Matthew Siddle
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Les actions de croissance sont maintenant relativement chères, car les valorisations d’un nombre limité d’entreprises en croissance ont monté en flèche. « Les investisseurs ont récompensé excessivement les sociétés affichant des flux de trésorerie et une croissance des bénéfices stables. En effet, ils veulent tous investir dans ces entreprises. »

Tel est ce qu’a déclaré Matthew Siddle, gestionnaire du Fidelity European Growth Fund, lors d’un entretien avec Investment Officer.

Une croissance stable des bénéfices est devenue une denrée rare en Europe, c’est pourquoi ces entreprises sont solidement récompensées, explique Siddle. Jusqu’il y a quelques années, le gestionnaire de fonds investissait lui-même pleinement dans des sociétés « telles que L’Oréal », mais il les trouve maintenant trop chères.

Long terme

« Je recherche un équilibre entre la qualité du modèle économique d’une entreprise et la valorisation qui y est associée. J’ai une préférence pour les entreprises qui convainquent moins les investisseurs mais offrent de bonnes perspectives à long terme. » 

Les investisseurs sont encore souvent aveuglés par le court terme, estime Siddle, qui préfère donc investir dans des sociétés qui ne sont pas nécessairement très rentables actuellement mais ont le potentiel de le devenir. « Je ne cherche pas une croissance rapide, mais des entreprises qui créent de la valeur à long terme.» 

Le Britannique affiche donc une préférence pour les entreprises visant un horizon à long terme, dont les flux de trésorerie sont relativement éloignés dans le temps. Ces entreprises devraient tirer un certain bénéfice d’une politique monétaire plus large, exactement comme l’a annoncé la BCE la semaine dernière. En effet, les taux d’intérêt restent plus longtemps à zéro et les entreprises peuvent continuer plus longtemps à emprunter de l’argent bon marché.

Bond proxies

Siddle : « Si le marché est convaincu que le ralentissement actuel de la croissance peut être inversé par un stimulus monétaire, les entreprises en croissance réelle, y compris celles affichant des valorisations élevées, surperformeront le marché. Mais les entreprises cycliques surperformeront elles aussi. »

Les bond proxies en feront alors les frais, prévoit Siddle. Selon lui, toutes les actions à dividende stable ne relèvent donc pas de ce label. « Ce sont principalement les entreprises de télécommunications et les services publics que je considère comme des bond proxies, parce que leur performance est fortement liée à celle d’obligations. Or les entreprises de ce genre ne connaissent pas une croissance rapide et ne sont pas particulièrement rentables non plus. »

SAP

La société informatique allemande SAP est pour Siddle un exemple d’entreprise dont les perspectives de croissance à long terme sont plus favorables que les estimations du marché. Le potentiel de croissance de cette entreprise, la plus grande surpondération du Fidelity European Growth Fund, est sous-estimé par le marché.

« SAP a une valorisation inférieure à celle de ses pairs parce qu’elle est toujours perçue comme une entreprise excellant principalement dans la fourniture de logiciels aux entreprises sur site, un marché qui n’est plus en croissance. »

« Les investisseurs s’inquiètent encore de savoir si SAP peut passer à la technologie cloud. Mais ils ont déjà une des plus grandes entreprises de cloud computing du monde, qui connaît en outre une croissance de 30% par an. Mais curieusement, les investisseurs ont encore le sentiment qu’il s’agit d’une entreprise de l’ancienne économie. »

Le scepticisme des investisseurs peut également être lié au fait que la rentabilité de l’activité cloud de SAP est toujours en retard par rapport à celle de concurrents tels qu’Amazon, Apple et Microsoft, qui ont commencé plus tôt.

« Mais il faut un peu plus de temps pour gagner de l’argent avec des services cloud qu’avec la vente de licences logicielles », explique Siddle. « En principe, la première année est déficitaire, car il faut supporter tous les frais de vente. Cependant, en tant qu’entreprise, vous ne vendez plus de licence, mais concluez un contrat de service pluriannuel. Par conséquent, vous rentrez moins d’argent la première année qu’avec l’ancien modèle. Tous les investisseurs n’en semblent pas pleinement conscients. »

En fait, en raison des contrats à long terme pour les services cloud, SAP devrait même être encore plus fortement valorisée qu’auparavant, estime Siddle. « En effet, les investisseurs ont une préférence pour les revenus stables à long terme. Et avec ce modèle, ils les reçoivent. » 

Aussi dans les banques

Le fonds de Siddle n’investit pas seulement dans les secteurs traditionnels de croissance tels que la santé, la technologie et les biens de consommation de luxe. Avec une allocation de 15 %, les services financiers occupent également une place importante dans le portefeuille. « Nous avons peu de raisons d’investir dans les banques de la zone euro, et investissons principalement dans des sociétés telles que Prudential et Axa, qui ont une importante branche assurance, notamment en Asie, et sont actives dans l’asset management. » 

Cependant, le top 10 de son fonds comporte également une banque, mais extérieure à la zone euro : la banque norvégienne DNB. Siddle : « DNB est plus rentable que les banques de la zone euro et son portefeuille de prêts connaît une croissance de 3 à 6 % par an, sans qu’elle bénéficie d’une valorisation plus élevée. » 

Le principal niveau de taux d’intérêt est avec 0,75 % nettement plus élevé en Norvège que dans la zone euro, ce qui permet aux banques norvégiennes de réaliser plus facilement un bénéfice sur les prêts. En outre, la banque centrale norvégienne a récemment commencé à relever les taux d’intérêt et prévoit de continuer à le faire cette année ainsi que l’année prochaine.
 

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