Dans le nouveau régime de taux d’intérêt plus élevés, d’inflation structurelle et de volatilité macroéconomique, les investisseurs devront être plus actifs et plus précis dans leur allocation d’actifs au cours des prochaines années. Le choix des bons secteurs, styles et thèmes déterminera le succès ou la perte. Sur la base de la croissance attendue des bénéfices et des valorisations actuelles, la technologie et les communications ne sont pas chèrement valorisées, en particulier aux États-Unis. La perception diverge parfois de la réalité.
L’année touche à sa fin et, sans surprise, nous pouvons affirmer que 2023 aura été une année étrange, mais excellente pour les investisseurs… ou du moins, certains. Ceux qui détiennent principalement des entreprises de qualité et des actions de croissance dans leur portefeuille termineront l’année en beauté. L’indice MSCI World Sector Neutral Quality a gagné 16,86 % cette année (au 27 novembre). L’indice MSCI World IMI Growth a quant à lui progressé de 25,04 %.
Les secteurs plus défensifs, tels que l’alimentation, les boissons, la santé, les entreprises liées aux matières premières et les petites capitalisations sont en revanche à la traîne. La dispersion mutuelle est clairement visible dans l’écart historiquement important entre l’indice S&P 500 pondéré en fonction de la capitalisation boursière et l’indice S&P 500 équipondéré. Cette tendance se poursuivra-t-elle en 2024 ?
Pour répondre à cette question, deux facteurs sont importants : la valorisation et les prévisions de croissance des bénéfices. Le fournisseur de données Factset publie régulièrement les prévisions de bénéfices d’analystes, tant pour l’ensemble de l’indice S&P 500 que pour les différents secteurs. Au 10 novembre, les analystes prévoyaient une croissance des bénéfices de 3,2 % (en glissement annuel) pour le S&P 500 au quatrième trimestre 2023, contre +4,1 % au troisième trimestre. L’on sait que le cycle boursier anticipe de six à neuf mois le cycle économique, c’est pourquoi les prévisions pour le premier et le deuxième trimestre de l’année prochaine sont très importantes. Et celles-ci sont à la hausse : +6,7 % pour le premier trimestre 2024 et +10,5 % pour le deuxième trimestre 2024. Malgré les indicateurs récents signalant un léger ralentissement économique aux États-Unis, on observe que les marges bénéficiaires se maintiennent assez bien et que les bénéfices augmentent à nouveau de manière plus soutenue.
Les secteurs qui brillent
Tout comme cette année, il sera essentiel pour les investisseurs de tenir compte de la croissance attendue des bénéfices dans les différents secteurs. Sans surprise, la technologie et les communications enregistreront de bons résultats aux États-Unis l’année prochaine également.
Au premier trimestre, les analystes de Factset s’attendent à ce que les télécommunications (+19,9 %), les biens de consommation cycliques (+16,5 %) et la technologie (+15,2 %) enregistrent la plus forte croissance des bénéfices en glissement annuel. En revanche, les entreprises du secteur de l’énergie et des matières premières verront leurs bénéfices diminuer de manière significative. Pour la période d’avril à juin, le tableau est cependant quelque peu différent. Les secteurs de la santé et de l’énergie se distinguent avec une croissance attendue des bénéfices de 23,5 % et 21,3 %, respectivement. Les services de communication occupent la troisième place avec une croissance des bénéfices de 16,5 %.
Selon l’autre grand fournisseur de données, Refinitiv, les prévisions de bénéfices IBES (Institutional Brokers’ Estimate System) pour l’ensemble de l’année 2024 présentaient au 16 novembre une image similaire. Les secteurs de la santé, des communications, de la technologie et des biens de consommation cycliques enregistrent les plus fortes augmentations. Une plus faible croissance des bénéfices est attribuée aux biens de consommation non cycliques, à l’énergie, aux matières premières et aux services financiers.
Ratio PEG
Les prévisions de croissance des bénéfices constituent un élément important dans la détermination de l’allocation tactique dans les secteurs, styles ou facteurs. L’autre paramètre est la valorisation, la mesure dans laquelle les prévisions de bénéfices futurs sont déjà intégrées dans les prix. Un indicateur intéressant, mais moins connu, est le ratio PEG (Price Earnings Growth), c’est-à-dire le ratio cours/bénéfice divisé par la croissance attendue des bénéfices. On peut utiliser aussi bien les données historiques que les attentes futures au numérateur et au dénominateur. Souvent, on utilise la croissance attendue des bénéfices pour les cinq années à venir. Plus le ratio PEG est élevé, plus la valorisation est chère. Un ratio inférieur à 1 est plutôt favorable, tandis qu’un ratio supérieur à 2,5/3 est à éviter.
Malgré la perception d’une forte valorisation en raison des importantes hausses de cours cette année, le secteur des technologies de l’information dans son ensemble n’est pas chèrement valorisé. Au 16 novembre, le ratio PEG des secteurs des communications, de la technologie, de la finance et de l’industrie était inférieur à 1,5. Le secteur des services de communication se situait même en dessous de 1.
Cependant, il convient de noter que les investisseurs doivent tenir compte de la nature dynamique des prévisions des bénéfices et des valorisations. Début janvier, la situation pourrait être totalement différente. Même avec des composants passifs, investir reste un verbe d’action.