Le conflit commercial entre les États-Unis et la Chine, mais aussi avec un certain nombre d’autres pays dans l’intervalle, pourrait avoir de graves conséquences pour l’économie mondiale. Ce que les investisseurs sous-estiment, déclare Chetan Ahya, économiste en chef chez Morgan Stanley.
Une récession mondiale pourrait déjà survenir dans les neuf mois si le président Trump met à exécution sa menace d’une augmentation supplémentaire de 25 % des tarifs douaniers sur 300 milliards de dollars d’importations chinoises en cas d’échec d’un accord. La Chine menace de réagir par des contre-mesures.
Les deux gouvernements s’accusant mutuellement de tenter de retarder les négociations sur un accord commercial, le conflit entre les deux pays s’est intensifié.
Le week-end dernier, le président Trump a ouvert un nouveau front : il a annoncé qu’il imposait au Mexique une augmentation de 5 % des tarifs douaniers pour les marchandises importées aux États-Unis. Cette décision n’a rien à voir avec un désaccord commercial, mais avec l’exigence de Trump que le Mexique mette fin à l’immigration illégale de Mexicains et de réfugiés à destination des États-Unis via le Mexique.
Trump a envoyé un tweet dans lequel il déclarait que « quand on est la ‘nation-tirelire’ qui est volée et humiliée depuis des années par des pays étrangers, le terme ‘tarif’ est élégant. Les autres pays doivent traiter les États-Unis avec honnêteté et respect. Nous ne sommes plus les idiots du passé. »
Après une forte reprise des cours durant les trois premiers mois, les marchés boursiers ont connu leur plus forte baisse en mai de cette année - l’indice S&P passant de 2945 à 2752 points. Néanmoins, les investisseurs sous-estiment l’impact de cette guerre commerciale sur les perspectives macroéconomiques mondiales, écrivait l’économiste en chef Ahya dans une note aux clients ce dimanche. Depuis le début de l’année, le S&P se situe toujours à plus de 9 %.
Il estime que la croissance souffrira de la hausse des coûts, tandis que la demande ralentira et que les entreprises réduiront leurs dépenses d’investissement.
Ahya prévient que les effets négatifs des hausses des tarifs douaniers se feront sentir dans un proche avenir. Mais il sera peut-être trop tard pour une action politique, déclare l’économiste en chef. La politique est trop réactive, estime-t-il selon l’agence de presse Bloomberg.