La faiblesse des taux permet aujourd’hui d’accepter des valorisations plus élevées sur les marchés boursiers. Keren Patrimoine privilégie le segment du haut rendement sur les marchés obligataires, où il est encore possible de trouver des rendements attractifs.
Epidémie de coronavirus oblige, le gestionnaire parisien Keren Finance a été contraint de tenir sa rencontre annuelle avec les investisseurs belges sous une forme virtuelle. « Au niveau macroéconomique, la croissance européenne devrait être déprimée avant une reprise forte en 2021 avec un retour à la moyenne sur un grand nombre d’activités », indique Benoit Soler (gestionnaire de fonds chez Keren Finance). « Certains secteurs boursiers vont subir une pression déflationniste importante (notamment le tourisme, les compagnies aériennes, etc) et il restera difficile d’y investir durant les prochains mois. A l’inverse, sur la partie crédit, nous pensons qu’il y a aujourd’hui des opportunités en partant du principe d’une certaine normalisation à partir de l’année prochaine ».
Dette publique
Les interventions des états et des banquiers centraux vont contribuer à limiter la casse au niveau de l’emploi en évitant les plans de licenciements et en aidant les petites entreprises. « En outre, il reste encore une marge de manœuvre relative au niveau du bilan de la banque centrale européenne », poursuit Benoit Soler. « Nous sommes encore loin de ce qui a été fait aux Etats-Unis ».
« La dette des pays est aujourd’hui passée au second plan », confirme Raphaël Elmaleh (Président de Keren Finance), « et un resserrement de la politique monétaire n’est aujourd’hui clairement plus d’actualité. Les taux d’intérêts souverains ne sont pas prêts d’augmenter, et nous en prenons compte dans nos valorisations sur les actions. Ceci permet d’accepter des multiples un peu plus élevés ».
Haut rendement
Ceci pourrait constituer un problème pour un gestionnaire comme Keren Finance, dont 80% des encours restent positionnés sur des supports obligataires. Dans un produit comme Keren Patrimoine, l’exposition est principalement focalisée sur la dette d’entreprise, avec une proportion importante sur le haut rendement où il est encore possible de trouver des rendements attractifs.
« Les plans de soutien ont permis de renforcer la solvabilité de ces émetteurs », indique Raphaël Elmaleh. Depuis le mois de mars, les entreprises ont actionné toutes leurs sources de liquidités avec des structures de coûts qui ont été fortement allégées, dans le but de minimiser les sorties de trésorerie. La seconde période de restriction s’accompagnera encore de mesures d’accompagnement afin de limiter la casse ».
Impact crédit
Au niveau de Keren Patrimoine (le fonds flagship du gestionnaire parisien), l’allocation reste donc largement axée sur la dette d’entreprise et sur le haut rendement, le solde étant investi sur les actions. « Depuis le début de l’année, le portefeuille obligataire a eu une contribution légèrement négative », indique Raphaël Elmaleh, « avec des surprises qui ont été généralement positives ».
Par contre, l’exposition sur les marchés actions a contribué négativement à la performance, essentiellement en raison d’une surpondération sur les actions européennes. « Nous maintenons une exposition sectorielle axée sur les secteurs du luxe, de la technologie et des industrielles ». La performance annualisée sur cinq ans de Keren Patrimoine tournait autour de 5% à la fin du mois de septembre 2020, avec un recul qui atteint désormais 10% depuis le début de l’année.
SICAV
Avec la création d’une SICAV de droit français, Keren Finance entend maintenant attaquer plus directement le segment institutionnel du marché belge. La gamme sera également étendue durant les prochains mois avec le lancement d’une nouvelle stratégie axée sur le crédit avec une approche ISR. « Nous souhaitons adopter cette thématique avec une approche différente des autres sociétés de gestion », souligne Vincent Schmidt (Keren Finance).