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Maintenant que la première poussière est retombée après la faillite de la SVB (Silicon Valley Bank), une des principales autorités de surveillance bancaire européennes adresse un message clair aux investisseurs, aux banquiers et aux acteurs des marchés financiers : les banques européennes sont sûres et solides grâce à une surveillance stricte.

« Si les taux d’intérêt devaient continuer à augmenter, nos banques ne subiraient pas de pertes à un niveau qui mettrait leur solvabilité en péril », déclare Claude Wampach, directeur de la supervision bancaire à la CSSF, la commission de surveillance du secteur financier luxembourgeois, lors d’un entretien avec Investment Officer Luxembourg.

Alors que la volatilité des marchés financiers s’est accrue la semaine dernière lorsque les déposants ont rapidement retiré leur argent de la Silicon Valley Bank, les commissions de surveillance du secteur financier du monde entier sont restées en contact étroit et ont été tenues informés par la Réserve fédérale. Au Luxembourg, Wampach a suivi les événements de près.

Wampach est également membre du conseil d’administration du Mécanisme de surveillance unique de l’UE, le MSU, composé de la Banque centrale européenne et des autorités nationales de supervision, ainsi que membre du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, qui élabore des règles communes pour les banques du monde entier.

Son point de vue est étayé par le fait que depuis la grande crise financière de 2008, l’Union européenne a mis en place un cadre de surveillance complet chargé de veiller à ce que la santé financière des banques soit préservée afin de maintenir la stabilité financière. Le MSU en constitue un pilier essentiel, de même qu’un fonds de résolution européen s’élevant à 60 milliards d’euros financé par les banques.

Nouvelles questions pour le comité de Bâle

Son autre message : l’affaire SVB soulève de nouvelles questions auxquelles les autorités de surveillance bancaire mondiales devront répondre à Bâle. « Soyons clairs. Cela soulève également des questions pour le Comité de Bâle lui-même, à savoir si les normes de couverture des liquidités ont fonctionné comme prévu dans ce cas. »

Alors que la Fed a mis un certain temps à informer ses homologues internationaux la semaine dernière, Wampach a indiqué qu’elle avait rapidement rattrapé son retard au cours du week-end, lorsqu’il est apparu clairement que l’effondrement de la SVB avait également des dimensions internationales. La banque basée dans la Silicon Valley possédait une filiale à 100 % au Royaume-Uni ainsi qu’une agence à Francfort.

« Les États-Unis ont manifestement été un peu dépassés par la rapidité de l’affaire SVB, d’où la difficulté pour eux de contacter les autres autorités. Pour être honnête, il faut dire qu’un rapide mouvement de rattrapage a eu lieu avec les juridictions les plus touchées, parce qu’elles possédaient des entités de la SVB : le Royaume-Uni en particulier, mais aussi l’Allemagne », ajoute-t-il. « Bien entendu, la main a ensuite été tendue à la communauté MSU au sens large et à la BCE, où des contacts ont été établis assez rapidement avec les autorités américaines - il y en a un certain nombre - ainsi qu’avec les homologues britanniques. »

« En général, les contacts se font par téléphone, car c’est la manière la plus efficace de procéder.  Nous nous connaissons bien », déclare Wampach en faisant référence aux autorités de surveillance mondiales. « Nous nous connaissons déjà bien en temps normal, de sorte qu’en période un peu plus stressante, nous savons tout simplement qui appeler et à qui parler. »

Réaction inattendue des marchés internationaux à l’affaire SVB 

Les investisseurs n’ont pas été les seuls à être surpris la semaine dernière. Wampach a admis franchement que les autorités de surveillance européennes comme lui l’étaient également. En particulier, la réaction générale des marchés internationaux était inattendue.

« J’ai bien évidemment été surpris parce que la SVB n’était pas sur mon radar. Ce n’est pas une des grandes banques américaines, pas une G-SIB », déclare-t-il, en référence à l’abréviation utilisée pour désigner les grandes institutions financières, ou Globally Systemically Important Banks (banques d’importance systémique mondiale). « La SVB était une banque régionale avec une présence internationale assez limitée. Notre attention et nos échanges de connaissances portent en principe sur les plus gros acteurs. Mais lorsque des événements se produisent avec, disons, de plus petites institutions qui pourraient avoir des conséquences plus systémiques pour d’autres juridictions, comme cela a été le cas ici, l’information circule et comprend également ce type de banques.

Selon Wampach, il y a deux façons de considérer ces problèmes. « La première consiste à examiner la question à la lumière de nos connaissances préalables privilégiées. C’est en principe le plus important pour nous, du moins dans la première phase. Mais ensuite, vous devez réaliser que vous êtes intégré dans un système plus large, ce qui signifie en réalité que vous devez examiner ce que font les marchés, ce que font les participants au marché, parce qu’en fin de compte, c’est le plus important. »

« En tant qu’autorités de surveillance, nous pouvons avoir une certaine compréhension et évaluation de la situation, mais si le marché a une opinion ou une évaluation différente, vous savez que c’est le marché qui l’emporte », a-t-il déclaré. « En tant qu’autorités de surveillance, nous devons donc comprendre comment ces mouvements du marché peuvent en fait influencer le système. Vous ne pouvez pas les ignorer. Vous ne pouvez pas dire ‹le marché a tort›. Non, le marché a toujours raison. Ce que fait le marché est en fait la réalité. En tant qu’autorités de surveillance, nous devons en tenir compte. Alors bien sûr, j’ai été un peu surpris par les réactions du marché. Cela ne fait aucun doute. »
Lisez l’interview complète sur Investment Officer Luxembourg via ce lien.
 

 

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