Matthieu Grouès (Lazard Frères Gestion) table sur un mauvais premier trimestre, avant une reprise poussée par des mesures budgétaires prévues dans de nombreux pays. Dans ce contexte, les actions restent prépondérantes dans l’allocation de Lazard Patrimoine.
« A la fin de l’année dernière, plusieurs indicateurs pointaient vers un redressement de la croissance au niveau global. Malheureusement, la crise du coronavirus va peser sur les chiffres du premier trimestre 2020, qui seront très mauvais », souligne Matthieu Grouès (Responsable des gestions institutionnelles chez Lazard Frères Gestion). Pour autant, la croissance devrait repartir de plus belle dès le deuxième trimestre, à condition que l’épidémie soit rapidement sous contrôle. « Nous pensons qu’il s’agira d’un trou d’air temporaire, les autorités chinoises ayant clairement l’ambition de rattraper les volumes perdus sur l’ensemble de l’année ».
Croissance
Il constate également que de nombreux pays (en plus de la Chine) sont aujourd’hui en train de mettre en place des plans de relance budgétaire. « D’ici la fin 2020, une accélération de la croissance économique d’environ 1% reste possible tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Et pour les marchés, c’est la tendance qui est primordiale ». Matthieu Grouès estime également que l’économie mondiale est encore loin de tomber en récession.
« Historiquement, la fin des marchés haussiers est pratiquement toujours provoquée par un resserrement de la politique monétaire américaine, une éventualité qui est peu probable avant 2021. Et plusieurs trimestres seront ensuite nécessaire avant que la hausse de taux ne commence à impacter négativement l’économie ». Dès lors, il s’attend à un contexte qui devrait rester favorable pour les actifs risqués, au moins durant les 12 prochains mois.
Potentiel haussier
« Il ne faut pas considérer la hausse des actions en 2019 sans regarder la forte baisse encaissée en 2018. Les valorisations ont augmenté, mais la prime sur le S&P500 n’est actuellement que de 9% par rapport à sa moyenne des cinq dernières années, alors que nous avons souvent des primes qui grimpent jusqu’à 18% en moyenne avant une récession ». Il estime dès lors que les cours pourraient grimper de 10 à 15% sur l’exercice en cours, d’autant que la faiblesse des taux constitue un autre argument pour voir les valorisations se maintenir à un niveau élevé.
Lazard Patrimoine (FR0012355113) propose une gestion mixte flexible qui va superposer trois processus de sélection des positions : une analyse macroéconomique dont découlera une allocation à long terme entre les grandes classes d’actifs, un positionnement plus tactique avec des futures pour profiter des opportunités qui peuvent se présenter à court terme, et une couverture automatique des risques afin de limiter les risques de drawdown. Le fonds est noté 5 étoiles par Morningstar.
Risk on
Au niveau du fonds, Matthieu Grouès indique que la proportion des actifs sous gestion exposée sur les marchés boursiers tourne actuellement autour de 29%, soit dans le haut de la fourchette (0 à 40%) autorisée par la stratégie. « La Réserve Fédérale est aujourd’hui beaucoup plus protectrice qu’elle ne pouvait l’être il y a dix ans, et les actions restent donc clairement la classe d’actifs à privilégier pour les prochains mois ».
« Géographiquement, nous privilégions les marchés développes (Europe, Etats-Unis), même si nous avons récemment relevé notre exposition sur les marchés émergents pour profiter des faibles valorisations. Et au niveau sectoriel, nous apprécions les actions de secteurs tels que la pharmacie et la consommation ; plus particulièrement au niveau européen ». Enfin, il souligne également avoir remonté son exposition sur les petites capitalisations européennes (sous 2 milliards d’euros), un segment qui affiche actuellement une décote pour la première fois depuis 2002. « Historiquement, une telle décote a souvent constitué une bonne opportunité ».
Dette financière
Sur la poche obligataire, le fonds est surtout positionné sur la dette souveraine européenne, avec également une position vendeuse (via des futures) sur les bonds américains à dix ans. « En cas d’accélération conjoncturelle, les marchés obligataires vont rapidement commencer à anticiper une reprise du processus de normalisation de la politique monétaire américaine ». Le portefeuille a un positionnement important (15% des actifs sous gestion) sur la dette du secteur financier européen. Contrairement à de nouveaux autres fonds mixtes flexibles, Lazard Patrimoine n’est pas exposé sur l’or. « L’absence d’un rendement fait que nous sommes structurellement sous-exposé sur cet actif ».