Tom van den Berghe, Febelfin
11717_143_Dann_Low.jpg

Les premiers labels de durabilité belges seront décernés en novembre 2019 aux fonds durables satisfaisant aux critères de qualité. Le segment est en pleine expansion, mais soulève toujours des questions. 

Début 2019, Febelfin annonçait la mise en place d’un label destiné à guider les consommateurs face à l’élargissement de l’offre de fonds durables dans le secteur financier. Les banques et gérants d’actifs avaient jusqu’au 30 juin pour déposer une demande d’agrément de leurs produits. 

Un consortium de membres de Forum Ethibel, de l’ICHEC Brussels Management School et de l’université d’Anvers vérifie actuellement que ces produits répondent bien aux normes de qualité fixées. L’attribution des labels s’effectuera par le biais d’une nouvelle ASBL dont le conseil d’administration est composé pour moitié de représentants du secteur financier et pour moitié d’experts indépendants. Febelfin n’avance aucun chiffre concret, mais Tom Van den Berghe, expert en durabilité pour la fédération, évoque plusieurs centaines de demandes et affirme que Febelfin souhaite désormais offrir aux banques et gérants d’actifs la possibilité de déposer une demande d’agrément quatre fois par an.

Une croissance exponentielle

Avec ce nouveau label, la fédération prend acte de l’intérêt croissant des investisseurs pour les produits durables, qui ne se cantonnent aujourd’hui plus à une niche. KBC confirme en effet que « les particuliers privilégient de plus en plus souvent le rendement social et souhaitent donc investir dans des fonds durables - comme en témoigne la croissance exponentielle de l’actif sous gestion, mais aussi de notre part de marché, qui représente près de 30 % des fonds ISR. » Chez KBC, l’encours des fonds durables a été multiplié par quatre depuis 2015 et atteignait 10,4 milliards d’euros au 30 juin 2019, ce qui correspond à environ 12 % de l’actif géré au total par la banque - contre 7 % seulement il y a un an, et 2,6 % il y a trois ans. « La tendance est donc clairement positive, et nous tablons sur une poursuite de la hausse de l’actif sous gestion dans des produits ISR », affirme KBC

Chez Argenta aussi, les fonds durables représentent une part considérable de l’offre de placement. « Nous avons aujourd’hui 544 millions d’euros sous gestion dans nos fonds durables, pour un encours total de 4,76 milliards d’euros dans les fonds Argenta. » La banque commercialise actuellement quatre fonds durables contrôlés et certifiés par Forum Ethibel, pour lesquels elle a aussi demandé le nouveau label de durabilité. Elle a décidé il y a peu de rajouter un cinquième fonds à la gamme. 

Un lot de questions

Le vif intérêt des investisseurs pour les produits durables est relativement récent, et pose encore quelques défis. Argenta voit deux grands problèmes : « Il n’est pas toujours facile d’obtenir des données correctes et homogènes sur la politique durable d’une entreprise. Toutes les sociétés ne communiquent pas sur leur empreinte écologique - ou alors elles n’adoptent pas toutes la même base de calcul, ce qui rend les comparaisons difficiles. En outre, il n’y a pas de définition uniforme d’un produit durable. Les clients peuvent donc difficilement comparer les fonds durables – et le concept de durabilité est souvent utilisé à tort. L’Europe travaille sur une taxonomie et étudie la possibilité de travailler avec des écolabels. Mais pour l’instant, rien de concret n’a été mis en place. En tout cas, le nouveau label de durabilité est un pas dans la bonne direction. » 

ENCART :

« Le nouveau label de durabilité belge complète la taxonomie européenne. »

 

Depuis 18 mois, l’Europe travaille à la définition d’une taxonomie afin de déterminer quelles activités économiques contribuent positivement à certains objectifs environnementaux. 67 activités dans 7 secteurs industriels y sont aujourd’hui reprises. De nouvelles listes seront établies ces prochaines années pour d’autres objectifs (biodiversité, économie circulaire, pénurie d’eau…).
Pour Tom Van den Berghe, expert en durabilité pour Febelfin, « le nouveau label de durabilité belge complète la taxonomie européenne. Il décrit surtout les exigences minimales que doivent respecter les fonds d’investissement durables, sans toutefois définir précisément ce qu’est un investissement durable. La taxonomie européenne détermine quelles activités contribuent directement aux objectifs environnementaux, ce qui pourra par exemple servir de base, ultérieurement, à l’émission d’obligations vertes européennes. »

Author(s)
Target Audiences
Access
Limited
Article type
Article
FD Article
No