Pour Laurence De Munter, stratège en investissement chez Securities De Munter, l’année 2024 est placée sous le signe des baisses de taux d’intérêt, ce qui rend les obligations à long terme intéressantes et permet aux actions sensibles à l’évolution des taux de faire leur retour.
« En 2024, nous nous attendons à ce que les banques centrales (et plus spécifiquement la Réserve fédérale, la BCE et la Banque d’Angleterre) réduisent leurs taux d’intérêt cette année. Par conséquent, les obligations à long terme libellées en dollars américains, en euros et en livres sterling sont intéressantes », déclare Laurence De Munter.
Les actions des secteurs sensibles aux taux d’intérêt, comme les services publics, les institutions financières et l’immobilier, se trouvent également dans une position avantageuse. « Dans l’ensemble, nous estimons que les actions sont solidement valorisées, sans être fortement surévaluées. » La stratège en investissement souligne que le mantra du higher for longer reste d’actualité. « Les taux d’intérêt vont baisser, mais ne reviendront pas aux niveaux extrêmement bas auxquels nous étions habitués. »
Selon Laurence De Munter, l’année 2024 sera également marquée par une augmentation des tensions géopolitiques. Elle fait ici référence aux conflits persistants en Ukraine, à Gaza et dans la mer Rouge. « Les tensions entre les États-Unis et la Chine semblent également s’aggraver. » Cette année, près de la moitié de la population mondiale se rendra aux urnes et tous les regards seront tournés vers les États-Unis, avec très probablement un second mandat pour Donald Trump. « Cela maintiendra la volatilité des marchés boursiers à un niveau élevé. »
Obligations d’entreprises de qualité
En ce qui concerne les obligations, Laurence De Munter préfère les emprunts à long terme, qui présentent un ratio risque-rendement attrayant. « Nous travaillons avec des lignes individuelles. Cela demande plus de travail, mais cela nous permet d’offrir des revenus réguliers à nos clients. Les obligations d’entreprise de haute qualité, de type investment grade, sont privilégiées. » Pour la plupart des clients, il s’agit d’obligations libellées en euros. « Celles-ci offrent un bon rendement. En achetant des obligations sous le pair, les clients bénéficient également d’un avantage fiscal. »
Selon la stratège en investissement, il existe également des options obligataires attractives aux États-Unis. « Tant au niveau des obligations d’entreprises investment grade que des obligations d’État. Les obligations d’État à 10 ans offrent un rendement de 4,29 %, ce qui en fait un investissement refuge. » Laurence De Munter se montre en revanche plus prudente en ce qui concerne le haut rendement. « Les spreads ou les marges de risque sont faibles, de sorte qu’il y a peu de compensation pour le risque supplémentaire. »
Pouvoir de fixation des prix
En ce qui concerne les actions, la préférence va aux États-Unis et à l’Europe. « Le marché américain n’est pas bon marché, mais la croissance économique est plus forte aux États-Unis qu’en Europe et les entreprises technologiques misent fortement sur l’intelligence artificielle. L’Europe connaît des problèmes de croissance, mais les actions y sont sous-évaluées. » Laurence De Munter souligne en outre que les années électorales sont généralement de bonnes années boursières. Pour la sélection des actions, l’accent est mis sur les entreprises de qualité dotées d’un pouvoir de fixation des prix.
L’Inde peut également être intéressante, mais les indices boursiers de ce pays émergent ont déjà fortement augmenté l’année dernière. Et la Chine ? « La Chine semble bon marché, mais elle est confrontée à de nombreux problèmes, tels que la crise de l’immobilier et de la dette, ce qui a rendu son évolution imprévisible. Mais le gouvernement chinois stimule également l’économie et les actions sont cotées très bon marché dans ce pays, ce qui pourrait les rendre à nouveau attrayantes. »
De plus, il reste de la place dans les portefeuilles pour l’or, via des trackers indiciels. « Cela afin de réduire la volatilité grâce à la faible corrélation de l’or avec les classes d’actifs traditionnelles. Cela nous permet également de nous préparer à une escalade des tensions géopolitiques », conclut Laurence De Munter.