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Les risques d’escalade du conflit opposant Israël au Hamas sapent l’intérêt pour les obligations d’État américaines comme valeur refuge. 

GLes tensions géopolitiques entraînent généralement, à court terme, des mouvements de marché en direction d’actifs plus sûrs, comme les liquidités ou les obligations d’État américaines. Cependant, mercredi, le rendement des obligations d’État américaines sur 10 ans a augmenté de 0,07 point, passant ainsi à 4,9 %, soit le niveau le plus élevé depuis 2007. Le rendement de leur variante sur 30 ans est quant à lui passé à 5 %. 

Ce pic fait suite au bombardement d’un hôpital à Gaza mardi, lors duquel 500 personnes ont perdu la vie, et dont Israël comme le Hamas se rejettent mutuellement la responsabilité. Les efforts diplomatiques menés en vue d’une désescalade de la guerre les opposant sont ainsi battus en brèche.

Selon Lyn Graham-Taylor, le stratège taux de Rabobank, les investisseurs hésitent à détenir des obligations en raison de « prévisions incertaines concernant l’inflation ». Les chiffres des ventes au détail aux États‑Unis, publiées mardi, plus élevés que prévu, ont par ailleurs elles aussi contribué au sentiment négatif sur le marché obligataire.

 

Rentecurve Amerikaanse Staatsobligaties

Courbe des taux des titres du Trésor américain

Escalade

« La semaine dernière, lors des assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI à Marrakech, il est apparu clairement qu’une escalade en Israël aurait inévitablement un impact significatif sur la conjoncture et le commerce mondiaux, déclare Christofer Goovaerts, stratège en chef de la Banque Nagelmackers. Les prix élevés du pétrole vont attiser l’inflation, et cette augmentation de prix renforcera la pression à la hausse sur le taux d’intérêt ».

Si la guerre entre Israël et le Hamas s’étend au-delà du territoire israélien, cela entraînera inévitablement une forte hausse de la courbe des taux dans les économies développées, comme le reconnaît également Daleep Singh, économiste en chef de PGIM Fixed Inxcome, et l’un des principaux conseillers économiques de Joe Biden jusqu’en 2022.

Dans une note où il cherche à indiquer que le conflit peut partir dans toutes les directions, Daleep Singh écrit : « Le risque d’une escalade au Moyen-Orient a atteint 45 %. » Dans un tel cas, les prix du pétrole augmenteront de 15 à 20 %, selon les calculs de PGIM.

Le stratège prévoit cependant que le stimulus collectif sera tout juste suffisant pour prévenir une escalade incontrôlable de violence. Si le conflit reste limité à Gaza, Singh s’attend à ce que le prix du pétrole augmente d’environ 5 %, sans influence durable sur le sentiment de risque du marché. 

Mercredi, le Brent Crude, la référence internationale pour les prix du pétrole, avoisinait les 91 dollars par baril, soit un prix inférieur au pic de fin septembre à 94 dollars, mais plus de 6 % supérieur à une semaine auparavant. L’or, une alternative aux obligations d’État en matière de valeur refuge, est actuellement négocié à 1 960 dollars par once troy, soit 8 % de plus qu’au dernier jour de négociation avant le début du conflit.

 

Plongeon attendu des actions

En dépit de l’augmentation du taux d’intérêt et des prix du pétrole aux États-Unis, le marché prend probablement encore trop peu en compte la possibilité d’une attaque préventive d’Israël sur les installations nucléaires iraniennes, selon Jan Longeval, économiste et professeur à la Vlerick Business School. 

« Le Hamas et le Hezbollah bénéficient clairement de l’aide du régime de Téhéran dans la perpétration de leurs attentats. Si Israël lance une attaque, nous assisterons à une vive escalade du conflit dans la région », avertit Jan Longeval. D’après l’économiste, la guerre a, par le passé, « toujours été synonyme » d’une inflation galopante. 

Pour ce dernier, une escalade entraînera une hausse des primes de risque sur les marchés boursiers. « Les cours des actions vont baisser, en particulier dans les marchés émergents. Des valeurs refuges bien connues telles que l’or, le franc suisse et le yen japonais seront alors plus populaires. »

Une enquête mensuelle menée par Bank of America parmi les investisseurs entre le 6 et le 12 octobre a révélé que ces derniers avaient renforcé leurs positions dans l’énergie et les matières premières. 23 % des gestionnaires ont cité la « dégradation géopolitique » comme principal risque baissier pour la croissance mondiale. 

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