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Il semble de plus en plus clair que le XXIe siècle sera celui de la Chine. L’empire du Milieu domine la scène mondiale avec ses partenariats et investissements, tandis que l’Europe semble en panne de stratégie.

La Chine est véritablement le pays des superlatifs : les changements s’y produisent à une échelle et une vitesse inédites. En trente ans à peine, 800 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté et le pays s’est lancé dans un gigantesque chantier : relier la Chine au reste du monde via une « Nouvelle route de la soie ».

Ce concept fait référence à un réseau historique de routes commerciales traversant le cœur de l’Asie, qui dominait le monde. La région est considérée comme « le centre des ressources » planétaires, affirme Peter Frankopan, historien et auteur de deux best-sellers sur les routes de la soie : elle regorge en effet de pétrole, gaz, riz et blé, mais aussi de métaux précieux, autant de matières premières essentielles à son développement futur et à celui de la Chine.

Or, l’Occident n’a pas de réponse à apporter à l’émergence de l’Asie centrale. « Aucune stratégie efficace n’est déployée, alors que la région inclut les plus grandes économies émergentes de la planète. Les États-Unis n’ont plus que deux alliés au Moyen-Orient et à l’Est : l’Arabie saoudite, qui fait contrepoids à l’Iran, et l’Inde, qui contrebalance la puissance chinoise. » L’Europe, quant à elle, n’a pas défini de politique convaincante. « Les pays européens savent nouer des relations commerciales, mais ils ne brillent pas en politique internationale, car ils veulent surtout maintenir le statu quo - or, cette tactique ne fonctionne plus. »

Les pays du Moyen-Orient et d’Asie centrale se tournent donc de plus en plus vers la Chine, qui ne pose pas de questions embarrassantes et propose, en ses termes, des partenariats « gagnant-gagnant ». Conséquence : jadis principal port européen, Rotterdam est petit à petit devenu une porte d’entrée pour les commerçants chinois.

Mais les routes de la soie présentées en 2013 par le président Xi Jinping en 2013 dans le cadre de l’initiative de la Ceinture et la Route inquiètent : les pays qui acceptent les chantiers chinois s’endettent fortement et mettent en jeu leur souveraineté, à l’image du Sri Lanka, qui a dû transférer à la Chine les ports construits par cette dernière, car il ne pouvait plus rembourser ses dettes.

De plus en plus, le monde prend conscience que l’Europe ne se trouve plus au centre, mais bien en périphérie du continent eurasiatique. Le Vieux Continent, avec sa population vieillissante, sa croissance atone, l’explosion de ses dépenses publiques et ses faibles rendements, perd de plus en plus confiance, affirme Olaf van den Heuvel, directeur des investissements chez Aegon Asset Management. À l’échelle planétaire, il y a beaucoup d’argent, mais pas assez d’actifs productifs pour l’investir. Parallèlement, les marchés boursiers perdent en importance. Dans ce contexte, les relations bilatérales ouvrent de plus en plus l’accès à des marchés et des entreprises rentables, mais assez fermés, à l’instar de l’Asie centrale et de la Chine. Les investisseurs occidentaux vont devoir s’habituer à ne plus passer au premier plan.

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