image private markets_0.png

2025 promet d’être une année incertaine pour les investisseurs des marchés privés. L’agenda politique de Donald Trump, en particulier, inquiète. Mais les experts y voient également des opportunités. 

Selon les experts consultés par Investment Officer, la politique de Trump pourrait bien stimuler de nouveau l’inflation. « Or, une inflation plus forte signifie potentiellement un taux d’intérêt plus élevé pendant encore plusieurs années », note Paul van Hastenberg, partenaire chez Clavis. « Ceci peut avoir un impact sur les transactions du marché et la valorisation des entreprises. »

Pour IBS, une inflation forte est un « talon d’Achille » pour les marchés privés. « Il est déjà souvent arrivé, par le passé, que l’inflation connaisse un rebond pendant une certaine période malgré une tendance à la base. Ce serait mauvais pour de nombreux investissements », avertit Koen Ronda, Directeur des marchés privés chez IBS. « Pour les bourses à court terme, et aussi pour les marchés privés. »

Une année charnière ?

Malgré cette potentielle hausse de l’inflation, les experts se montrent tout de même optimistes vis-à-vis des opportunités sur les marchés privés. 2024 n’a pas été l’année charnière qu’espérait Paul van Hastenberg, mais 2025 pourrait bien l’être, dit-il, en dépit d’incertitudes plus prononcées que l’année précédente. La politique de Trump peut également avoir des effets positifs, sur l’économie locale par exemple, ce dont profiteraient directement les petites et moyennes entreprises américaines.

De manière générale, les marchés privés sont plutôt favorables à Trump, indique Koen Ronda. « La pression réglementaire s’allègera sur les entreprises privées, aux États-Unis en particulier, et c’est une bonne chose étant donné que l’autorité de surveillance FTC semblait précédemment prévoir de s’attaquer aux entreprises privées après que de nombreux petits rachats ont permis à certaines parties de subitement détenir une grande part du marché. »

Paul Van Hastenberg a du mal à prédire quel thème prendra le plus d’importance l’an prochain : la politique incitative de Trump ou l’impact de cette politique, à savoir une inflation et un taux d’intérêt tous eux plus élevés.

Il y a également, selon lui, la question de savoir à quel point la politique de Trump impactera l’Europe. « Les valorisations y sont nettement plus faibles ; c’est donc un moment favorable pour s’engager, mais il se peut également que la géopolitique vienne tout gâcher. »

« L’Europe fait face à un peu plus de défis structurels, mais les investisseurs privés ont indubitablement des opportunités d’aider les entreprises européennes dans leur croissance », affirme Hylke Hertoghs, directeur général de Marktlink Capital.  

Des opportunités dans le mid-market et l’immobilier

À noter cependant que c’est au bas du mid-market américain et européen que les experts voient le plus d’opportunités, les petites à moyennes entreprises étant un peu moins financées, donc moins sensibles aux fluctuations du taux d’intérêt. « Les grandes l’entreprises sont souvent aux mains du capital-investissement. Les fruits les plus bas ont d’ores et déjà été cueillis », observe Paul Van Hastenberg. 

Clavis envisage avec prudence l’immobilier non traditionnel suite aux fortes corrections du marché ces dernières années. Paul Van Hastenberg voit entre autres des opportunités dans les résidences pour étudiants et séniors, les centres de santé et l’immobilier logistique. 

Clavis se montre également enthousiaste vis-à-vis du capital-risque. « Le monde est truffé de défis à relever, notamment dans des domaines tels que le changement climatique, la transition alimentaire et les soins de santé. C’est là que résident des opportunités pour des entreprises innovantes ainsi que pour le capital-risque, qui peut investir dans ces entreprises. » 

Les projets d’infrastructure centrale sont un secteur que redoute IBS. « Les projets d’infrastructure en cours génèrent beaucoup de dettes et c’est un secteur compliqué, en particulier parce qu’on y innove beaucoup. Pourquoi un investisseur mettrait-il de l’argent dans une autoroute qui imposera un péage à ses usagers alors que dans le futur, si l’on peut dire, les transports seront assurés par drones ? Ce n’est pas un risque que nous voulons courir. »

Du mouvement sur les marchés de sortie

Dans l’ensemble, IBS constate toujours, parmi ses clients, une forte demande pour les investissements privés. « Ce phénomène s’appuie également sur la mégatendance selon laquelle les entreprises cherchent moins à entrer en bourse, et est donc assez représentatif de l’ère actuelle. En 2019, les licornes du capital-risque ignoraient encore l’ensemble du segment du capital-investissement pour aller directement en bourse. Les choses ont changé depuis lors. »

IBS constate que les marchés de sortie se remettent quelque peu en mouvement. « Le marché des IPO est souvent le premier à bouger, mais les données de Pitchbook et Preqin indiquent que ce sont surtout les grands acheteurs stratégiques qui retrouvent de l’activité. C’est d’ailleurs là qu’il y a le plus d’argent à gagner. »

Koen Ronda poursuit : « Nous nous sommes entretenus avec divers directeurs et conseillers du M&A, qui nous ont confié que de nombreuses discussions débutées en 2024 mais arrêtées en cours d’année reprennent à présent. Cela veut dire que de nombreuses ventes auront potentiellement lieu en 2025. »

Si les distributions reprennent un peu, les experts s’attendent à ce que les grandes parties institutionnelles allouent de nouveau davantage et les entreprises des portefeuilles de capital-investissement génèrent de nouveau de beaux rendements. « Ce qui est dans le fût ne perdra pas de sa qualité, mais mieux vaut le vider un peu », conclut Koen Ronda.

Cet article est la seconde partie d’un diptyque sur les marchés privés. La première partie était un retour sur 2024, tandis que celui-ci présente un aperçu de 2025.

Articles connexes sur Investment Officer :

Author(s)
Target Audiences
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No