« Nous sommes moins vite enclins à acheter des actions en période creuse que par le passé », explique Lars Kreckel de Legal & General Investment Management dans un entretien avec Investment Officer à la suite de la correction sur les marchés boursiers.
Le stratège boursier peine à pointer du doigt un facteur macroéconomique convaincant pour expliquer le ralentissement sur les marchés boursiers.
« On ne peut pas vraiment parler d’une surenchère d’escalade de la guerre commerciale ces derniers temps, par exemple. Elle semble plutôt se confiner à la Chine et aux États-Unis. Donc, sous un angle mondial, la situation est moins préoccupante. »
Selon lui, la faute n’en revient pas plus aux marchés émergents, au dollar, à un certain Donald Trump qui tente de saper la Réserve fédérale, au déclassement du FMI ou à la forte hausse du taux américain cette année.
« La corrélation négative historique entre le cours des actions et des obligations est toujours intacte. Cela nous rassure un tant soit peu. Historiquement, une hausse du taux de plus de 100 points de base ne pose aucun problème aux marchés boursiers. »
En revanche, selon Lars Kreckel, deux facteurs ont toute leur importance : la rapidité avec laquelle le taux augmente et sa cause sous-jacente. Ces deux points ne le préoccupent pas pour l’instant. « Ce n’est pas comme si le taux avait augmenté de dizaines de points de base en quelques semaines. Et le taux à la hausse est davantage la conséquence de la croissance économique que de la hausse de l’inflation, c’est donc positif. »
Ce n’est que si le taux à dix ans aux États-Unis frôle les 4 % que les investisseurs font bien d’être sur leurs gardes. Avec un pourcentage de 3,14 %, le taux en est encore assez loin.
Complaisance
Mais alors, de l’avis du stratège de LGIM, qu’est-ce que la correction de ces derniers jours a provoqué ? Plutôt des attentes trop fortes en termes de rendement et un complexe aigu de complaisance parmi les investisseurs, notamment à propos des actions américaines, aujourd’hui les plus fortement touchées.
« Contrairement à l’Europe et au reste du monde, les bourses américaines accumulent les uns après les autres des niveaux historiques et les rendements escomptés ont été revus à la hausse, ce qui n’a fait que creuser l’écart avec les autres régions. Cela vous rend vulnérable en cas de revers. »
Cette situation est moins liée aux chiffres du troisième trimestre qu’à la perspective pour les prochains trimestres. Lars Kreckel qualifie même de ‘pretty good’ (NDT : assez bons) les résultats du troisième trimestre publiés jusqu’à ce jour. Mais différentes entreprises se montrent plus prudentes pour l’avenir car elles font face à une augmentation de leurs coûts à la suite de la guerre commerciale avec la Chine, de l’augmentation des prix des matières premières, du resserrement du marché du travail et de la hausse du taux de marché.
Les investisseurs ne doivent pas craindre un marché dit « bearmarket » ou baissier. « La toile de fond est encore bonne. Nous ne voyons pas encore la récession se profiler. »
Notons tout de même que le stratège saute moins fébrilement sur l’occasion de la correction pour acheter des actions. « Notre réaction face aux corrections a changé. Cela dépend du cycle dans lequel nous nous trouvons actuellement. La question est surtout de savoir à quel stade du cycle nous sommes réellement. Comme nous pensons que nous sommes à un stade assez avancé, nous nous montrons plus prudents dans notre prise de risques. »
Actions Tech
Selon Lars Kreckel, les actions Tech sont relativement attractives, même si la chute du Nasdaq est plus forte que l’indice S&P 500 plus large. « Ce n’est pas tout à fait surprenant vu que les actions Tech ont un bêta supérieur. Dans ce contexte, les actions Tech ont plutôt bien survécu à la correction et si leur cours venait un peu à baisser, nous serions prêts à en acheter. »
Le mois dernier, LGIM a réduit son exposition aux actions américaines et est aujourd’hui tactiquement sous-évaluée dans cette région.