Le fonds de L&G, qui investit dans des obligations de marchés émergents, détient une proportion relativement élevée d’obligations à haut rendement en portefeuille. « La croissance économique demeure robuste, les taux d’intérêt baissent et le risque de défaut de paiement continue de diminuer. Par conséquent, les rendements effectifs, relativement élevés sur les marchés émergents, vont refluer. »
Lors d’un entretien avec Investment Officer, Uday Patnaik (photo), responsable de la division Emerging Markets Debt chez Legal & General Investment Management, constate que la dette des marchés émergents (EMD) a traversé une période difficile en raison de la hausse des taux d’intérêt et de quelques défauts de paiement, notamment dans le secteur immobilier chinois. Cependant, comparées à d’autres catégories d’obligations, les obligations des marchés émergents ne se sont pas si mal comportées.
Uday Patnaik gère le fonds L&G Emerging Markets Bond (LU2004399882), dont l’indice de référence est composé à 50 % d’obligations d’État et à 50 % d’obligations d’entreprise émises en devises fortes. Entre juillet 2019 et juin 2024, l’indice de référence a progressé de 1,0 %, tandis que les obligations d’entreprise de catégorie investment grade émises en euros ont reculé de 0,9 % et les obligations d’État américaines, de 0,5 %. Les obligations américaines à haut rendement ont quant à elle affiché une hausse de 3,9 %.
Sur la même période, le fonds a enregistré un rendement annualisé agrégé de 2,2 %, surpassant ainsi son indice de référence. Uday Patnaik se montre optimiste pour l’avenir : « Au cours des 20 dernières années, la Fed a initié quatre cycles de baisse des taux d’intérêt. Lors de trois de ces cycles, les obligations des marchés émergents, qu’elles aient été émises en devises fortes ou locales, ont généré un rendement positif. »
Malgré la faiblesse de l’économie chinoise, la croissance économique attendue dans les pays émergents surpasse toujours d’environ 2,5 % celle des économies développées. De plus, le risque de défaut de paiement des principales économies émergentes au cours des deux prochaines années demeure faible, déclare Uday Patnaik. Il souligne également que le secteur des entreprises est en bonne santé : « La majorité des restructurations dans le secteur immobilier chinois sont désormais derrière nous, et nous estimons que le taux de défaut de paiement sur les obligations d’entreprises des marchés émergents restera largement en dessous de la moyenne historique de 3,8 %. »
Surexposition aux obligations à haut rendement
Dans ce contexte, il anticipe un rendement total de 7 à 9 %, en dollars américains, pour l’indice de référence au cours des 12 prochains mois. Cette projection est basée sur le rendement effectif actuel d’environ 7,5 % pour les obligations d’État et de 6,5 % pour les obligations d’entreprises, tandis qu’une baisse des taux d’intérêt à dix ans aux États-Unis devrait permettre une nouvelle hausse des cours.
En cas d’atterrissage en douceur de l’économie américaine, le dollar ne devrait se trouver que légèrement sous pression, anticipe Uday Patnaik. « Une faiblesse du dollar est généralement favorable aux spreads des obligations des marchés émergents, mais ces derniers se sont déjà réduits et devraient rester stables dans notre scénario de base. Si les primes de risque diminuent d’environ 25 points de base, on pourrait déjà envisager des rendements à deux chiffres pour les obligations d’État des marchés émergents émises en devises fortes. Nous avons observé quelques défauts de paiement, et différents pays, comme la Zambie, le Ghana et le Sri Lanka, sortent à présent de leur restructuration, ce qui contribue à réduire les spreads. »
Le fonds est investi à 60 % en obligations à haut rendement et à 40 % en obligations investment grade. « Depuis la mi-janvier, nous avons augmenté l’exposition au haut rendement, un choix qui s’est révélé payant. Les taux d’intérêt américains à long terme devraient probablement continuer à baisser, tandis que la croissance reste provisoirement à un bon niveau tant aux États-Unis que dans les pays émergents. De plus, les défauts de paiement sont très faibles. Par conséquent, les rendements relativement élevés des obligations des marchés émergents vont diminuer. »
Des opportunités en Inde
Uday Patnaik identifie les principaux risques au niveau géopolitique, avec une possible escalade des conflits au Moyen-Orient et en Ukraine, ainsi que la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Une récession chez l’Oncle Sam aurait également de lourdes répercussions sur les marchés émergents. « Dans un tel scénario, les prix des matières premières chuteraient, ce qui serait préjudiciable à de nombreux pays émergents. De plus, les primes de risque augmenteraient, en particulier dans les segments du marché inférieurs à la catégorie investment grade. Les obligations notées AA devraient, en théorie, afficher une performance supérieure à la moyenne, car elles bénéficieraient de la baisse des taux d’intérêt américains. Mais au bout du compte, une récession américaine serait probablement défavorable aux obligations d’entreprise moins bien notées, comme les obligations à haut rendement. »
L’Inde, qui représente 7,5 % du portefeuille, contre environ 3,5 % pour l’indice de référence, est l’une des positions les plus surpondérées du fonds. « Nous sommes positifs vis-à-vis de l’Inde depuis un certain temps déjà. Avec une croissance économique nominale de 10 % par an, la taille de l’économie double en sept ans. L’Inde jouera donc un rôle majeur dans un monde multipolaire, aux côtés des États-Unis, de la Chine et de l’Union européenne. »
Selon Uday Patnaik, une telle croissance économique offre de nombreuses opportunités d’investissement dans des secteurs comme la banque, les infrastructures, le tourisme et la consommation. « L’Inde est en réalité un pays riche avec beaucoup de pauvres. De nombreux Indiens sortent de la pauvreté et rejoignent la classe moyenne. Un nouveau millionnaire en dollars émerge même toutes les trente minutes. Un autre atout majeur de l’Inde est la grande stabilité de son gouvernement. »
La surpondération de la Turquie est plus récente. « Pendant presque dix ans, nous avons sous-pondéré ce pays, mais nous voyons désormais des opportunités intéressantes dans les obligations de banques et d’entreprises. Les valorisations sont favorables et l’indépendance de la banque centrale turque s’est renforcée. »
La Chine, en revanche, représente la plus grande sous-pondération du fonds. « La combinaison des sanctions occidentales, des droits de douane et de l’incertitude politique nous incite à la prudence. De plus, l’économie chinoise reste faible et le marché immobilier demeure fragile. Des pays comme l’Inde, la Corée du Sud, la Malaisie, l’Indonésie et les Philippines offrent suffisamment d’alternatives dans le segment investment grade. »