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Toutes les deux semaines, Investment Officer pose des questions personnelles à un éminent professionnel du monde financier. Cette fois-ci, c’est Kim Van Esbroeck, Country Head d’Aion Bank Belgique, qui regarde dans Le Miroir.

Kim Van Esbroeck est diplômée en physique nucléaire, mais ne se voyait pas travailler toute sa vie dans une centrale nucléaire. Elle a donc cherché quelque chose de nouveau à étudier. C’étaient les beaux jours de Lernout & Hauspie, et la technologie de la parole et du langage semblait donc un choix attrayant en tant que Master après Master. Forte de ce bagage technologique, elle est entrée dans la finance presque fortuitement.

Elle s’est d’abord retrouvée dans la société de tests Integri, où elle vérifiait les logiciels des terminaux belges afin de détecter les failles. Après avoir passé un an sur le terrain en tant testeuse, elle est passée dans le département vente, puis marketing de l’entreprise. Elle s’est ensuite retrouvée chez Clear2Pay, avant de passer chez Bancontact, où elle est devenue CEO. Elle est maintenant Country Head d’Aion Bank Belgique, qui se décrit parfois comme ‘le Netflix du monde financier’.

Que vous a appris votre premier emploi ?

« Always cover your back. En tant que jeune recrue, je devais détecter les failles dans les systèmes de paiement. Je devais ensuite préparer un rapport et le présenter à une commission de certification. Devant celle-ci, on était mis à rude épreuve et submergé par une avalanche de questions. Il n’y avait qu’une seule façon de survivre à cela : tout documenter et argumenter méticuleusement. C’est une soft skill que j’ai beaucoup développée dans le cadre de mon premier job. Aujourd’hui encore, je m’assure d’avoir le soutien de mes collègues pour tout ce que je fais. »

Supposons que vous puissiez d’un coup changer une seule chose dans le monde financier. Quelle serait-elle ?

« Je rendrais surtout le monde financier beaucoup plus simple et beaucoup plus accessible. Le monde financier doit répondre à tant d’obligations en termes de sécurité, de confidentialité et de conformité que l’ensemble devient vraiment très lourd, y compris pour les clients finaux. Cela doit pouvoir être simplifié. »

Regrettez-vous qu’il n’y ait pas davantage de femmes à des postes de haut niveau dans le monde de la finance ?

« Les femmes font des choix différents et mènent une politique différente. Mais comme le sommet de la finance est dominé par les hommes, on a également une culture très masculine. Ce n’est pas nécessairement bon ou mauvais, mais avec plus de femmes au sommet, on aurait tout de même un meilleur équilibre. Et puis, bien sûr, il est très regrettable que les femmes qui m’entourent dans la salle du conseil d’administration se comptent sur les doigts de la main. Pourtant, je n’ai jamais eu l’impression qu’il y avait un plafond de verre. Au cours des 20 dernières années, je n’ai pas reçu moins d’opportunités parce que je suis une femme. Seulement, je remarque que beaucoup de femmes font simplement des choix différents à un moment donné. »

Quel livre tout manager devrait-il lire ?

« Je ne suis pas le genre de manager qui lit beaucoup de livres sur les affaires. Je lis principalement pour me détendre, car c’est dans la pratique et en parlant avec les gens qu’on apprend le plus. Mais si je peux tout de même recommander un livre, c’est The Culture Map d’Erin Meyer. Il explique comment les différences culturelles se manifestent dans différents domaines, du style de management à la communication. Ces éléments sont indissociables du pays dans lequel vous opérez. Pour moi, c’est un outil de travail quotidien. »

Êtes-vous satisfaite de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée ? 

« Après 20 ans, je suis arrivée à la conclusion que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est une illusion. Il y a une balance, mais elle est très rarement en équilibre. Nous devons apprendre à vivre avec le fait qu’elle penchera toujours plus dans un sens ou dans l’autre. Il est donc inutile de chercher à atteindre l’équilibre parfait. Et la planification et l’organisation constituent une clé importante pour trouver au moins un équilibre sain. Mon mari et moi avons tous deux un travail très prenant, que nous ne parvenons à combiner avec notre vie de famille que parce que tout est parfaitement organisé et que chacun - y compris les enfants - donne un coup de main dans le ménage. Heureusement, j’adore l’organisation ! » (rires)
 

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