Philippe Gijsels, BNP Paribas Fortis
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Les Big Tech ont dominé le marché boursier ces dernières années. « Après la forte correction, il s’agit de trouver le nouveau thème d’investissement », déclare Philippe Gijsels, stratégiste en chef chez BNP Paribas Fortis.

L’inflation élevée domine toujours la pensée des investisseurs. « Nous avons récemment vu une forte réaction positive aux chiffres de l’inflation qui se sont avérés légèrement inférieurs aux prévisions. L’espoir que nous ayons atteint le pic d’inflation se manifeste donc sur le marché », affirme Gijsels. 

Il estime cependant que nous devrons vivre encore un certain temps avec une inflation élevée. « La dernière grande vague d’inflation date d’après la Seconde Guerre mondiale. Elle est apparue dans les années 60 et 70 et s’est poursuivie jusqu’au début des années 80. Ensuite, le président de la Fed, Volcker, l’a maîtrisée et 40 années de désinflation ont suivi », explique Gijsels. Il considère donc qu’il est peu probable que l’inflation soit maîtrisée de sitôt. « Je pense plutôt que nous resterons coincés à 3-5 % d’inflation.  Une deuxième série de relèvement des taux par les banquiers centraux pourrait alors suivre. » 

Gijsels voit un certain nombre de signaux qui pourraient inciter à un optimisme (prudent). « L’inflation semble atteindre son pic. De plus, historiquement, les marchés se portent bien après les élections de mi-mandat, comme c’est le cas cette année. Novembre et décembre sont aussi généralement de bons mois pour le marché boursier », souligne-t-il. Selon lui, tous ces éléments pourraient être le signe avant-coureur d’un éventuel rallye de fin d’année. 

Les taux d’intérêt sont la gravité

« Dans le monde de l’investissement, les taux d’intérêt sont comme la gravité. Dans un monde où les taux d’intérêt sont extrêmement bas, voire négatifs, la gravité n’existe pratiquement pas. Il ne faut donc pas s’étonner que pratiquement tous les types d’investissements s’envolent », affirme Gijsels. Mais la hausse des taux d’intérêt a provoqué un retour de la gravité. Par conséquent, à peu près tous les types d’investissements ont subi une correction au même moment cette année. « Nous avons mal évalué l’Ukraine, je ne pensais pas qu’elle serait envahie. Mais nous avions déjà adopté une position prudente, en raison d’une éventuelle hausse des taux d’intérêt. »

Dans l’allocation actuelle des actifs, les obligations sont sous-pondérées. « Mais nous augmentons progressivement un peu notre exposition, tout comme la duration. On n’est jamais sûr d’avoir atteint le sommet des taux d’intérêt, mais nous commençons à atteindre un niveau permettant déjà obtenir un certain rendement », déclare Gijsels. La position en actions se situe dans le haut de la fourchette, de neutre à légèrement surpondérée. « Nous avons récemment racheté afin de pouvoir profiter d’un éventuel rallye de fin d’année. » Les liquidités restent sous-pondérées et les investissements alternatifs se situent autour de l’indice de référence. 

La répartition régionale est également assez classique. « Légèrement surpondérée en Amérique, neutre en Europe et toujours sous-pondérée sur les marchés émergents », précise Gijsels. Surtout pour les pays émergents, la prudence reste de mise. « La Chine en représente toujours une partie importante. Quand on voit que le marché boursier chinois se trouve au même niveau qu’il y a 30 ans, on sait ce qu’il y a à savoir. En fait, les marchés émergents affichent des performances inférieures à celles des marchés développés depuis 2007-2008. » 

D’un autre côté, ce creux relatif peut également présenter des opportunités. « Si les taux d’intérêt et le dollar cessent à un moment donné d’augmenter et que la démondialisation ne s’aggrave pas trop, on pourrait peu à peu commencer à se tourner vers les pays émergents. » Cependant, il souligne à cet égard que cela est bien entendu lié à une longue liste de conditions. « Je pense donc qu’il est encore un peu trop tôt pour cela aujourd’hui. La part croissante des pays émergents dans l’économie mondiale devrait à un moment donné certainement commencer à se traduire en termes de capitalisation boursière au cours des prochaines années. Mais ce n’est donc pas encore le cas pour le moment. »  

De nouveaux leaders se lèvent

Sur le marché boursier, les thèmes et secteurs d’investissement dominants alternent constamment. Ces dernières années, c’étaient les Big Tech qui avaient dominé le marché boursier et déterminé l’orientation. Après la forte correction du secteur, il semble que le moment de la relève soit venu. Les stratèges commencent donc à chercher le nouveau leader. « Pour moi, cela pourrait bien être le secteur des énergies alternatives », indique Gijsels.
Mais il observe qu’il est extrêmement difficile de le prévoir correctement. « Les investisseurs essaient d’analyser et de faire des estimations sur l’avenir. Mais au final, c’est toujours Monsieur Marché qui évalue et décide. Mais je pense que nous devons vraiment chercher un nouveau leadership. »
 

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