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Bien que les banques belges souhaitent investir davantage dans la biodiversité, elles éprouvent des difficultés à trouver les produits adéquats pour le faire. Le concept de biodiversité est flou et les fournisseurs ne précisent pas suffisamment les objectifs qu’ils poursuivent et la manière dont ils peuvent être mesurés. 

Les réglementations en matière de développement durable exigent des gestionnaires d’actifs et des banques qu’ils tiennent compte d’une liste de facteurs de développement durable, sur lesquels ils doivent également rendre compte. Une grande partie de ces facteurs concerne la biodiversité, ce qui a suscité une grande attention de la part des banques et des gestionnaires d’actifs, ainsi que des fournisseurs. 

Evy Mercie, qui est responsable ESG chez Nagelmackers et a une longue expérience en tant que sélectionneur de fonds, ne pense pas qu’il s’agisse d’un sujet évident, a-t-elle déclaré à Investment Officer. Il s’agit d’un sujet intéressant, mais qui n’en est encore qu’à ses balbutiements. De plus, il s’agit d’une niche dans l’ensemble de l’histoire du développement durable. Pour l’instant, nous n’avons pas d’exposition matérielle à ces fonds ou au thème en tant que tel. Nous optons pour des fonds d’impact avec une approche multithématique. Toutefois, nous suivons de près le sujet et examinons les opportunités d’investissement potentielles à l’avenir».

Belfius

Nicolas Deltour, responsable de la mise en œuvre de la stratégie d’investissement chez Belfius Banque, a également du mal avec le sujet : «Il s’agit certainement d’un défi social. Cependant, à ce jour, il me semble encore compliqué de mettre en place un fonds autour de ce thème car la biodiversité est difficile à mesurer, les données manquent, etc. On ne peut pas l’exclure, mais cela demande des analyses particulières, des processus particuliers. Cependant, nous avons déjà dans notre portefeuille des stratégies qui contribuent à la protection indirecte de la biodiversité : réduction du CO2, énergie verte, réduction des déchets, économie circulaire, recyclage de l’eau, etc. Actuellement, nos clients soucieux de l’environnement le font par le biais de ces stratégies.

Pas encore

Selon Peter Pauw, conseiller principal en fonds chez ABN Amro, certains fonds pourraient convenir, mais leur univers d’investissement est très restreint et souvent moins liquide. Nous pensons que cela signifie qu’ils doivent déployer trop d’efforts pour mettre de côté des montants plus importants de l’argent des investisseurs. C’est pourquoi nous n’investissons pas dans ces fonds, ou pas encore. 

D’autres fonds ne sont pas assez stricts au goût d’ABN Amro, selon M. Pauw. En ce qui nous concerne, le concept de biodiversité est parfois trop étendu». Moennasing de Rabobank, qui a reçu plusieurs fournisseurs récemment : «Je suis tombé sur un produit dont le plus gros investissement est une entreprise de mode, alors que l’industrie de la mode est l’un des segments les plus polluants. Comment allez-vous expliquer cela au client, que vous avez une entreprise de mode comme principal investissement, alors que vous recherchez la biodiversité ?

Même les fonds qui s’engagent à accroître la biodiversité peuvent susciter des discussions au sein de la banque. Pauw : «Comme pour l’investissement durable au sens large, l’investissement dans la biodiversité a de multiples facettes. Par exemple, si un fonds investit dans une société qui investit dans des fermes piscicoles, est-ce que c’est bon pour la biodiversité ?

Un marché en développement

Selon M. Pauw, le secteur a besoin de temps. Pour l’instant, les modèles de revenus des entreprises spécialisées dans la biodiversité sont encore difficiles à mettre au point, et le marché commence à peine à se développer. Qui gagnera de l’air pur ? En fin de compte, nous tous, mais qui va payer pour cela ? Il fait la comparaison avec les droits d’émission, dont le prix a grimpé en flèche ces dernières années. 

Dans le Privium Sustainable Impact Fund, un fonds FGR d’ABN Amro, il y a par exemple un fonds forestier qui crée des forêts dans les régions anglaises qui ne seraient pas utilisées autrement. Pauw : «Ce type de replantation permet d’accroître la biodiversité. Entre-temps, ils capturent du CO2, ce qui leur permet de vendre des droits d’émission. En fin de compte, ils peuvent donc gagner de l’argent grâce à la biodiversité. Si le gouvernement décide d’investir davantage dans des forêts saines ou de donner de l’argent aux agriculteurs s’ils favorisent la biodiversité, alors il y aura un modèle de revenu».

Rishma Moennasing, de Rabobank, pense également que le secteur a encore «beaucoup à développer». Par exemple, en ce qui concerne les objectifs d’impact visés par les fonds, car elle estime qu’ils ne sont pas suffisamment concrets pour l’instant et qu’une classification au titre de l’article 9 ne semble pas toujours justifiée. Pour l’instant, Rabobank se concentre donc sur la biodiversité en tant que sujet d’engagement. Avec les entreprises dans lesquelles nous investissons, nous discutons de la manière dont elles gèrent la biodiversité et de ce qu’elles pourraient améliorer. Cela correspond mieux à ce thème que d’investir directement dans ce domaine. C’est ce que je dis pour l’instant. 

Une autre option consiste à investir dans des produits qui investissent directement dans des projets de biodiversité. Bien que la classification au titre de l’article 9 soit souvent justifiée dans ce cas, un autre problème se pose selon Moennasing : «Il s’agit souvent d’investissements non liquides. Il s’agit souvent d’investissements illiquides, avec une position de trésorerie élevée pour fournir une sorte de liquidité fictive. Et n’oublions pas les doubles coûts. Vous payez le gestionnaire - le fournisseur - mais ce dernier peut investir dans d’autres gestionnaires, ce qui entraîne également des frais. La question est donc de savoir quel rendement il vous reste après les frais. Et pour mesurer l’impact des résultats obtenus, la qualité et la disponibilité des données sous-jacentes de ce type d’investissements doivent être améliorées.

Cet article est une adaptation d’un article publié précédemment par Investment Officer Netherlands. 

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