Les investisseurs s’attendent à un pic de volatilité du S&P 500 lors des élections américaines en novembre. Pour la première fois depuis des mois, le VIX bouge.
Les contrats à terme de l’indice de volatilité du Chicago Board Options Exchange (CBOE), mieux connu sous le nom d’indice VIX, montrent que les investisseurs s’attendent à une augmentation des variations de cours du S&P 500 durant la période des élections.
Les sondages récents suggèrent que les candidats à la présidentielle se suivent de très près, ce qui engendre de l’incertitude dans le chef des investisseurs. Les contrats à terme de l’indice VIX ont augmenté ce mois-ci de plus de 11 % et amorcent, pour les mois à venir, une hausse qui dépassera la moyenne à long terme de 20 pour les contrats d’octobre.
Les contrats à terme sur le VIX pour octobre culminent autour des élections présidentielles
Les contrats à terme d’octobre, qui reflètent la volatilité prévue pour une période de 30 jours à partir du 16 octobre, sont par conséquent près de 3 points supérieurs à ceux de septembre.
Les contrats à terme VSTOXX, qui suivent la volatilité de l’indice EuroStoxx 50, affichent eux aussi un pic aux alentours des élections américaines de novembre, ce qui laisse supposer de plus grandes variations des cours au niveau mondial.
Le spread des contrats à terme sur le VIX septembre-octobre est constant depuis janvier, à 3 points
Une augmentation de la volatilité en dit peu sur l’avis des investisseurs quant aux cours, mais en général, les fluctuations augmentent plus rapidement lorsque le S&P 500 baisse.
Selon Rocky Fishman, le fondateur de la société d’analyse de produits dérivés Asym 500, l’actuelle rémunération de la volatilité dans le cadre des élections n’est pas acquise.
Il estime en effet que le marché est principalement occupé à donner un prix à la volatilité attendue. « Le commerce des produits dérivés à proprement parler ne commencera que plus tard cette année, » a-t-il déclaré à Investment Officer.
Adapter les positions ?
L’incertitude relative aux élections a notamment amené Yves Bonzon, le CIO du gestionnaire d’actifs suisse Julius Baer, à douter de l’exposition sur actions toujours envisagée actuellement. Selon lui, une phase de consolidation va se produire sur les marchés d’ici novembre. « Une correction de 10 à 15 % peut désormais avoir lieu à tout moment et serait, je pense, une bonne chose », a-t-il déclaré à l’agence de presse Reuters.
Selon les analystes de FactSet, un fournisseur de données financières, les investisseurs ne doivent pas craindre que la volatilité accrue mette leur stratégie à long terme en danger. Au cours de ces vingt dernières années, les augmentations de la volatilité à l’approche des élections ont toujours été de courte durée.
Les marchés des actions et des obligations à haut rendement ont affiché une tendance à la hausse en 2004, 2012, 2016 et 2020, et une tendance à la baisse en 2008. Les résultats des présidentielles américaines ne sont pas parvenus à inverser la tendance du marché sur le long terme.
Pas de rupture de tendance du fait des présidentielles
Les investisseurs qui veulent malgré tout « jouer » le VIX peuvent vendre, étant donné que la volatilité attendue est normalement plus importante que la volatilité réelle. Cette différence illustre la volonté des investisseurs à payer pour cette incertitude, un peu comme ils paieraient une prime d’assurance. Les investisseurs qui s’attendent à de grandes variations de change après les élections peuvent ouvrir une position longue sur le VIX et profiter d’une augmentation de la volatilité.
« Lorsque l’incertitude retombera avec le résultat des élections, cette « prime d’assurance » disparaîtra et le VIX baissera », explique Han Dieperink, CIO chez Aureus. « Les marchés escomptent normalement par avance une incertitude maximale. » Il faut toutefois pour cela que le VIX soit une bonne représentation des variations attendues. Et depuis quelques mois, des doutes s’élèvent.
Le VIX s’est assoupi
Certains analystes, parmi lesquels des chercheurs de la Banque des règlements internationaux (BRI) estiment que le VIX est maintenu artificiellement bas par une abondance de stratégies d’investissement dans le cadre desquelles des options sont vendues.
L’idée étant que lorsqu’un tel « produit structuré » est vendu à un investisseur, le négociant - une banque, souvent - achète en fait une option du client. Pour couvrir l’exposition à ces options, les négociants achètent le produit sous-jacent lorsque l’indice est à la baisse, pour le revendre lorsqu’il remonte. Cette pratique est connue sous le nom de « couverture dynamique ». Selon un récent article de la BIS, les négociants agissent ainsi à contre-courant et amortissent les fluctuations de prix de la valeur sous-jacente.
Mandy Xu, de Cboe Global Markets, estime que si les fonds négociés en Bourse étaient vraiment à incriminer, le prix des options sur les actions en hausse serait beaucoup plus bas, parce que des options d’achat seraient vendues en masse. « Cela suggère que ces fonds ont un impact modéré sur le marché des produits dérivés. »
Selon Rocky Fisherman, affirmer que VIX pose problème n’a aucun sens. « Les bonnes prestations du S&P 500 vont de pair avec un VIX bas. La volatilité réalisée est peut-être basse, mais pas de manière exagérée. »