L’ensemble des grandes classes d’actifs disposent de perspectives attractives pour 2023.
A l’occasion de la présentation de perspectives macroéconomiques et financières de Deutsche Bank, Zeynep Ozturk (Chief Investment Officer EMEA) a rappelé la forte correction intervenue en 2022 sur l’ensemble des grandes classes d’actifs, avec notamment la plus forte correction encaissée par les marchés obligataires depuis la seconde guerre mondiale. « Le niveau des marchés offre aujourd’hui des perspectives intéressantes pour les prochaines mois ».
Opportunités obligataires
Pour l’année prochaine, l’inflation devrait rester au centre des préoccupations des investisseurs. « Nous attendons à ce qu’un régime d’inflation plus élevé se mette en place, comparable à ce que nous avons vécu entre 1998 et 2014. Dans un tel contexte, les banques centrales vont probablement rester focalisée sur le maintien d’une rigueur dans la conduite de leur politique monétaires », avec des taux directeurs qui vont probablement rester plus élevés que les attentes actuelles des investisseurs.
Sur les marchés obligataires, Zeynep Ozturk pointe que les rendements ont déjà atteints les niveaux historiques moyens enregistrés entre 1998 et 2014, soit 4% pour la dette souveraine à 10 ans aux Etats-Unis, 6% sur la dette corporate investment grade aux Etats-Unis, et 4,5% sur la dette corporate investment grade en Europe. « Investir sur la dette d’entreprise de bonne qualité à l’heure actuelle ne revient plus à sacrifier la qualité pour avoir du rendement. Les fondamentaux du marché sont désormais solides, plus particulièrement pour la dette subordonnée financière ». Elle estime toutefois qu’il est encore prématuré de s’intéresser aux dettes plus risquées (à haut rendement) avant le milieu de l’année prochaine.
Zeynep Ozturk estime également que la surperformance prolongée du dollar sur le marché des changes est appelée à se terminer.
« Ces trois dernières semaines ont montré un retournement de tendance. Le cycle de relèvement du taux directeur de la banque centrale est désormais suffisamment intégré dans le niveau du billet vert ». Dans ce contexte, l’euro pourrait se stabiliser vu le maintien d’un niveau élevé d’inflation importée, avec un niveau moyen attendu de 1,05 dollar pour 1 euro durant l’exercice 2023. Cette tendance moins favorable au billet vert devrait profiter à l’or, qui pourrait retrouver un peu de hauteur durant les prochains trimestres, avec un niveau attendu autour de 1.850 dollar / once pour 2023.
Financières et émergents
Elle souligne que les marchés boursiers recèlent également de nombreuses opportunités, dans un contexte où les ajustements à la baisse des attentes bénéficiaires devraient rester modérés au vu de l’inflation persistante attendue pour les prochains trimestres. « Après l’ajustement des cours intervenus en 2022, les valorisations sont désormais raisonnables ».
Au niveau des différents marchés, elle pointe que les financières européennes constituent aujourd’hui une zone particulièrement délaissée des investisseurs, et particulièrement attractive d’un point de vue fondamental. « La solidité financière du secteur s’est fortement renforcée ces dernières années, les taux de défaut vont rester faibles, et les banques vont directement profiter de la hausse des taux d’intérêts. L’écart est aujourd’hui élevée entre le niveau des cours et l’évolution attendue de leurs bénéfices ».
Le secteur de l’infrastructure exposé sur la transition climatique et l’autonomie énergétique européenne est une autre zone du marché qu’elle apprécie. « Il s’agit d’une de nos plus fortes conviction à l’heure actuelle, qui n’est clairement pas encore pleinement intégrée dans le niveau des cours ». Les marchés asiatiques sont également fortement décotés, avec une dynamique de croissance qui va rester favorable d’un point de vue historique et par rapport au reste du monde. La sortie de la politique du zéro Covid en Chine pourrait constituer un facteur de soutien massif pour les actions chinoises en 2023 ».
Retour du 60/40
Le contexte actuel milite pour un retour de l’intérêt dans les stratégies mixtes de type 60% obligations /40% actions, au vu du niveau attractif pour les rendements obligataires et des valorisations raisonnables sur les marchés boursiers. Après avoir encaissé des performances parfois très négatives en 2022, les produits mixtes devraient être nettement mieux positionnés pour entamer la nouvelle année. « Nous sommes récemment redevenus neutre sur les actions, après avoir été sous-pondérés pendant l’ensemble de l’année écoulée ».