rogier_de_langhe.jpg

La révolution numérique va bien au-delà de l’émergence de nouveaux modèles d’affaires. Tel est ce qu’a déclaré l’économiste et philosophe Roger De Langhe (UGent) lors du congrès annuel de BZB-Fedafin à Bruxelles. « Il s’agit de savoir comment nous allons organiser la société dans son ensemble. C’est une question très importante pour l’intermédiaire financier, qui se trouve au cœur de cette société. » 

Qu’est-ce qu’une révolution, comment vivons-nous une révolution et, si nous devions nous trouver au cœur de celle-ci, en aurions-nous du reste conscience ? Tel est ce qu’expose De Langhe au millier de personnes présentes à Brussels Expo. En effet, si on veut réussir pendant une révolution, il faut comprendre le bouleversement que vit la société à ce moment-là et ses conséquences pour les biens et services et donc, pour les entreprises.

« Cela vaut également pour l’intermédiaire financier. Il est plus que jamais nécessaire de comprendre comment évolue le monde qui nous entoure. Les entreprises classiques qui continuent de s’accrocher aux anciens modèles d’affaires traversent des moments difficiles, tandis que les entreprises capables de saisir le monde en mutation, comme Amazon, Google, Facebook, Uber et Airbnb, connaissent une croissance explosive. »

Meilleure qualité, prix plus bas

La raison pour laquelle ces plateformes de biens et services excellent n’est pas qu’elles organisent tout à plus grande échelle, explique De Langhe. Selon l’économiste-philosophe, elles savent combiner cette plus grande échelle avec une offre plus large et une meilleure qualité de produits et services au même prix, voire à un prix inférieur à celui pratiqué par les entreprises traditionnelles.

« C’est ce que font des entreprises comme Uber et Amazon qui, outre un service ou un produit, offrent également à leurs utilisateurs une expérience personnelle unique ou une offre individuelle très spécifique. Une entreprise dotée d’une structure organisationnelle classique ne pourra jamais fournir ce service et encore moins en tirer profit. Il suffit de penser à l’expérience de l’hébergement chez l’habitant via Airbnb ou au large choix de livres sur Amazon. Une librairie classique aura peut-être en stock 20 % des livres lus par 80 % des lecteurs. Amazon offre également une plateforme aux 80 % de livres lus par 20 % d’intéressés ; cela n’a tout simplement pas d’importance pour son modèle d’affaires. »

Les acteurs locaux en bénéficient

Selon De Langhe, ce sont les ‘essaims’ de petits acteurs locaux qui assurent le succès de ces plateformes ; ils proposent des produits de niche qui n’intéressent pas les entreprises traditionnelles. En d’autres termes : la plate-forme fournit l’échelle, les entrepreneurs locaux la diversité des produits. « Cela offre des opportunités pour les petits indépendants, à condition qu’ils soient prêts à troquer le modèle classique de croissance verticale contre un modèle de croissance horizontale, en essaim. Les entreprises qui osent le faire connaissent maintenant le succès. »

Ainsi, alors que les petites entreprises étaient autrefois menacées par les grands acteurs comme les supermarchés et les chaînes, elles le sont aujourd’hui par des géants comme Amazon et Bol.com, qui profitent par contre aux petits acteurs locaux, explique De Langhe.

« Les règles du jeu ont changé. Ce sont les entrepreneurs indépendants qui n’ont pas peur du changement et osent profiter des nouvelles opportunités organisationnelles offertes par les plateformes qui profiteront le plus de la révolution numérique. Il en va de même, bien entendu, pour les acteurs du monde financier. »

Économie partielle

De Langhe estime également que l’économie collaborative est ‘quelque chose à tenir à l’œil’ : « la valeur économique signifie plus que le produit physique, comme une voiture, par exemple. Le lieu où elle se trouve à un moment donné ou le fait qu’elle soit immobile 95 % du temps a également une valeur économique, et cette valeur peut être numérisée. Je m’attends à ce que les entreprises qui y parviennent atteignent des sommets. »

Author(s)
Categories
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No