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Jusqu’à récemment, Scotch Whisky Investments, un gestionnaire de patrimoine spécialisé dans le whisky, s’adressait principalement aux particuliers. Bien que ce marché continue de croître, l’arrivée d’Eran Habets, ancien d’ABN Amro, met davantage l’accent sur la vente aux gestionnaires de patrimoine indépendants et aux family offices. De plus, l’entreprise se tourne vers l’étranger, en commençant par la Belgique.

Dès qu’on franchit le seuil de Scotch Whisky Investments (SWI), les bouteilles de whisky single malt resplendissent dans toutes les nuances de l’or. Richement exposées côte à côte et les unes au-dessus des autres, ces bouteilles de whisky embouteillées en interne sont numérotées afin d’être associées au bon client investisseur.

L’investissement dans le whisky parle à l’imagination, tout comme l’emplacement du siège de SWI. Tous les murs du siège à Sassenheim sont tapissés d’images de bouteilles de whisky, les lavabos sont installés dans d’anciens fûts de whisky et la grande fierté de SWI est de posséder un véritable musée du whisky.

Des vitrines fermées abritent la collection de bouteilles de whisky soigneusement constituée pendant soixante ans par l’Italien Valentino Zagatti, aujourd’hui décédé, qui souhaitait investir judicieusement les euros qu’il économisait dans sa jeunesse après avoir arrêté de fumer. SWI a repris la collection en 2017 et Zagetti a encore assisté à l’inauguration. La pièce maîtresse : le plus vieux whisky single malt, qui date de 1843.

Le musée n’est pas ouvert au grand public, ce qui représenterait une tâche quotidienne pour l’entreprise de Sassenheim. En revanche, il est accessible aux clients investisseurs, des particuliers fortunés qui peuvent investir à partir de 100 000 euros dans le whisky, pour maximum de 10 % de leur patrimoine librement investissable.

Coffre-fort à whisky de 100 000 bouteilles

SWI gère environ 300 millions d’euros de whisky pour le compte de clients et opère depuis 2014 sous une licence délivrée par l’AMF. Cela ne se fait pas par le biais de fonds : chaque client est propriétaire de son portefeuille de whisky. Ce portefeuille est composé de bouteilles rares et de (parties de) fûts de whisky de différents âges et diverses distilleries.

« Nous investissons uniquement dans du whisky de qualité », explique Eran Habets, qui a rejoint SWI en tant que CEO il y a six mois. Déjà ‘assis’ sur un coffre-fort contenant 100 000 bouteilles de whisky exotique, dont certaines valent jusqu’à trois cents mille euros, il explique pourquoi le whisky convient aux family offices et aux gestionnaires de patrimoine. Il le constate d’ailleurs concrètement dans les chiffres d’entrée de capitaux, explique-t-il.

« Le client moyen d’une banque a un horizon d’investissement relativement court, tandis que les clients plus professionnels guidés par un family office ont un patrimoine plus important et un horizon d’investissement plus long. Ces derniers clients transfèrent une partie de leur portefeuille vers des alternatives, y compris des actifs réels tels que le whisky. Les familles fortunées trouvent logique d’investir directement dans le capital-investissement ou l’immobilier, plutôt que dans les fonds qui les contiennent. Il en va de même pour le whisky. »

Scotch Whisky Investments recherche donc ces clients de manière plus proactive. Il s’agit d’une évolution logique, « pas d’un changement radical », précise Eran Habets. « Nous n’allons d’ailleurs pas investir de manière très différente, seule l’approche active du marché est nouvelle. L’entreprise a grandi et est devenue plus mature. Nous surveillons et contrôlons désormais l’ensemble de la chaîne du whisky, à l’exception de la partie distillation. Nous achetons nous-mêmes et gérons le stock et le portefeuille. Bien investir dans le whisky commence par bien acheter. Le bon whisky est rare et nécessite un réseau - en plus de la connaissance et de l’expérience. »

L’entreprise a donc délibérément choisi de fournir à l’industrie des services de stockage et ce, en acquérant son propre entrepôt sous douane en Écosse il y a deux ans, compte tenu de leur rareté. Eran Habets : « Le fait de pouvoir laisser les meilleurs whiskies reposer plus longtemps en fûts profite à l’ensemble de l’industrie. Cela a amélioré nos contacts. »

En effet, les fûts de whisky restent en Écosse pour des raisons de taxes et de droits de douane, tout comme la plupart des bouteilles. Il est donc prévu de construire et d’ouvrir d’autres entrepôts dans les années à venir et d’améliorer encore leur position dans le secteur. « Ce sont des étapes que nous accélérons », déclare Eran Habets. Deux entrepôts seront bientôt achevés et l’entreprise ambitionne à terme d’en posséder 28.

Doublement des actifs sous gestion

Pour être complets, Eran Habets et Thomas van Gameren, responsable du marketing, ajoutent que les clients qui investissent dans un fût de whisky bénéficient d’une garantie sur une bouteille. « Tout ce que nous possédons est assuré à la valeur du marché. S’il arrive quelque chose au whisky dans un fût, le client reçoit une bouteille comparable. Chaque année, nos analystes vérifient tous nos whiskies en fût afin de déterminer s’ils doivent rester dans le fût, être embouteillés ou transférés dans un autre fût. »

Cette méthode d’investissement convient-elle également aux grands acteurs institutionnels ? Eran Habets : « Avec un family office, nous pouvons nous adapter facilement. Mais dans le cas d’un fonds de pension, il ne s’agit pas d’un investissement de 100 millions d’euros. L’année dernière, l’Écosse a exporté pour 6,2 milliards de livres de whisky, dont une petite partie seulement de catégorie ‘investment grade’. C’est une limitation. Donc non, nous ne sommes pas vraiment actifs au niveau institutionnel. »

Par contre, ils le sont dans le domaine des family offices et des gestionnaires de patrimoine indépendants. Eran Habets : « Ils reçoivent de plus en plus de demandes pour des investissements alternatifs et des actifs réels. Les rendements du whisky sont positifs, avec une augmentation de 373 % des bouteilles de whisky rares au cours de la dernière décennie, selon l’indice Knight Frank Rare Whisky. De plus, la corrélation avec les autres catégories d’investissement est faible. Les actifs réels ont du sens ; le vin et le whisky sont les plus accessibles au sein de cette catégorie. D’ailleurs, tout au plus un quart de nos clients ont eux-mêmes une affinité avec le whisky. Les autres n’y connaissent rien et le font uniquement pour améliorer leur rendement ajusté du risque. »

L’intérêt ne manque donc pas : Eran Habets peut facilement remplir sa semaine de rendez-vous avec des family offices et des gestionnaires de patrimoine qui souhaitent discuter avec lui. Beaucoup viennent des Pays-Bas, mais Hong Kong, Londres et Zurich ne sont pas des exceptions. « Nous nous concentrons d’abord sur le marché néerlandais et belge, et nous ouvrirons également une succursale à Anvers à la fin de l’année. »

Quel est l’objectif à long terme ? Sans vouloir être trop concret, Eran Habets ose exprimer l’ambition de doubler les actifs actuellement sous gestion. « D’ici cinq ans. Avec l’afflux de capitaux qui s’accélère chaque année, notre croissance dans d’autres pays et notre activité accrue sur le marché professionnel, c’est réaliste. »

 

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