Arnaud Delaunay (Leleux Associated Brokers) s’attend à un début d’année difficile sur les marchés financiers, avec un ralentissement économique qui va se marquer plus fortement et des résultats qui vont progressivement décevoir. Les actions de qualité devraient néanmoins tirer leur épingle du jeu durant la phase de correction.
Contrairement à nombre de ses confrères, Arnaud Delaunay (Chef économiste chez Leleux Associated Brokers) ne s’attend pas au retour d’une croissance plus soutenue au début de l’année prochaine. « Il y a désormais une perte du momentum économique un peu partout dans le monde, avec 50% des pays de l’OCDE qui sont d’ores et déjà entré dans une phase de ralentissement économique ». La Belgique est traditionnellement un pays qui anticipe le cycle en raison de son économie extrêmement ouverte sur le commerce international, et les dernières statistiques publient confirment le caractère précoce dans le cycle de notre pays.
Marges bénéficiaires
« En outre, lorsque les taux réels tombent sur des niveaux aussi bas que ces derniers mois, il s’agit généralement d’un signal précurseur pour de grands bouleversements sur les marchés financiers », comme durant les chocs pétroliers des années 70, durant la crise des dot.coms, ou encore en 2007-2008. « Ceci indique clairement que les prix payés pour les actifs financiers sont faux à l’heure actuelle, et qu’il faut anticiper un retour à la normale et une hausse de la volatilité sur les marchés financiers pour les prochains mois ».
Et dans le même temps, il souligne que l’inflation (et notamment les prix pour la production industrielle) atteint aujourd’hui des sommets jamais observés durant les dernières années, en raison des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement. « La rentabilité des entreprises est au sommet sur les dix dernières années, et elles n’ont pas encore encaissé la hausse des coûts sur leurs marges bénéficiaires ».
Résultats
« Nous rentrons dans une période où le risque de stagflation va être présent. Dans ce contexte, le préfère rester prudent sur le secteur bancaire et sur les producteurs d’automobiles, qui ont traditionnellement un comportement décevant durant les phases économique plus délicates ». Il souligne également que le niveau des emprunts pour acheter des actions est aujourd’hui sur un niveau très élevé aux Etats-Unis, « ce qui signifie que la tendance actuelle est particulièrement vulnérable à un retournement de tendance ».
Il s’attend donc à un ralentissement économique plus marqué que les attentes très optimistes du marché, et à un retour des profits warnings pour les deux premiers trimestres de l’année prochaine. « Une correction est probable au début de l’année prochaine, mais les actions restent difficilement contournables dans les portefeuilles. Il faudra toutefois attendre la correction avant de revenir plus franchement sur les marchés ».
Actions de qualité
Dans ce contexte, Arnaud Delaunay estime qu’il faut actuellement préférer les actions de haute qualité qui sont en mesure de répercuter la hausse de leurs coûts vers les clients, ainsi que les ETF sur certains secteurs comme la santé. Il a également publié une liste de 20 actions recommandées au niveau mondial, un ensemble de blue chips solides financièrement, valorisées de manière attractive, et qui permettent de constituer un portefeuille diversifié disposant de bonnes perspectives de croissance sur le long terme.
Par rapport à la liste de l’année dernière, six nouvelles valeurs font leur apparition avec un fort accent sur les thématiques de durabilité et de transition économique, avec NextEra Energy (énergies renouvelables), Fedex (livraison de colis), Teleperformance (services aux consommateurs), Intercontinental Exchange (service financiers), Sika (chimie fine) ou encore Vonovia (immobilier résidentiel allemand). Les 14 valeurs qui font leur retour sont Merck, Roche, Sanofi, SAP, Schneider Electric, Visa, Allianz, Deutsche Telekom, Nestlé, Royal Dutch, Air Liquide, Comcast, Walmart et Aedifica comme seul représentant belge de cette liste.