« La question est de savoir si les risques du changement climatique et la réaction politique inéluctable ont été suffisamment pris en compte. La question est de savoir si certains investisseurs institutionnels mènent réellement des politiques et, si oui, si elles sont suffisamment efficaces. Nous en doutons. »
Don Gerritsen, responsable Benelux de l’initiative Principles for Responsible Investment (PRI), soutenue par l’ONU, indique qu’un modèle a été conçu pour donner aux investisseurs, entreprises et autorités de surveillance un aperçu des conséquences d’une « réponse politique abrupte, puissante et perturbatrice » en matière de changement climatique.
Ce modèle - appelé « Inevitable Policy Response » (IPR) - permet d’observer les risques liés au changement climatique dans des secteurs comme la production alimentaire, les migrations et la sécurité nationale. « Avec Vivid Economics et Energy Transition Advisors, des scénarios ont été développés pour déterminer quelle politique les autorités vont mettre en œuvre d’ici 2050 au plus tard ainsi que l’impact de cette politique sur l’économie réelle et les marchés financiers », explique Don Gerritsen, qui s’est récemment exprimé à ce sujet devant l’association VBDO.
En 2019, PRI, qui bénéficie d’un soutien à l’international auprès de plus de 3100 acteurs représentant plus de cent mille milliards d’actifs sous gestion, a présenté un modèle sur les conséquences du changement climatique pour la macroéconomie, les secteurs, les régions et les classes d’actifs.
Secteurs vulnérables
Les initiateurs du modèle IPR préviennent toutefois les investisseurs qu’ils doivent réaliser une analyse détaillée de leurs actifs pour se préparer à l’inévitable.
« Nous avons tenté, avec ce modèle, d’esquisser des scénarios où nous ne précisons pas s’ils se réaliseront ou non, mais bien ce qui peut être fait, notamment au niveau sectoriel », a expliqué Don Gerritsen dans un entretien avec Fondsnieuws. Le « Inevitable Policy Response » (IPR) sera mis à jour après l’été.
Selon ce modèle, les conséquences du changement climatique et de la politique des autorités seraient plus sérieuses pour le secteur de l’énergie (dépréciation estimée à 38 %), l’automobile (28,9 %) et la vente (-12 %). Les prévisions sont également modérément négatives pour les secteurs des minéraux, minier et plastique. Les conséquences pour services publics de distribution d’énergie et d’eau, la production alimentaire et l’agriculture sont quant à elles très limitées, voire presque négligeables.
Des opportunités pour les propriétaires fonciers
Les propriétaires fonciers peuvent envisager de nouveaux modèles de rentrée d’argent : la sylviculture est sur toutes les lèvres. Ses émissions de CO2 sont négatives. PRI et Vivid Economics, qui a coréalisé l’enquête, estiment que la sylviculture devrait représenter un revenu annuel de 2800 milliards de dollars vers 2050. Son financement provient de fonds publics, bien que les obligations vertes offrent également des possibilités.
Pour limiter la hausse des températures à 1,5 %, une action politique à court terme est nécessaire. Les chercheurs réfléchissent à l’économie circulaire, une révolution agricole, la bioéconomie et l’économie basée sur l’hydrogène, des technologies qui permettent des émissions négatives et l’intelligence artificielle.
Lors de leur présentation à VBDO, Don Gerritsen et Jason Eis, de Vivid Economics, ont rappelé aux propriétaires d’actifs d’analyser leur allocation d’actions et de préparer des stratégies d’atténuation. Simultanément, le modèle IPR devrait être utilisé dans le cadre de la sélection et du suivi des gestionnaires.
Les données : un talon d’Achille
Selon Don Gerritsen, les données sont un talon d’Achille dans le contexte des défis que nous allons devoir relever. « Si vous regardez les données d’une entreprise, vous remarquez que les fournisseurs de données obtiennent souvent des scores différents. Il est question d’un manque de standardisation. Avec pour conséquence des discussions difficiles », explique le responsable Benelux de l’initiative PRI.
« Nous avons besoin de meilleures données, de plus de standardisation et d’une plus grande coopération en matière d’investissements responsables pour accélérer la transition vers un marché des capitaux plus durable. »