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Avec une prime de risque d’environ 7 %, les actions européennes sont actuellement très attrayantes. Pour naviguer dans cet environnement, il est recommandé d’adopter une stratégie ‘barbell’ entre actions à duration longue et à duration courte, ce qui permet de combiner intelligemment croissance et valeur. Si les plans d’investissement publics à grande échelle permettent de relancer la croissance de la productivité, les actions pourraient bénéficier d’un nouvel élan. 

C’est ce qui ressort d’un entretien exclusif avec Jérôme Van Der Bruggen (photo), responsable de la stratégie d’investissement de la Banque Degroof Petercam. En collaboration avec l’équipe macro et les spécialistes de l’allocation d’actifs, il explique la stratégie d’investissement de la banque.

« Pour la première fois depuis soixante ans, les gouvernements occidentaux vont à nouveau réaliser des investissements structurels à grande échelle afin d’apporter des améliorations à long terme en matière d’infrastructures vertes et durables, de numérisation et d’égalité. C’est pourquoi nous estimons que, pour la première fois depuis longtemps, la baisse de la croissance de la productivité que nous observons depuis longtemps peut être inversée », déclare tout d’abord Van Der Bruggen.

Il fait notamment référence au plan européen Next Generation EU de 750 milliards d’euros, qui a fait l’objet de longues négociations mais alloue enfin des fonds à des segments économiques ayant cruellement besoin d’investissements. Aux États-Unis, il y a l’Infrastructure Investment and Jobs Act à 1000 milliards de dollars, à l’agenda de Joe Biden. « Les États-Unis vont bénéficier d’énormes investissements dans les infrastructures au cours des dix à quinze prochaines années. Les ports américains ont fait l’objet d’un sous-investissement désastreux, ce qui offre de nombreuses opportunités aux investisseurs. Mais nous allons porter un regard très critique sur les moyens qui seront déployés. »

Les entreprises réinvestissent déjà et les plans des gouvernements devraient permettre de relancer le cycle d’investissement pendant un certain temps. 

Selon le stratège, cela n’a pas encore été intégré dans les cours, ce qui constitue une donnée nouvelle intéressante et pourrait changer la donne pour les actions (européennes). En effet, il y a de grandes chances que la croissance à long terme de l’économie reprenne.

Inflation

« Je pense que les banques centrales ont été un peu trop rapides à espérer que l’inflation serait un phénomène passager. La pandémie a probablement alimenté l’inflation en paralysant complètement les capacités de production. L’inflation est actuellement d’environ 7 % aux États-Unis, ce qui est très élevé et explique pourquoi les banques centrales américaines sont aussi prudentes. »

Chez Degroof Petercam, ils ne sont pas de ceux qui affirment que l’inflation restera autour des 7 %. Van Der Bruggen : « De nombreux éléments pourraient tempérer l’inflation l’année prochaine, comme les prix de l’énergie, qui ont à notre avis augmenté trop fortement. Nous pensons qu’ils ne vont pas augmenter beaucoup plus. Les améliorations de la productivité influenceront également l’inflation. Nous pensons également qu’à mesure que la pandémie s’atténue, la demande de biens diminuera et les gens achèteront davantage de services. »

La Fed va resserrer sa politique car elle ne veut pas être considérée comme la partie qui alimente l’inflation. Par conséquent, le stratège estime que l’inflation reculera légèrement l’année prochaine.

Allocation tactique

Dans un portefeuille neutre, Degroof Petercam est légèrement surpondéré en actions. En octobre, ils ont pris quelques bénéfices en bon père de famille. « Nous ne voulons être ni trop optimistes ni trop pessimistes. Grâce aux solides bénéfices des entreprises, les actions restent l’investissement préféré pour le moment. Cette année, les bénéfices des entreprises ont été exceptionnellement bons, et nous prévoyons pour l’année prochaine une croissance des bénéfices des entreprises d’environ 6 % dans le MSCI World all countries, ce qui reste une solide croissance des bénéfices et plaide en faveur des actions. »

Pour sa politique, la banque centrale adoptera une approche très prudente, déclare le stratège. Les primes de risque pourraient donc continuer à baisser, ce qui serait positif pour les marchés actions. 

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Barbell

Degroof Petercam est géographiquement surpondérée en Europe et aux États-Unis. Cette surpondération est combinée à une stratégie Barbell pour les actions, que l’on retrouve également souvent pour les titres à revenu fixe. « Vous combinez ainsi les deux extrêmes, la duration longue et courte. La duration longue correspond souvent à la croissance de qualité aux États-Unis, comme les technologies et la MedTech, qui fournissent encore de solides flux de trésorerie. La duration courte se trouve principalement en Europe, où l’on trouve beaucoup plus de valeurs industrielles et cycliques. Les banques et les assurances relèvent également de cette catégorie. »

Dans le segment des titres à revenu fixe, Degroof Petercam était principalement concentrée sur les obligations indexées sur l’inflation. Cependant, les portefeuilles de titres à revenu fixe sont particulièrement diversifiés. Par conséquent, un certain bénéfice a été pris sur ces obligations liées à l’inflation. L’accent est mis avant tout sur les bons du Trésor américain libellés en USD, car on s’attend à un renforcement du dollar et à une absence de hausse des taux d’intérêt en Europe. Selon Van Der Bruggen, le yen et le franc suisse sont des devises de diversification, tandis que les obligations d’entreprises investment grade peuvent également offrir une relative sécurité. Enfin, la position or a été quelque peu réduite.

 

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