Beaucoup de valeurs opèrent un retournement. 2023 pourrait bien être l’image inversée de 2022. « Mais nous restons plutôt défensifs et axés sur la valeur. »
C’est ce que déclare Steven Vandepitte (photo), stratège chez ING Belgique. « Du moins pour les premières semaines, 2023 semble être l’image inversée de 2022. Nous n’en sommes qu’à trois semaines, mais nous nous gardons d’être trop bearish. »
Vandepitte cite différents éléments positifs qui ont conduit les marchés à aborder les premières semaines de la nouvelle année sur une note relativement positive, comme la douceur de l’hiver, la réouverture en Chine, la forte baisse des prix de l’énergie, ainsi que le fait que de nombreuses positions courtes n’ont pas encore été inversées. « Je pense que de nombreux investisseurs étaient sous-pondérés en actions, ce qui s’est maintenant transformé en véritable pain trade. Par conséquent, je pense que beaucoup de shorters doivent encore capitaliser et commencer à inverser leurs positions courtes. »
Vandepitte affirme qu’après un rallye de 10 % en quelques semaines seulement, les marchés boursiers s’approchent déjà de leur rendement annuel prévu. « La ‘Fear of Missing Out’ est présente sur les marchés boursiers depuis quelques années déjà et il semble que ce phénomène n’ait pas encore complètement disparu. Pour des raisons tactiques, il est donc préférable de ne pas être trop bearish sur les marchés boursiers. »
Actions
ING Belgique était neutre sur les actions. « C’est toujours le cas aujourd’hui. Nous sommes et restons défensifs et plutôt axés sur la valeur. Ce positionnement n’est pas remis en question. Nous ne sommes pas non plus favorables à la croissance, aux actions à duration longue en général et au secteur de la consommation discrétionnaire. Nous investissons par contre dans des petites capitalisations américaines et nous distançons quelque peu de l’indice large S&P 500, qui investit principalement dans les poids lourds de l’indice. »
L’accent est également mis sur les entreprises de qualité. « Nous envisageons principalement les entreprises ayant un solide un flux de trésorerie et résilientes en phase baissière, car il n’existe pas de définition univoque pour ces entreprises. »
Pour les revenus fixes, ING est neutre. L’accent est principalement mis sur la qualité et les meilleures catégories de rating. « Nous n’allons plus chercher dans le haut rendement, car nous nous attendons à un scénario économique de ralentissement », conclut Vandepitte.
Pivot
Dans une interview précédente réalisée en novembre, Vandepitte avait évoqué le pivot de la Fed.
« Tout le monde parle du pivot de la Fed : quand la banque centrale va-t-elle (enfin) relâcher la pédale et réduire le rythme de ses relèvements de taux d’intérêt, ou même recommencer à assouplir sa politique ? Le marché a développé un réflexe pavlovien. Mais à mon avis, il est complètement à côté de la plaque et c’est autre chose qui nous attend. Pour moi, il ne fait guère de doute que nous nous trouvons dans la dernière partie du cycle et que nous connaîtrons donc une récession. En Europe, nous y sommes probablement déjà, et aux États-Unis, ils vont y entrer. Et cette récession sera douloureuse. »
Vandepitte fait surtout référence au fait que les prévisions de bénéfices des analystes sont encore beaucoup trop élevées. « Ils sont encore trop positifs et leurs attentes ne correspondent toujours pas à une récession. Je pense que nous aurons d’abord un nouveau rallye sur les marchés actions, mais il s’agit à notre avis plutôt d’une occasion de prendre des bénéfices. »