Brésil cette année.’
Contrairement à de nombreux concurrents, Robeco n’a pas surestimé ces actions au sein des marchés émergents. ‘Ce n’est que si tout va bien, que nous reverrons notre position par rapport aux marchés émergents. Nous voulons d’abord voir certaines choses bouger. Par exemple, le dollar doit arrêter de grimper, la Réserve fédérale doit arrêter d’augmenter trop le taux, et là rien n’est moins sûr, et il faut enrayer l’incertitude politique.’
Au sein des marchés développés, les actions américaines ont la cote. ‘Elles sont plus chères que les actions européennes mais la croissance et l’élan bénéficiaire sont au rendez-vous. En Europe, on parle depuis des années de querelles politiques. Et ce climat de politique au rabais risque encore de perdurer alors que l’Italie préoccupe les esprits.’
Jeroen Blokland fait partie de l’équipe qui comptait jusqu’il y a peu dans ses rangs Lukas Daalder, depuis passé chez BlackRock.
Pierres angulaires
Dans son rôle de Portfolio Manager, Jeroen Blokland est notamment responsable de gérer les Fonds Multi Asset de Robeco. Ces fonds reposent principalement sur les jalons propres à la société d’actifs mais se composent aussi d’ETF et de produits dérivés.
Les portefeuilles sont un savant dosage de fonds fondamentaux, quantitatifs et à thème. Les derniers à avoir récemment rejoint les fonds Multi Asset sont les fonds Fintech lancés fin de l’année dernière.
Depuis un bon moment déjà, les fonds de matières premières ne font plus partie du mix stratégique d’actifs, car l’équipe Multi Asset n’est plus convaincue par l’effet de répartition au sein de cette catégorie d’investissement.