Fin 2018, les investisseurs s’attendaient à ce que la hausse des taux d’intérêt américains se poursuive. Mais le revirement de la politique monétaire de la Fed a été l’un des principaux facteurs qui ont fait grimper les marchés en 2019 et permis aux investisseurs de ne pas prêter attention à la faiblesse des bénéfices de la plupart des entreprises, écrit Keith Wade, chef économiste chez Schroders, dans son article intitulé Strategy note 2020: reality bites?.
Cette année, les investisseurs se rendent-ils compte que les prévisions de bénéfices restent maigrichonnes ? De plus, les marchés boursiers semblent déjà avoir intégré une reprise économique dans les cours. À défaut d’une augmentation significative de la liquidité et d’une revalorisation des marchés, il est vraisemblable que les rendements resteront limités durant cette année boursière.
L’assouplissement monétaire a éclipsé la faiblesse des bénéfices des entreprises
Si les investisseurs ont pu ignorer la faiblesse des bénéfices des entreprises en 2019, c’est parce que les marchés ont rebondi grâce à l’assouplissement de la politique monétaire appliqué par la Réserve fédérale américaine et par d’autres banques centrales. La Fed n’était pas seule à la manœuvre, puisque la BCE a également relancé l’assouplissement quantitatif. Au total, 56 banques centrales ont baissé les taux d’intérêt à 129 reprises.
Une politique monétaire plus large n’entraîne pas toujours une revalorisation des marchés. Lorsque la baisse des taux d’intérêt s’accompagne d’un tassement de la croissance, cela peut faire chuter les cours. Le Japon en est un bel exemple. La banque centrale japonaise mène une politique large, mais cela n’a pas induit une hausse des marchés boursiers parce que les prévisions de croissance ont diminué.
Deux facteurs ont fait grimper les marchés boursiers
Le retournement de situation dont les marchés boursiers ont bénéficié fin 2019 était dû à deux facteurs. Le premier est la capacité de résilience de l’économie américaine. Les dépenses de consommation ne présentent toujours aucun signe d’essoufflement. Elles soutiennent la croissance et ont aidé à surmonter les craintes de récession. Les dépenses des ménages pourraient être la bonne surprise de 2020 aussi.
Le deuxième facteur est la diminution des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine. La perspective d’un premier accord a contribué à apaiser la crainte d’une guerre commerciale totale. Les économistes de Schroders s’attendent à ce qu’en 2020, le président Trump se préoccupe plus des démocrates que des Chinois. Cela préluderait à un apaisement des tensions internationales. D’autres risques géopolitiques pourraient rester élevés, notamment en rapport avec le Moyen-Orient, Hong Kong et le Brexit.
Risques géopolitiques et prévisions de bénéfices en berne
Les prévisions de Schroders sont centrées sur une croissance régulière, une politique monétaire large et une détente dans les relations entre les États-Unis et la Chine. Ces éléments devraient avoir un effet positif sur les investissements à risque. Mais diverses menaces planent sur ce scénario favorable. Outre les risques géopolitiques, il y a le problème de la faiblesse des bénéfices des entreprises.
Malgré l’amélioration des prévisions de croissance de l’économie mondiale, les prévisions de bénéfices restent faibles aux États-Unis. Schroders prévoit une baisse des bénéfices des entreprises en 2020 et 2021 à cause de la pression croissante exercée sur les marges par la hausse des salaires. De plus, les marchés boursiers semblent avoir déjà intégré une reprise économique dans les cours. À défaut d’une augmentation significative de la liquidité et de nouvelles revalorisations, les rendements resteront sans doute limités. Dans l’ensemble, cela pourrait se traduire par une année plus modérée pour les marchés boursiers.
Les marchés boursiers pataugent
2020 sera-t-elle l’année où les investisseurs vont tenir compte des prévisions de bénéfices en berne ? Cela offrira aussi des opportunités aux entreprises qui affichent des perspectives de croissance saines, car elles surperformeront les entreprises cycliques. Les investisseurs doivent rechercher des thèmes porteurs de croissance dans un contexte difficile. Il suffira peut-être de laisser les marchés boursiers patauger, étant donné qu’il ne faut pas s’attendre à une concurrence des marchés obligataires.