AllianzGI CEO Tobias Pross delivering his strategy update in Frankfurt last Tuesday. Photo: IO.
AllianzGI CEO Tobias Pross delivering his strategy update in Frankfurt last Tuesday. Photo: IO.

Alors que la fièvre de la consolidation s’empare du secteur de la gestion d’actifs, Allianz Global Investors affirme que le cap sera maintenu : l’organisation veut rester indépendante.

Lors d’une présentation d’une demi-heure sur la stratégie d’Allianz organisée la semaine dernière à Francfort pour les journalistes européens, le CEO Tobias C. Pross a clairement expliqué pourquoi une fusion ou une vente n’est pas envisageable pour AllianzGI.

‘« Je me sens confiant quant à ma position », a déclaré M. Pross. Il a précisé qu’AllianzGI continuerait à suivre sa propre voie, sans s’engager auprès d’autres parties. « Nous croyons vraiment en ce que nous avons mis en place », a-t-il répondu à une question d’Investment Officer. « Nos clients semblent également apprécier cela, étant donné notre position de leader en matière de qualité. Aucun des gestionnaires d’actifs fusionnés ou synthétiques, comme on peut techniquement les appeler, ne montre la voie. Nous oui. »

Depuis qu’AllianzGI a commencé à gérer des actifs au niveau mondial en 2012, son encours a plus que doublé, passant de près de 280 milliards en 2012 à plus de 570 milliards d’euros fin 2024. Sur ce montant, 461 milliards d’euros sont gérés dans la région EMOA, 35 milliards d’euros proviennent de la région Asie-Pacifique et 75 milliards d’euros des États-Unis.

Fier de l’intérêt qu’on nous porte

Outre ses déclarations sur la « propre voie » d’Allianz, M. Pross a gardé le silence sur d’éventuelles fusions avec des entreprises du même secteur. Au début de l’année, des rumeurs ont fait état de pourparlers avec Amundi, le plus grand gestionnaire d’actifs d’Europe. Elles ont par la suite été démenties.

« Nous ne commentons pas les spéculations et les rumeurs », a déclaré M. Pross. Il a toutefois ajouté : « Je suis également fier que les gens s’intéressent toujours à nos activités », a-t-il déclaré, soulignant la position forte d’AllianzGI au sein du groupe mère, Allianz SE.

M. Pross a souligné cinq années de croissance régulière depuis sa prise de fonction en tant que CEO. « Quatre d’entre elles ont été les plus performantes depuis la création de notre entreprise. »

L’entreprise souhaite principalement poursuivre sa croissance organique, mais n’exclut pas des acquisitions ciblées, notamment dans le domaine des marchés privés. « S’il existe des possibilités de croissance non organique et qu’elles correspondent à notre plateforme et à notre stratégie, nous ne manquerons pas de les examiner. »

Les marchés privés, un produit très prisé

AAllianzGI mise beaucoup sur les marchés privés, qui représentent aujourd’hui 17 % du total des actifs. La barre des 100 milliards d’euros sur les marchés privés est en passe d’être franchie. 

« Il s’agit toujours d’un produit très prisé », explique M. Pross, à propos de la demande continue des clients pour les investissements alternatifs. « Tout ce que nous faisons, nous tenons à le faire au mieux. »

Cette évolution vers les marchés privés intervient à un moment où de nombreux acteurs sectoriels sont confrontés à la pression sur les marges, à la banalisation des produits et à des exigences plus strictes en matière d’ESG. AllianzGI voit plutôt des opportunités dans ces turbulences, en particulier dans le crédit privé, les prêts pour infrastructures et les véhicules à long terme tels que les Eltif.

En outre, l’entreprise investit massivement dans les technologies de données et d’IA afin d’améliorer l’offre aux clients. Des outils internes, par exemple, analysent les conférences téléphoniques du CFO en fonction de l’intonation de la voix. « Vous trouverez peut-être ça un peu effrayant, mais ça fonctionne vraiment », affirme M. Pross.
AllianzGI reste également actif sur les marchés publics, en particulier en Asie et en Inde. Selon M. Pross, les marchés moins développés ont besoin de connaissances spécialisées. Un nouveau fonds en actions indien ouvert récemment affiche selon lui d’excellentes performances.

Bientôt, AllianzGI lancera également des ETF actifs, en commençant par Taïwan, où l’organisation est déjà leader du marché. M. Pross estime que l’environnement réglementaire y est favorable et qu’il permettra l’introduction rapide d’ETF actifs. Le prochain lancement se fera en Europe.

Interrogé sur la pression trop forte sur les frais que pourraient exercer les produits passifs, M. Pross s’est montré résolu : « Si vous pensez vraiment que le passif est bon marché, je vais vous décevoir. »

Durabilité

L’investissement durable perd peut-être du terrain au niveau mondial, mais l’engagement d’AllianzGI reste intact. Selon M. Pross, le développement durable reste l’un des piliers stratégiques de l’entreprise. « Le monde a changé, c’est dommage », dit-il. « Mais nous restons pleinement engagés. »

Environ 200 milliards d’euros, soit près de la moitié des actifs sous gestion, relèvent des catégories 8 et 9 du SFDR européen. Plus de 70 % de ce montant est constitué de capitaux de détail. AllianzGI continue de croire en la valeur ajoutée de l’investissement durable à long terme. « Ce n’est pas seulement une question de rendement, affirme M. Pross. « La durabilité peut contribuer à améliorer les résultats des portefeuilles de multiples façons. »

Il a toutefois reconnu que le déploiement des règles européennes a été difficile, en partie à cause des interprétations divergentes des régulateurs. « Si vous vous adressez à l’AMF ou à la BaFin à un stade précoce, vous obtenez des réponses totalement différentes. Cela a entraîné des retards. »

adidas

AllianzGI ne se laisse pas abattre pour autant. M. Pross a évoqué la position critique de l’entreprise à l’égard d’adidas, où elle s’est prononcée contre la double fonction du président du conseil de surveillance. Lors de l’assemblée générale d’adidas jeudi dernier, Allianz a voté contre le renouvellement du mandat de Thomas Rabe en tant que président du conseil de surveillance. Ce dernier a finalement été reconduit dans ses fonctions avec 64,4 % des voix.

« On doit pouvoir reconnaître lorsque quelqu’un occupe trop de fonctions, conclut Tobias C. Pross. Nous avons notre politique et nous ne nous en écartons à aucun moment. »

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