Guy Wagner économiste en chef chez la Banque de Luxembourg souligne que l’environnement devrait rester assez favorable aux marchés boursiers durant les prochains trimestres, et recommande d’augmenter l’exposition sur des valeurs de qualité de secteurs comme la santé ou la consommation durable.
« Nous sommes arrivés à un moment très intéressant sur les marchés financiers », soulignait Wagner à l’occasion de son récent passage à Bruxelles.
« Au niveau économique, la croissance reste relativement solide aux Etats-Unis et en Europe, au dessus de leur potentiel de croissance de long terme. Il n’y a pas, à l’heure actuelle, de signes d’un grand déséquilibre sur les marchés financiers occidentaux. La grande inconnue pour les prochains mois sera l’évolution de l’inflation ».
Incertitude
Si certains éléments (endettement, démographie, etc) semblent pointer vers une inflation qui restera faible, d’autres semblent signaler vers un contexte moins favorable.
« La croissance des salaires aux Etats-Unis commence à être plus dynamique, et l’output gap (l’écart entre la production d’une économie par rapport à son potentiel) en Europe s’est totalement réduit. »
La question à se poser aujourd’hui est celle du positionnement des portefeuilles dans un environnement où les risques de désinflation pourraient toucher à leur fin, souligne-t-il. « Car une hausse de l’inflation aurait un impact sur les taux obligataires, mais également sur les valorisations boursières. Quand les taux montent, les actifs chers sont mis sous pression à un moment ou l’autre, ce qui rend difficile de dégager une bonne performance sur les marchés boursiers. »
Guy Wagner estime également que la banque centrale américaine devrait encore relever son taux directeur à deux reprises d’ici la fin de l’année. « Powell semble toutefois moins obnubilé que Yellen par les marchés financiers, et il attendra probablement au début de l’année prochaine afin de voir comment l’activité économique se maintient. De son côté, la BCE ne devrait pas resserrer les conditions financières avant le second semestre de l’année prochaine ».
Il souligne également que le taux à 10 ans américain a déjà plus que doublé depuis 2016, et qu’une période prolongée de baisse des taux semble peu probable dans le climat économique actuel. « Le segment obligataire ne peut aujourd’hui plus remplir son rôle défensif ».
Viser la qualité
Dans ce contexte, il estime que les marchés boursiers représentent encore la meilleure alternative pour les investisseurs, en dépit d’un niveau de valorisation qui a augmenté dans plusieurs segments.
« La meilleure protection sur les marchés boursiers est de s’exposer sur les valeurs de qualité, qui souffriront moins lors des phases de correction, et qui se redresseront beaucoup plus rapidement, tout en participant aux phases haussières. C’est la meilleure façon de protéger son patrimoine et son pouvoir d’achat dans les circonstances actuelles. Dans ces secteurs, nous apprécions actuellement les valeurs du secteur de la santé ou de la consommation durable (alimentation, boisson, etc), en raison d’une valorisation plus attractive ».
Il souligne également que les valeurs technologiques chinoises ont reculé de 30 % depuis le début de l’année, et que ce type de décote pourrait se produire également sur les technologiques américaines si des doutes venaient à être émis sur le potentiel de croissance futur.