« De nombreux signaux indiquant une tendance haussière, il faut être investi en actions. Actuellement, nous envisageons l’Europe et gardons un œil sur les marchés émergents pour l’avenir », déclare Geert van Herck, stratège chez Keytrade Bank.
Après avoir commencé très fort, l’année boursière a connu un creux en mars en raison des préoccupations dans le secteur bancaire. « Malgré la volatilité du mois de mars, le premier trimestre a été globalement bon pour les grands indices boursiers, en particulier pour l’Europe. La reprise des marchés boursiers s’est amorcée en octobre 2022 et, à ce jour, les principaux indices sont toujours orientés à la hausse, une tendance qui s’est maintenue même pendant la crise bancaire du mois de mars. Il n’y avait donc aucune raison pour nous d’adopter une position défensive ou de réduire notre exposition aux actions. »
Van Herck souligne le grand négativisme du mois de mars et le rôle qu’y ont joué les médias traditionnels. « Lorsqu’on lisait les gros titres, on avait l’impression que la fin du monde était imminente. De nombreux investisseurs ont ainsi été emportés dans des montagnes russes émotionnelles, alors que j’insiste toujours auprès de mes clients sur le fait qu’en matière d’investissement, il est essentiel de maîtriser ses émotions. Lorsque le pessimisme est omniprésent, comme en mars, cela peut être le bon moment, d’un point de vue contraire, pour revenir de manière progressive et systématique sur le marché. »
Pas d’émotions, pas de prédictions
En tant que président du comité d’investissement de Keyprivate, le stratège s’est fixé deux règles importantes : pas d’émotions et pas de prédictions. « Il suffit de regarder le marché actions pour constater que nous nous trouvons de nouveau dans une tendance haussière. Les graphiques quotidiens montrent que les principaux indices se situent au-dessus de leur moyenne à 200 jours. Sur les graphiques mensuels, on constate que de nombreux indices majeurs se trouvent au-dessus de leur moyenne sur dix ou douze mois. Pour le moment, je vois donc de nombreux signaux d’une tendance haussière et il faut donc être investi dans les actions. Cela signifie que tous nos portefeuilles obtiennent leur allocation maximale en actions. Tant que la situation ne change pas, nous ne prendrons pas de mesures défensives. »
Sur la base des indicateurs de momentum, l’Europe est surpondérée en tant que région. « Les marchés émergents sont également intéressants à surveiller dans les années à venir. Depuis la crise financière, nous sortons d’une période durant laquelle les actions américaines ont surperformé le reste du monde. Je pense qu’à cet égard, nous sommes en train d’atteindre une sorte de pic. Je m’attends à ce que d’autres régions surperforment l’Amérique au cours des cinq à dix prochaines années. Nous l’avons en fait déjà constaté en Europe au cours des six derniers mois. Du point de vue de la valorisation, les marchés émergents sont la région la plus attractive, mais il faut encore attendre le momentum. »
Passif avec des nuances
Le stratège est un fervent partisan de l’investissement passif, car la plupart des fonds actifs ne surperforment pas. Il apporte toutefois quelques nuances. « On entend souvent dire qu’il est préférable d’investir dans un ETF MSCI World. Ces indices sont fortement surpondérés en actions américaines. Vous êtes alors limité en termes de diversification et dépendant des États-Unis. C’est pourquoi j’insiste souvent sur l’importance de la diversification régionale. »
Deuxièmement, il souligne les opportunités offertes par le facteur momentum (comme le rendement des 6 ou 12 derniers mois) aux investisseurs en ETF. « En tant qu’investisseur, vous pouvez ainsi faire des choix qui vous permettent de réaliser un rendement légèrement supérieur à long terme. En fait, vous travaillez alors de manière active avec des instruments passifs. »
Il poursuit en soulignant que le débat sur l’investissement actif versus passif est souvent trop binaire. « Vous pouvez compléter les trackers avec des holdings cotés bien gérés, par exemple. Vous obtenez ainsi une belle combinaison d’actif et de passif », conclut Van Herck.