Si les fonds spécialisés dans le secteur de l’eau existent depuis vingt ans déjà, les investisseurs s’y intéressent de plus en plus depuis quelques années – avec pour conséquence une envolée de la collecte. Mais la thématique est vaste ; il est donc recommandé aux investisseurs de vérifier les critères minimum appliqués pour le respect du thème.
Les fonds d’investissement spécialisés dans l’eau ne sont pas nouveaux, mais ils suscitent un intérêt accru depuis quelques années. Les stratégies les plus anciennes, celles de KBC, Pictet et RobecoSAM, existent déjà depuis le début du millénaire. Ils ont attiré les investisseurs à leur création, avec un actif sous gestion total alors estimé à 7 milliards d’euros environ. Par la suite, toutefois, les fonds sectoriels et thématiques ont subi une certaine désaffection et l’encours des fonds spécialisés dans l’eau a plongé à 3 à 6 milliards d’euros pendant plusieurs années.
Mais alors que la durabilité prend de plus en plus d’importance, l’intérêt des investisseurs est revenu. Depuis 2017, et de manière plus marquée encore depuis 2019, la catégorie bénéficie d’un afflux de fonds croissant. La collecte des fonds spécialisés dans l’eau a ainsi atteint 3,1 milliards d’euros en 2019, 2,7 milliards d’euros en 2020 et 2,8 milliards d’euros déjà entre janvier et fin juillet 2021. L’actif sous gestion total de ces fonds dépasse donc désormais 29 milliards d’euros.
La prise de conscience du risque climatique a aussi rappelé l’importance de l’eau potable et de la gestion de l’eau. Par exemple, l’ouragan Ida, qui a balayé les États-Unis il y a quelques jours, n’a pas causé de réelle catastrophe en Nouvelle-Orléans, où des systèmes de gestion de l’eau avaient été mis en place après le passage de Katrina, l’ouragan qui avait dévasté la région en 2005.
Cet exemple montre aussi que le thème de l’eau connaît une déclinaison large en termes d’entreprises. En outre, les activités de ces dernières ne se limitent pas toujours à l’eau. Ainsi, Arcadis a joué un rôle important dans la protection de la Nouvelle-Orléans, mais son spectre d’activités est bien plus vaste. Pour les investisseurs, il est donc crucial de savoir clairement dans quelles entreprises un fonds peut investir et quelle est la pureté de l’exposition à l’eau (tant au niveau des entreprises que du portefeuille dans son ensemble).
Etude
Une récente étude menée par Morningstar sur les dix principales positions des fonds axés sur l’eau et distribués aux États-Unis livre quelques surprises. Deux fonds avaient notamment des positions importantes dans Waters Corp, qui commercialise des instruments d’analyses de molécules. Ces instruments, surtout destinés au secteur médical, ont quelques applications dans le secteur de l’eau, mais ces dernières ne sont visiblement pas assez importantes pour être mentionnées dans les rapports financiers de l’entreprise. L’entreprise doit son nom à son fondateur Jim Waters, et non à un quelconque rapport avec l’eau.
Un autre fonds investissait dans des acteurs connus tels que Procter & Gamble, Nike ou encore Hyatt, car les gérants étaient convaincus que même si ces sociétés n’avaient que peu de rapport avec l’eau, elles étaient leaders en matière d’efficacité hydrique. Même si c’est un facteur important, il ne s’agit en aucun cas d’entreprises spécialisées dans le secteur de l’eau.
Le top 5 de cette semaine, qui porte sur la catégorie Morningstar des fonds d’actions spécialisés dans l’eau (dont une classe d’actions sans frais de distribution est disponible en Belgique) tient compte des performances entre début janvier et fin juillet 2021.
Les rendements des cinq fonds tiennent dans un mouchoir de poche, mais la première place du podium revient à l’ETF L&G Clean Water occupe la deuxième place. Ce tracker suit l’indice Solactive Clean Water, qui inclut 58 actions d’entreprises entrant dans l’une des catégories suivantes : services aux collectivités dont au moins 90 % du chiffre d’affaires provient d’activités liées à l’eau, sociétés d’ingénierie dont les ventes sont réalisées au moins à 50 % sur des activités relatives à l’eau et sociétés technologiques pour lesquelles 5 % du chiffre d’affaires est lié à l’eau.
Les trois plus importantes positions sont Evoqua Water Technologies, Middlesex Water et Uponor ; toutes trois font partie des fleurons du portefeuille depuis le début de l’année, même si Tetra Technologies, avec un rendement atteignant presque 290 %, est le grand vainqueur.
La quatrième place est pour RobecoSAM Sustainable Water Equities, un fonds piloté depuis 2001 par Dieter Küffer, l’un des gérants les plus expérimentés de la catégorie. Son approche distingue quatre thèmes, dans lesquels les actions sont choisies : biens d’équipement et chimie, construction et matières premières, qualité et analyse et services aux collectivités.
Les entreprises doivent afficher une exposition minimale de 20 % au thème de l’eau ; pour le portefeuille dans son ensemble, l’exigence est fixée à 50 %. Avec plus de 70 positions, le fonds est relativement diversifié par rapport à d’autres produits comparables.
Associée au positionnement offensif de Dieter Küffer, cette approche réduit les risques. Parmi les dix plus grandes positions, ce sont Agilent Technologies, Danaher et Pentair qui ont affiché le meilleur rendement depuis le début de l’année. Avec un gain de 73 %, Waters Corp a toutefois affiché le plus fort rendement en termes absolus.