Afin d’éviter que l’intelligence artificielle (IA) ne prenne le contrôle sur nous, éthiciens, scientifiques, technologues et décideurs politiques plaident en faveur d’une IA centrée sur l’humain. Ils souhaitent notamment éviter que, manipulés par des informations erronées, les systèmes d’armement ne décident spontanément d’ouvrir le feu ou que des robots tueurs ne soient développés. L’IA peut donc constituer une menace existentielle.
La fraude constitue un autre écueil de l’IA. Les deepfakes permettent de cloner les visages et les voix de façon tellement convaincante que les premiers cas de fraude ont déjà été constatés : par exemple, un transfert d’argent après une conversation avec un faux directeur financier.
Il est positif que l’Europe prenne les devants avec le règlement sur l’IA, qui instaure des règles strictes pour tous les systèmes informatiques et algorithmes agissant de manière autonome, que ce soit dans la prise de décisions, la génération de contenu ou l’assistance aux personnes. Mais comme c’est souvent le cas, les cadres législatifs et réglementaires peinent à suivre le rythme des évolutions rapides.
Dans mon précédent article, Prédire la performance des investissements grâce à l’IA, j’ai démontré l’importance de notre discernement humain pour évaluer les réponses de ChatGPT, notamment en ce qui concerne la subjectivité et les hallucinations.
Autonomie et critique
L’IA est en plein développement et va transformer le monde pour de bon. J’identifie quatre conséquences majeures :
1. Une réglementation est nécessaire afin de garantir la précision des modèles de données, la confidentialité et la traçabilité des données, la déontologie et la sécurité. Il est également crucial de protéger les employés les plus vulnérables, car l’IA va s’approprier certains emplois et en rendre d’autres superflus. Plus un emploi est polyvalent et créatif, moins il risque d’être totalement automatisé.
2. Les entreprises et les employés qui adoptent l’IA et exploitent pleinement son potentiel conformément à leur stratégie d’entreprise connaîtront une nette augmentation de leur productivité, de leur chiffre d’affaires et de leurs bénéfices. Ces entreprises n’ont aucune raison de s’inquiéter. Si l’entreprise est cotée en Bourse, les investisseurs bénéficieront aussi de ces avantages.
3. Les entreprises de production, mais aussi les investisseurs professionnels tels que les gestionnaires de patrimoine doivent réfléchir sérieusement à l’utilisation de l’IA dans leur stratégie. Ils doivent se demander comment intégrer l’IA dans les activités quotidiennes de gestion, la prise de décisions d’investissement et la réduction des frais, comment l’IA peut leur permettre de se démarquer de la concurrence. De nombreux défis les attendent.
4. Enfin, la conséquence majeure et peut-être la plus profonde est l’impact de l’IA sur notre société. Notre démocratie peut-elle faire face aux côtés obscurs de l’IA, tels que l’absence de discernement humain, la dépendance aux données, les fake news, ou encore l’imitation des visages et des voix ? Adopter une démarche critique vis-à-vis de l’IA est essentiel. Plus que jamais, il est crucial de continuer à réfléchir de manière autonome face aux résultats et réponses générés par l’IA.
Lisez également les articles précédents concernant l’IA et l’investissement : ChatGPT peut-il prendre de bonnes décisions d’investissement ? et Prédire la performance des investissements grâce à l’IA.
Jan Vergote est analyste et conseiller financier indépendant.