Les private assets se sont démocratisés ces dernières années. Autrefois réservés aux clients ultra-fortunés, ils s’adressent désormais également aux clients private banking ‘ordinaires’. En particulier la structure ELTIF (European Long Term Investment Fund), de plus en plus populaire, offre des possibilités de structuration.
C’est ce que déclare Serge Langhendries (photo), responsable Private assets, à savoir private equity/debt, private infrastructure et private real estate chez BNPPF. « Nous avons été parmi les premiers à proposer des private assets aux particuliers. Ces dernières années, nous avons abaissé le seuil. Il s’agissait initialement de personnes disposant d’un patrimoine investissable de 5 millions d’euros et plus, mais les clients private banking peuvent désormais également investir dans des private assets. Notre objectif est d’atteindre un Internal Rate of Return (IRR) net de 10 % par an. »
Le profil de la clientèle de la banque se compose du segment wealth, qui commence à partir de 5 millions d’euros, et du segment private banking, situé en dessous. Cela se reflète également dans le montant des tickets d’entrée : 125 000 pour le segment private banking et le double pour les clients wealth. « Les clients doivent impérativement disposer d’actifs suffisamment importants pour investir dans des private assets. De plus, ils doivent avoir un horizon d’investissement à long terme et présenter un profil de risque adéquat. Nous parlons clairement du segment supérieur, mais les private assets se sont démocratisés au fil des ans. Nous avons en effet commencé avec des clients ultra-fortunés, alors que maintenant, les clients ‘ordinaires’ du private banking peuvent également y accéder. Pourtant, cela ne deviendra jamais un produit de supermarché destiné à tout un chacun », affirme-t-il.
Selon Langhendries, la structure ELTIF est de plus en plus utilisée à cette fin. « Le premier ELTIF que nous avons proposé était celui de BlackRock l’année dernière, dans la private infrastructure. L’objectif est maintenant de proposer chaque année une nouvelle offre d’actifs privés pour les clients private banking sous la forme d’une structure ELTIF. Cette année, il s’agira de Partner Group Direct Equity II ELTIF, pour lequel nous disposons de l’exclusivité nationale.
Partners Group envisage ici un fonds très diversifié avec une approche thématique approfondie, qui sera également fortement axée sur la durabilité. À mesure que l’offre augmente, nous pouvons lancer deux ELTIF par an pour nos clients private banking.
Pour les clients wealth management, nous travaillons toujours avec une structure feeder-master (nourricier-maître). Les clients peuvent entrer dans le feeder, qui est ensuite investi dans le master, par exemple de KKR, Antin ou EQT Partners. Les clients wealth management ont aujourd’hui le choix entre cinq offres de private assets. « Pour le private banking, nous n’avons pas cette structure feeder-master. »
Selon le spécialiste, le label ELTIF va devenir de plus en plus répandu car il existe maintenant de plus en plus de gestionnaires américains, comme KKR, qui désirent utiliser ces structures afin de toucher les particuliers européens fortunés.
Volatilité
Il est de notoriété publique que les multiples de valorisation du private equity sont sous pression, ainsi qu’en témoigne l’implosion de Sofina, qui investit principalement dans des entreprises à très forte croissance. Langhendries se concentre sur un segment de marché plus mature et constate que les clients gardent confiance. « Malgré la volatilité que nous constatons sur le marché, les clients gardent confiance. Nous ne proposons pas non plus de capital-risque, mais plutôt des buy-outs qui investissent dans des entreprises matures disposant de flux de trésorerie stables.
Nous avons par exemple levé plus d’argent que prévu au cours des six premiers mois. Nous voyons donc encore des clients désireux de placer une partie de leur capital mobilier dans des private assets. Nous sommes aussi extrêmement prudents à ce sujet. Un engagement dans un fonds de private assets ne doit pas dépasser 5 % du total des actifs investissables du client. Pour les clients qui répondent à ces critères, même aujourd’hui, le private equity reste une proposition intéressante. »
Parmi les thèmes d’investissement récents, citons la stratégie d’impact, l’infrastructure et les fonds fortement axés sur les technologies et les soins de santé.
Populaire
Les private assets ne cessent de gagner en popularité, ce que confirme également Langhendries. « Je m’y consacre depuis 2012 et je me souviens qu’à l’époque, les sales managers m’avaient demandé d’arrêter parce que les portefeuilles des clients étaient déjà remplis de private assets. À l’époque, nous ne lancions qu’un fonds par an. Maintenant, nous proposons environ cinq fonds par an pour le segment wealth management, et levons des montants plus élevés par fonds. »
Langhendries confirme qu’il y a effectivement un déplacement partiel des classes d’actifs cotées en bourse vers les classes d’actifs non cotées et moins liquides. « Pour le segment wealth management, la tendance est indéniable, puisque nous nous dirigeons vers un milliard d’euros d’engagement total en private assets pour nos clients l’année prochaine. Cette tendance est en cours depuis plusieurs années et va se poursuivre, mais elle doit demeurer une partie limitée du portefeuille car elle est illiquide », conclut-il.