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L’hégémonie toujours plus marquée des entreprises technologiques dans les indices boursiers américains, le sentiment dicté par les Sept Magnifiques et la concentration des rendements sur un petit groupe de fleurons boursiers ont relégué les actions américaines axées sur la valeur au second plan sur la décennie écoulée. Et pourtant, certains investisseurs convaincus par la valeur mobilisent encore inlassablement tous leurs efforts et passent le marché américain au peigne fin afin d’y trouver des diamants ternis, mais susceptibles de briller de nouveau.

Les investisseurs axés sur la valeur cherchent généralement les entreprises peu prisées, tombées en disgrâce ou désavouées. Si certaines pêchent par leurs fondamentaux, qui justifient leur faible valorisation, d’autres entreprises affichent en revanche des fondamentaux solides, mais sont confrontées à un obstacle temporaire qui fait plonger leur cours. 

Des entreprises cycliques peuvent ainsi souffrir de la frilosité des consommateurs, du recul des investissements d’autres entreprises ou des mesures d’économies gouvernementales. Par ailleurs, certains événements sont susceptibles d’affecter le cours : pensons aux procès, amendes, retraits de produits et compensations nécessaires, ou encore à l’évolution de la réglementation. Une annonce d’un concurrent ou un événement dans une autre division peuvent aussi mettre sous pression le cours d’une société dont les investisseurs estiment qu’elle pâtira des tendances nouvelles. Parmi les exemples éloquents figurent l’avènement de l’intelligence artificielle ou encore le recours à la molécule GLP-1 : les acteurs agroalimentaires font en effet les frais du détournement massif de ce médicament à des fins amincissantes.

De telles évolutions peuvent considérablement influencer le sentiment des investisseurs. Ces derniers peuvent se laisser entraîner dans un pessimisme excessif ou, à l’inverse, un optimisme sans borne, affectant leur capacité à prendre des décisions rationnelles. Par conséquent, les opérateurs voient alors leur comportement dicté par la panique ou la peur de manquer quelque chose (FOMO en anglais). Les investisseurs axés sur la valeur doivent en revanche pouvoir réfléchir sans se laisser influencer par ces émotions et se positionner à contre-courant du marché.

Marginalisés

L’engouement pour les entreprises de croissance a quelque peu marginalisé les investisseurs américains axés sur la valeur, dans un marché où la quête de valeur représente elle aussi un véritable défi. Depuis 2015, la catégorie Morningstar des actions États-Unis Grandes Capitalisations Value a connu une décollecte nette tous les ans, sauf en 2021 et en 2022. Après l’implosion des actions de croissance, sensibles aux taux, lorsque la Réserve fédérale américaine a multiplié les tours de vis, les titres axés sur la valeur avaient fait leur retour sur le devant de la scène. Elles ont toutefois reperdu l’ensemble du terrain gagné en 2023. Le rapport entre les flux sortants et l’actif sous gestion témoigne de ce carnage : en termes organiques, la contraction a été de 23 % en 2023, et dépassait les 10 % en 2015, 2017, 2018, 2019 et 2020. Les investisseurs américains axés sur la valeur qui subsistent sur le marché sont donc des experts chevronnés, qui ne départent pas de leurs principes d’investissement.

Les stratégies qui apparaissent sur le radar de Morningstar se distinguent par la solidité de l’équipe de gestion et du processus d’investissement. Les analystes de fonds de Morningstar mènent une analyse qualitative soigneuse et s’appuient sur des algorithmes appliquant un cadre similaire. Cette semaine, nous analysons un fonds de la catégorie Morningstar des actions États-Unis Grandes Capitalisations Value à l’aune de ces critères.

Rigueur et patience

L’attrait du fonds Brandes US Value réside dans le quatuor de tête, composé d’investisseurs expérimentés et convaincus par la valeur, qui appliquent avec rigueur et patience un processus bottom-up contrarien. Le fonds s’est vu décerner une note People Pillar de High et un Process Pillar Above Average. La note Morningstar Medalist pour la catégorie I Acc est donc Silver.

La stratégie, dont les prémices remontent à 1991, est gérée par Brent Fredberg, Ted Kim, Kenneth Little et Brian Matthews, quatre investisseurs très expérimentés qui forment depuis 2013 le comité d’investissement de Brandes pour les grandes capitalisations internationales. Tous présents depuis plus de vingt ans dans la société de gestion, ils ont su ancrer profondément la philosophie d’investissement de Brandes dans leur pratique. Outre leur longue expérience, leur grande stabilité et les investissements massifs réalisés dans leur propre stratégie, ils sont distinguent par leur coopération intensive, leur horizon de placement à long terme, leur capacité à mener une réflexion indépendante et leur disposition à se positionner à contre-courant, ainsi que par leur inébranlable dévouement à leur approche. 

Ces quatre experts sectoriels mondiaux s’appuient sur une équipe de 23 analystes. Leur analyse fondamentale bottom-up des actions joue un rôle essentiel dans le processus d’investissement. L’interaction avec l’équipe d’analystes est bien organisée et la prise des décisions entre gestionnaires du portefeuille stimule le débat et la diversité des points de vue, approfondit leur connaissance des entreprises et des secteurs et permet d’éviter les pièges de valeur.

Émotions

L’approche est appliquée à toutes les stratégies gérées par Brandes, ce qui garantit la cohérence, réduit la probabilité d’une divergence par rapport au style d’investissement. Les gérants opèrent ainsi sur segment de marché pour lequel ils ont acquis l’expertise nécessaire. Tous les gérants et analystes de portefeuille se consacrent donc pleinement à l’approche bottom-up axée sur la valeur, qui s’affranchit des indices. La forte culture d’investissement de Brandes garantit une mise en œuvre disciplinée du processus d’investissement bien structuré, réplicable et robuste. Les gérants essaient de profiter des biais comportementaux et des émotions des investisseurs, qui affectent les cours. Ils saisissent donc les opportunités qui se présentent lorsque une action se négocie avec une forte décote par rapport à la valeur intrinsèque estimée par le consensus. La marge de sécurité est un facteur important pour déterminer la taille des positions. Si l’approche a fait ses preuves sur un très long horizon de placement, grâce à la sélection efficace des titres, la quête de valeur n’empêche pas les gérants de tomber parfois dans un piège de valeur.

Depuis la création du comité d’investissement des grandes capitalisations internationales, en 2013, l’historique de performance est bon sur différentes périodes, par rapport à l’indice de référence de la catégorie, le Morningstar US LM Broad Value. Ces performances sont d’autant plus impressionnantes étant donné le fort accent sur la valeur de la stratégie, par rapport à ses concurrents et à l’indice, dans un contexte de forte sous-performance du style valeur. Si les résultats de la stratégie sont encourageants, une étude des performances sur une durée plus longue montre que cette dernière n’est pas dépourvue de risques, comme en témoignent les mauvais résultats enregistrés lors de la crise financière de 2008. Les investisseurs doivent donc être prêts à accepter une volatilité plus élevée et des rendements qui peuvent s’écarter fortement de ceux de l’indice et des autres fonds ciblant le secteur, afin de récolter les fruits de cette approche sur le long terme.
 

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Jeffrey Schumacher est Director Manager Research chez Morningstar Benelux. Membre du panel d’experts d’Investment Officer, Morningstar analyse et évalue les fonds d’investissement sur la base d’études quantitatives et qualitatives. 

 

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