Des taux d’intérêt bas, une inflation modérée et une forte reprise des bénéfices des entreprises : provisoirement, l’environnement reste extrêmement favorable pour les actions, déclare James Ashley, Head of International Market Strategy chez Goldman Sachs Asset Management (GSAM).
Après un déploiement réussi des vaccins contre le coronavirus, une forte reprise de l’économie mondiale est attendue l’année prochaine. GSAM table sur une croissance mondiale de 6 %, ce qui reste légèrement supérieur au consensus de 5,2 %. Dans cette optique, la politique monétaire des banques centrales pourrait bien être trop accommodante, ce qui entraînerait une hausse rapide et inattendue de l’inflation.
Mais selon Ashley, la probabilité d’un choc inflationniste est faible. « Dans certains secteurs, le niveau des prix pourrait clairement augmenter. Il suffit de penser au secteur des voyages, lorsque les gens se remettront à sortir après les confinements. Cependant, une hausse générale et durable des prix n’est pas évidente. Malgré la reprise attendue, la production reste en effet inférieure aux niveaux d’avant la crise. Le chômage reste à un niveau relativement élevé, ce qui pèse sur le pouvoir d’achat des consommateurs. »
Même à un peu plus long terme, Ashley ne voit aucune pression inflationniste. « En fait, nous prévoyons une poursuite des tendances d’avant la crise du coronavirus, c’est-à-dire une période prolongée d’augmentation modérée des prix. » Cela signifie que les taux d’intérêt n’augmenteront pas pour le moment. « Si l’inflation devait néanmoins revenir dans les trois ou quatre prochaines années, les banques centrales ne resserreraient pas directement les rênes monétaires. Elles veulent d’abord s’assurer que l’inflation a atteint un niveau structurellement plus élevé. »
Objectif de cours du S&P 500
Dans un environnement où les taux d’intérêt resteront bas encore longtemps, les actifs risqués peuvent prospérer, estime Ashley. Il est optimiste sur les actions non seulement pour 2021, mais aussi pour les années à venir. « La réouverture progressive de l’économie entraînera une forte reprise des bénéfices pour la plupart des entreprises, mais cela se fera avec des hauts et des bas et prendra du temps. En outre, les banques centrales ont indiqué qu’elles continueront à fournir un important soutien en matière de liquidités, non seulement pour les prochains trimestres, mais peut-être pour quelques années encore. »
Il souligne à cet égard que la Banque centrale européenne a prolongé son programme de rachat jusqu’en mars 2022 au moins et que la Fed a indiqué qu’elle ne relèverait pas les taux d’intérêt avant 2024. « La Fed maintiendra les taux d’intérêt à 0 % tant que le chômage ne tombera pas en dessous de 4 % et que l’inflation ne dépassera pas structurellement 2 %. Ces critères n’ont été remplis que deux fois au cours des cinquante dernières années. Les banques centrales ne laissent aucune place aux malentendus à ce sujet et continueront à mener une politique monétaire ultra accommodante pendant une période plus longue, même si l’économie se normalise », déclare Ashley.
Le soutien continu des liquidités, le financement bon marché et la reprise des bénéfices sont selon lui une excellente combinaison pour les marchés actions. « Provisoirement, le marché haussier se maintient. » L’équipe de recherche de Goldman Sachs vise un objectif de cours du S&P 500 de 4300 d’ici la fin 2021, ce qui donnerait encore un potentiel haussier d’environ 18 %. Pour le Stoxx 600 paneuropéen, les analystes visent une position de 430, soit à peine 10 % au-dessus du niveau actuel.
Pas de bulle
Ashley ne s’inquiète pas trop concernant les valorisations. « Les actions ne sont pas bon marché, mais elles ne sont pas surévaluées non plus. Il faut également comparer la valorisation aux obligations. Étant donné que le taux d’intérêt sans risque aux États-Unis et en Europe sera probablement encore pratiquement de 0 % dans les années à venir, une valorisation structurellement plus élevée des actions est justifiée. Ce n’est qu’en cas de changement radical de la politique monétaire que le taux d’intérêt sans risque augmentera et que le ratio cours/bénéfices diminuera. À l’heure actuelle, les valorisations sont adéquates. »
En ce qui concerne Ashley, cela vaut également pour le secteur technologique relativement coûteux.