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Karen Ward pointe les améliorations des conditions économiques et institutionnelles en Europe, avec une inflation qui devrait rapidement refluer durant les prochains mois. La transition énergétique constitue une opportunité séculaire pour les investisseurs. 

JPMorgan Asset Management tenait sa conférence annuelle pour les médias européens cette semaine à Londres. A cette occasion, Karen Ward (Chief Market Strategist pour l’Europe) a répondu aux principales questions que se posent actuellement les investisseurs. « Leur première interrogation concerne le risque d’avoir une récession durant les prochains mois. Au début 2023, nous attendions une récession aux Etats-Unis en raison de la politique de la Réserve Fédérale, tandis que l’Europe faisait face à un risque lié à la hausse des prix de l’énergie ». 

« Depuis, certains de ces risques ne se sont pas matérialisés, notamment pour l’Europe qui a très bien géré son problème d’approvisionnement. Les ménages et les industries ont été beaucoup plus économes que prévu, avec un hiver qui n’a pas été trop rigoureux ». Elle souligne que le niveau des stocks est aujourd’hui significativement supérieur au niveau de l’année passée à la même période, et que la région devrait en conséquence ne pas avoir de problème pour l’hiver 2023/2024. 

Incertitudes bancaires

Quant à l’impact des remous actuellement traversé par le secteur bancaire, elle pointe qu’il est encore difficile d’avoir totalement confiance quant à une sortie de crise, mais que les marchés interbancaires sont encore loin d’être tendus et que les banques centrales ont été rapide pour circonvenir des problèmes potentiels. « Nous aurons peut-être de nouvelles règlementations, et un resserrement des conditions financières aux Etats-Unis avec un impact sur la croissance économique ». 

Elle estime qu’après la hausse du taux directeur annoncée ce mercredi, la Réserve Fédérale pourrait se mettre en pause, avec des signes de ralentissement qui devraient devenir plus apparents. « La situation actuelle est différente de celle que nous avions en 2008. Il n’y a pas d’exagération au niveau économique et immobilier, avec des ménages qui sont moins endettés et un secteur financier qui est mieux capitalisé. Dans l’ensemble, le système est nettement moins vulnérable ». 

Inflation sous contrôle

Au niveau des pressions inflationnistes, elle s’attend à que la hausse des prix commence à s’inverser rapidement durant les prochains mois, car plusieurs éléments sont aujourd’hui en train de se retourner. « Sur le long terme, l’inflation devrait toutefois se stabiliser vers des niveaux plus élevés qu’auparavant », notamment en raison de la tension persistante sur les marchés du travail, et d’un changement dans les facteurs qui avaient maintenus les prix des biens sur des niveaux très bas durant les trente dernières années. 

« Il y a toutefois quelques signes d’une stabilisation de la croissance des salaires aux Etats-Unis, ce qui nous incite à penser que nous avons probablement dépassé le sommet de l’inflation américaine ». En Europe, elle s’attend à ce que l’inflation recule fortement durant les prochains mois. 

« Une autre interrogation actuelle des investisseurs concerne la croissance chinoise. Nous pensons que les consommateurs dans ce pays ont accumulé beaucoup d’épargne durant les dernières années, avec une accélération économique qui devrait être plus rapide qu’attendu alors que l’inflation reste sous contrôle. Et dans le même temps, le marché chinois reste encore 50% en dessous de ses sommets historiques en dépit du rebond de ces derniers mois ». 

Value européenne

Dans ce contexte économique, Karen Ward souligne que la rotation entre la value et la croissance devrait se poursuivre dans un environnement qui sera caractérisé par une inflation structurellement plus élevée. « La surperformance récente de l’Europe s’explique principalement par une composition sectorielle qui est beaucoup plus favorable dans le cadre du mouvement vers la value, et plus particulièrement vers le secteur financier ». 

« Durant les trois dernières années, la région s’est fortement améliorée d’un point de vue institutionnel suite à la pandémie et l’invasion de l’Ukraine, avec un environnement beaucoup plus ouvert à une union fiscale en supplément d l’une union monétaire. C’est une fondation plus solide pour permettre une croissance économique plus solide dans le futur, et je ne pense pas que les investisseurs globaux aient déjà intégré ce scénario dans leurs allocations ». 

Au niveau des valeurs de la croissance, elle estime qu’il faudra désormais préférer les sociétés ayant des performances opérationnelles qui justifient une valorisation plus élevée. « Il faudra clairement être plus sélectif sur ce segment que par le passé ». 

Pour les thématiques d’investissement, elle pointe que les investissements massifs qui vont se diriger vers la transition énergétique constitue une opportunité séculaire que les investisseurs ne doivent surtout pas négliger. « C’est dans cette thématique que se trouvent aujourd’hui les principales opportunités sur les marchés boursiers ». 

Retour en grace

Enfin, Karen Ward souligne la forte remontée des fondamentaux sur les marchés obligataires. « Je ne m’attends pas à un mouvement aussi violent durant les prochains trimestres. Il y a trois ans, 90% des émissions souveraines offraient un rendement en dessous de 1%, contre moins de 20% aujourd’hui. Cette classe d’actifs a aujourd’hui retrouvé son rôle de protection et de diversification dans les portefeuilles ». 
 

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