« Nous nous concentrons sur les entreprises ayant une forte capitalisation boursière et une bonne cote de crédit. À cet égard, nous recherchons des entreprises suffisamment diversifiées et offrant de bonnes perspectives de croissance », explique Bram Vanhevel, analyste chez Leleux Associated Brokers.
Ils examinent tout d’abord la santé financière de l’entreprise. « Un modèle d’entreprise solide est très important pour nous. Nous nous concentrons principalement sur les entreprises ayant une forte capitalisation boursière et une bonne note de crédit, les fameuses blue chips. »
Ils vérifient également si les entreprises offrent un bon niveau de diversification dans leur modèle d’entreprise. « Pensez aux entreprises présentant une large répartition géographique de leurs activités, ainsi qu’aux entreprises qui proposent plusieurs produits et ne dépendent pas d’un seul. »
Enfin, les perspectives de croissance sont également prises en compte. « Nous ne sélectionnons que des entreprises ayant de bonnes perspectives de croissance. Elles doivent être évaluées de manière réaliste. Cela ne signifie pas qu’elles doivent être extrêmement bon marché, mais nous ne voulons pas d’entreprises ayant un ratio cours/bénéfice astronomique », explique Vanhevel.
Exemples internationaux
Louis Vuitton Moët Hennessy (LVMH) en est un exemple. « Il s’agit d’un titre doté d’une structure financière solide et d’un ratio d’endettement très raisonnable. Le secteur du luxe réalise typiquement des marges bénéficiaires très élevées. LVMH est une des entreprises les plus rentables de son secteur. Les perspectives de croissance sont également bonnes, car LVMH affiche presque chaque année un chiffre d’affaires record. L’augmentation du nombre de personnes très fortunées (high-net-worth individual) dans le monde favorise encore davantage LVMH. »
Un autre exemple est le producteur de jeux vidéo Electronic Arts (EA). « EA est une entreprise dotée d’une très bonne structure financière, avec plus de liquidités que de dettes. Ses perspectives d’avenir sont bonnes également. Le secteur subit une correction après la forte croissance due à la pandémie de Covid-19, mais nous avons des raisons de penser qu’il s’agit d’un phénomène temporaire. Nous nous attendons à ce que la dynamique s’accélère avec l’essor du ‘cloud gaming’. Ce faisant, on s’oriente vers un modèle Netflix pour les jeux vidéo, avec deux conséquences principales à la clé. D’une part, la facilité d’utilisation pour les gamers augmentera. D’autre part, on touchera un tout nouveau segment de clients. Le gaming est un loisir coûteux, mais le ‘cloud gaming’ abaisse cette barrière », explique Vanhevel.
Favori belge
Invité à citer un exemple belge, l’analyste choisit le holding Groupe Bruxelles Lambert (GBL). « Les investisseurs achètent ainsi un holding bien diversifié dont les principales positions sont Adidas, Pernod Ricard et SGS. Actuellement, le holding se négocie avec une décote de pas moins de 36 %, ce qui constitue pour nous une anomalie. Il existe un certain nombre d’explications standard pour justifier pourquoi les holdings peuvent se négocier avec une décote, mais selon nous, elles ne s’appliquent pas à GBL. »
Vanhevel souligne qu’un grand nombre de petites valeurs belges se retrouvent malheureusement exclues. « Nous constatons souvent que la liquidité est limitée et que ces actions ne sont donc pas suffisamment négociables. En outre, de nombreuses petites actions belges ne sont plus suivies par les analystes, ce qui rend leur analyse particulièrement chronophage. Il est regrettable que ces actions tombent sous le radar. De plus, le marché boursier belge compte de nombreuses entreprises de biotechnologie qui dépendent d’un seul produit, ce que nous préférons éviter », déclare Vanhevel.
Tesla sous la loupe
Dans un rapport récent, Vanhevel déclarait que Tesla ne doit pas être considérée comme une entreprise technologique. « Tesla a certainement des atouts, comme ses bonnes marges bénéficiaires et ses dettes plutôt limitées. Mais je considère qu’en tant qu’analyste financier, il est de mon devoir de faire en sorte que les investisseurs gardent les pieds sur terre. J’ai l’impression qu’il existe beaucoup d’idées fausses sur Tesla. »
À cet égard, Vanhevel explique que de nombreuses personnes considèrent Tesla comme une entreprise technologique, alors qu’elle reste en réalité un constructeur automobile. « C’est le cœur de mon argumentation. En effectuant quelques recherches, on constate que Tesla ne dépense pas exceptionnellement beaucoup en recherche et développement. Beaucoup d’autres constructeurs automobiles y consacrent même plus de moyens. Ceux qui suivent l’entreprise de près ont une bonne perception de la culture d’entreprise. Chez Tesla, j’ai l’impression que l’excès de confiance en fait partie intégrante. On observe un schéma répétitif avec de grandes promesses, qui ne sont cependant pas tenues par la suite. Cela risque de faire dérailler les attentes des investisseurs », conclut Vanhevel.