Isabelle Vic-Philippe souligne la solidité dans l’activité du marché primaire des obligations sociales, une classe d’actifs qui permet de mettre de l’impact obligataire dans les portefeuilles des clients.
Le segment des obligations sociales est en pleine expansion, avec un cadre règlementaire calqué sur le segment des obligations vertes. « Dans la pratique, les émetteurs ont une obligation de communiquer sur la manière dont les fonds vont être utilisés, afin que les investisseurs soient certains que les fonds sont bien utilisés pour des projets à vocation sociétale », souligne Isabelle Vic-Philippe (Head of Euro Aggregate chez Amundi Asset Management).
Plus un « petit » marché
Ce reporting règlementaire est réalisé 12 à 18 mois après l’émission, afin de s’assurer que l’émetteur de l’obligation sociale a bien tenu ses engagements. « Dans la pratique, il va donc y avoir une grande transparence dans l’utilisation des fonds ».
Les « social bonds » constituent un des segments du marché obligataire qui continue d’afficher une croissance soutenue. « Cette classe d’actifs a connu un coup d’accélération durant la pandémie, dans la mesure où de nombreux programmes d’aides ont été mis en place en Europe pour éviter les licenciements ».
Ce segment est resté dynamique à la fin de l’épidémie, avec des émissions qui ont encore atteint 95 milliards d’euros en 2022. « Le rythme actuel reste sans commune mesure avec celui qui prévalait avant l’épidémie », rappelle Isabelle Vic-Philippe. « Ce n’est plus un petit marché qui peine à grossir, mais une classe d’actif à part entière avec une taille qui atteint actuellement 450 milliards d’euros.
Vocation sociale
Dans la pratique, ces émissions vont principalement être utilisées dans des projets ayant un objectif social, soit quatre catégories de projets reprises dans les Social Bonds Principles : l’emploi (éviter les licenciements), la santé (vaccins, programme d’aide), l’inclusion sociale (promouvoir le retour à l’emploi, éducation) et le logement abordable (développement de logements sociaux).
« Tous les projets doivent être analysés avec minutie, notamment la population visée par le projet qui doit vraiment être défavorisée par rapport à la moyenne du pays ou de la région dans laquelle l’émission est réalisée ». Isabelle Vic-Philippe souligne également que le marché des Socials Bonds est très liquide, avec des émissions qui dépassent généralement les 500 millions d’euros.
Produit d’impact
Amundi Asset Management propose une stratégie sur ce type d’obligations depuis novembre 2020, lorsque le marché des Social Bonds eu atteint une taille critique. « Amundi Social Bonds est principalement investi sur des émetteurs liés aux pouvoirs publics, ou sur des émetteurs financiers qui ont servi de courroie de transmission des états dans la mise en place des plans de soutien aux PME ». Dans le cadre de cette stratégie, les gestionnaires ont également la possibilité d’investir sur des sustainability bonds (un type d’émissions avec une définition plus large que les social bonds incluant des projets liés au climat) , à condition qu’au moins la moitié des projets financés aient une vocation sociale.
Enfin, Amundi Social Bonds est une stratégie à impact, qui est calculé pour les différentes catégories de projets par un indicateur commun, soit le nombre de bénéficiaires aidés par le fonds. « Il répond aux exigences de l’article 9 du SFDR, et est souvent utilisé par les distributeurs de fonds comme une composante dans les portefeuilles des clients qui cherchent à mettre de l’impact dans leur portefeuille ».
Politique monétaire
Si le fonds proposé par Amundi Asset Management est encore relativement petit (300 millions d’euros en actifs sous gestion), les obligations soutenables sont déjà présentes dans un grand nombre d’autres produits et mandats, soit un volume estimé à un peu plus de 10 milliards d’euros par Isabelle Vic-Philippe, dont environ 6 milliards d’euros sur les obligations sociales en tant que telles.
Dans le courant de l’année 2022, Amundi Social Bonds s’est bien comporté avec un recul limité à 9,7%. « Nous avions opté pour une approche prudente au début de l’année passée, en adoptant une duration courte et en recentrant le risque sur les émetteurs liés aux pouvoirs publics. Ceci nous a permis de bien résister par rapport à l’indice des obligations sociales », indique encore Isabelle Vic-Philippe. Face au contexte économique plus difficile qui s’annonce pour les prochains mois, elle pointe également que le risque de défaut sur le portefeuille devrait rester faible, vu que la grande majorité des émetteurs (agences gouvernementales, entités supranationales, etc) est de facto liée aux pouvoirs publics.