À l’heure actuelle, le secteur des soins de santé est encore sous-développé en termes de technologie numérique, alors que la population mondiale vieillit et souffre de plus en plus de maladies chroniques. Néanmoins, ce secteur adopte aussi lentement mais sûrement l’internet des objets. Henk Grootveld y voit une raison d’investir dans les soins de santé numériques.
Il s’agit d’une excellente opportunité pour l’investisseur thématique», déclare Henk Grootveld, responsable de l’investissement dans les tendances et gestionnaire du prochain fonds Healthtech chez Lombard Odier IM, dans un entretien avec Fondsnieuws. Début 2020, Grootveld a quitté Robeco avec ses collègues Jeroen van Oerle et Christian Vondenbusch pour développer la stratégie thématique de l’âge d’or pour le gestionnaire d’actifs suisse de Rotterdam.
À partir du 20 septembre, le fonds Healthtech, qui faisait jusqu’à présent partie de cette stratégie, fonctionnera comme un fonds UCITS indépendant. L’objectif : investir dans des entreprises qui investissent dans des soins meilleurs et moins chers grâce à la numérisation et à l’automatisation. Le fonds Healthtech qu’il gère investit dans des entreprises qui permettent la consultation en ligne entre le médecin et le patient, des producteurs d’appareils de mesure et des pharmacies en ligne, entre autres.
Besoin de solutions
Une étude du bureau de recherche américain CMS montre que les coûts des soins de santé dans le monde vont augmenter de 5 % par an au cours de la décennie. Aux États-Unis, 60 % des adultes souffrent de plus d’une maladie chronique. Sur les 4 000 milliards de dollars dépensés chaque année en soins de santé aux États-Unis, 2 500 milliards sont consacrés au traitement des maladies chroniques.
Notre société vieillit également rapidement», explique Mme Grootveld. En conséquence, nous avons un nombre croissant de malades chroniques et donc un poste de dépenses qui menace de devenir incontrôlable. Ajoutez à cela la numérisation insuffisante du secteur des soins de santé, et vous comprendrez le potentiel de ce thème.
Grootveld affirme que depuis Covid 19, ce potentiel a énormément augmenté. Prenez la communication entre les hôpitaux. Avant la pandémie, les données des patients ne pouvaient pas être partagées entre les hôpitaux parce qu’ils utilisaient des logiciels différents, c’est du moins ce qu’on disait. Cet argument est ridicule, car au plus fort de la crise, les patients et leurs données ont été transférés d’un hôpital à l’autre. Aux Pays-Bas, mais aussi en Allemagne.
Trois tendances importantes
Grootveld se concentre sur trois sous-secteurs : Soins connectés, efficacité et prévention. Nous supposons que les consultations en ligne avec un médecin deviendront la norme, tout comme le port d’appareils connectés qui mesurent en permanence les fonctions vitales. Les patients diabétiques peuvent déjà suivre leur taux de glycémie à l’aide d’un petit dispositif placé sur leur corps. Ce sont des soins connectés typiques.
Une deuxième tendance importante dans les technologies de la santé est l’automatisation et la robotisation. Pourquoi diable n’y a-t-il pas de pharmacie ouverte 24 heures sur 24 aux Pays-Bas ? En Chine, il n’y avait pas du tout de pharmacies avant que la pandémie n’éclate. Tout s’est passé à l’hôpital. Si vous aviez besoin de médicaments, vous deviez aller à la pharmacie de l’hôpital. Un problème est apparu lorsque cela n’a plus été possible à cause de Covid. Les pharmacies en ligne qui fonctionnent jour et nuit se sont développées très rapidement. Ali Health d’Alibaba et JD-health, la plus grande plateforme de soins de santé en ligne de Chine, sont particulièrement avancées à cet égard.
En Europe, vous avez la société suisse Zur Rose AG dans le domaine des technologies de la santé. Aux États-Unis, on voit Amazon s’en emparer, mais CVS Pharmacy et les compagnies d’assurance maladie répondent désormais aussi à cette tendance. En Europe, il s’agit d’entreprises indépendantes, en Chine, ce sont des filiales de plateformes big-tech et en Amérique, vous voyez un mélange de tout cela.”
Une troisième tendance est la prévention. La «biopsie liquide» constitue un nouveau développement unique. Il s’agit d’une technologie qui permet de détecter toute une série de cancers à un stade très précoce à partir d’une seule goutte de sang. Ce passage du curatif au préventif est une tendance importante qui peut être capitalisée dans le cadre de ce thème.
Les plus grands risques
L’un des plus grands risques dans les technologies de la santé est l’échec du produit. Cet été, les poursuites contre Royal Philips se sont accumulées parce que l’entreprise a dû rappeler des millions de respirateurs et d’appareils d’apnée du sommeil. Les appareils ont soufflé des particules de mousse de pur et des gaz potentiellement cancérigènes dans les voies respiratoires des patients.
Toute erreur dans le secteur de la santé peut avoir de lourdes conséquences. Si un glucomètre en temps réel fournit des informations erronées à un diabétique ou lui administre la mauvaise quantité de médicament, c’est absolument problématique.
Mais avant que les produits de ce secteur puissent être lancés sur le marché, ils doivent être approuvés par les autorités. Cette barrière à l’entrée apporte un certain degré de certitude aux investisseurs, mais ce qui est arrivé à Philips pourrait arriver à n’importe quelle entreprise.
Les valorisations des actions de ce secteur constituent également une mesure importante du risque, selon Mme Grootveld. Les actions des sociétés dans lesquelles le fonds investit sont généralement payées 20 fois leurs bénéfices, mais des multiples de 100 fois leurs bénéfices ne sont pas exclus.
Actions très chères
Nous préférons investir dans quarante à soixante actions «pure play», c’est-à-dire des sociétés qui sont à cent pour cent dans une niche de la technologie de la santé. Nous avons des actions très chères qui connaissent une croissance rapide mais dont la position ne doit pas dépasser 1 % du portefeuille. Si le prix des actions est plus attractif, nous appliquons une limite supérieure de 4 %.
Mme Grootveld souligne que le nouveau fonds ne sera pas créé du jour au lendemain. Au cours des cinq dernières années, le fonds Healthtech du fonds Golden Age a réalisé un rendement annuel moyen supérieur de plus de 6 % au rendement de l’indice mondial MSCI Healthcare. Il affirme également qu’il existe une demande pour un fonds distinct pour la réforme des pensions, qui fait également partie de la stratégie de l’âge d’or, «mais ce n’est pas encore concret, il faut d’abord faire de ce fonds un succès».