Pierre Huylenbroeck
Pierre Huylenbroeck

Avec ses livres, Pierre Huylenbroeck tente d’inciter les gens à investir. L’ancien rédacteur en chef du quotidien économique De Tijd souhaite également inspirer les professionnels avec son dernier ouvrage, Altijd belegger (« Investir tout au long de sa vie »).

Son précédent livre, Iedereen belegger (2015) (« Tout le monde peut investir »), est devenu un best-seller. Mais l’histoire ne s’arrête pas là pour lui. « Après dix ans, je ne peux toujours pas dire que « tout le monde investit », ce qui est dommage. Et cela ne se fait certainement pas de la bonne manière. Pourquoi ? Et surtout, comment réussir ? C’est l’idée centrale de mon dernier livre. Parce qu’en fait, il est relativement facile de s’enrichir en investissant. »

Avec Altijd belegger, M. Huylenbroeck espère toucher un nouveau public, mais aussi donner aux professionnels des pistes de réflexion. Pour lui, l’investissement va bien au-delà du rendement. « C’est aussi une question de valeur ajoutée sociale. Si les gouvernements et les citoyens en étaient plus conscients, nous serions bien plus prospères. Le gouvernement aussi devrait investir de manière judicieuse. Le fait qu’il ne le fasse absolument pas est scandaleux. »

« Prenons l’exemple du Zilverfonds (Fonds de vieillissement), créé en 2001 pour soutenir les pensions. Il y avait 20 milliards d’euros dans ce fonds. Combien aurait-on aujourd’hui, après 24 ans, si cet argent avait été judicieusement investi ? Même en calculant de manière prudente avec un rendement de 7 % par an, vous arrivez à plus de 100 milliards. Cela représente 80 milliards supplémentaires. Cela permettrait de faire la différence en termes d’infrastructures, pour ceux qui en ont besoin et surtout pour les générations futures. »

Les leçons de la Norvège

« C’est une négligence criminelle que notre gouvernement ne le fasse pas. Un pays comme la Norvège tire chaque année des centaines de milliards d’euros de son fonds souverain. Les Norvégiens investissent davantage dans les actions belges que notre propre gouvernement. La Norvège a su mettre ses citoyens actuels et futurs à l’abri. La Belgique pourrait être beaucoup plus riche, simplement en investissant bien. »

« Mais nos politiciens s’en tiennent à deux options : épargner et taxer. Les citoyens épargnent trop peu, et les gouvernements encore moins. Au contraire, on dissuade d’investir par les pénalités fiscales. »

Quelle est selon lui l’explication à cela ? « Le politicien ne pense qu’aux prochaines élections et ne voit pas plus loin. Un investissement réussi, en revanche, s’inscrit sur les décennies à venir. En outre, les hommes politiques pourront bénéficier d’une très belle pension. Ils n’ont pas le souci de devoir épargner pour leurs vieux jours. »

« Il est même choquant de constater que ce sont surtout les partis de gauche qui découragent autant que possible l’épargne en actions, alors qu’il s’agit précisément du moyen le plus socialement viable d’inciter les gens à bien épargner. Pourquoi avons-nous un problème de pension ? Chaque année, nous perdons des milliards en investissant massivement dans des produits à revenu fixe qui ne battent pas l’inflation. »

Ce que Warren Buffett peut nous apprendre

Au fil des ans, M. Huylenbroeck s’est entretenu avec de nombreux investisseurs et économistes de premier plan. « J’ai parlé à plusieurs lauréats du prix Nobel. Mon grand héros est Warren Buffett. Il est cité des dizaines de fois dans mon nouveau livre. Ses lettres annuelles aux actionnaires sont disponibles gratuitement en ligne. C’est une mine d’informations. »

John Maynard Keynes, Adam Smith et même Charles Darwin figurent également dans son œuvre. « Investir est un passe-temps où l’on ne cesse jamais d’apprendre. Plus vous lisez, plus vous apprenez à établir des liens. Il est passionnant d’analyser les entreprises et le monde qui les entoure. Bien plus que les seuls chiffres et rendements. Même la fiction y contribue. Dans mon livre, je propose un top 20 personnel des meilleurs livres d’investissement. The Intelligent Investor figure en tête de liste. »

Il décrit sa fascination pour la Bourse comme un apprentissage par le jeu. « Dès mon plus jeune âge, j’aimais jouer à des jeux que j’inventais moi-même. En Bourse, le jeu consiste à obtenir le rendement le plus élevé possible. À l’université, j’ai suivi des cours sur les grandes théories financières des années 1960 et 1970. J’ai ainsi expérimenté avec des portefeuilles, à la recherche du Saint Graal. Cependant, je ne pense pas qu’il existe. (Il rit.) En fait, je n’ai jamais été préoccupé par la richesse. C’est l’élément ludique qui me fascine, chercher à faire mieux que la Bourse. »

Altijd belegger
Altijd belegger

Amateurs contre professionnels

Pourtant, quelque chose le dérange dans ce secteur. « Dans le poste que j’occupais dans la salle des marchés d’une banque, je travaillais sur les produits dérivés. C’était très technique. J’ai pu constater à quel point l’accent était mis sur le court terme. Le professionnel aussi a les mains liées : chaque trimestre, il doit rendre des comptes sur ses performances aux clients et à la direction. En tant qu’amateur, vous pouvez avoir de longues périodes difficiles, mais avec une vision à long terme, ce n’est pas un problème. En outre, je peux investir dans tout ce que je veux. Parmi les petites entreprises, il y a des perles rares auxquelles les professionnels n’ont pas accès. »

Son propre style d’investissement est clair. « Dans l’une de mes approches, j’investis uniquement dans des actions belges. Je suis probablement le seul de mes collègues qui s’y tienne encore. Pourquoi ? Parce qu’investir dans l’économie nationale est bénéfique pour toutes les parties concernées.

Les entreprises belges de qualité sont relativement bon marché par rapport aux stars de Wall Street. Je considère cela comme une opportunité. Pour la jeune génération, il va de soi que Wall Street surperforme l’Europe. Mais c’est un mouvement pendulaire. La dernière fois que l’Europe a affiché de meilleures performances, c’était entre 2003 et 2007. Cela ne s’est pas reproduit depuis. Je pense que l’Europe, et la Belgique en particulier, a du retard à rattraper. »

Fondsen ou ETF ?

M. Huylenbroeck a également des idées bien arrêtées sur la gestion des fonds et les ETF. « J’entends des plaintes concernant les frais et, par conséquent, le rendement des fonds. Alors même que vous pouvez désormais investir dans la Bourse américaine très facilement grâce aux ETF. Les fonds d’actions constituent néanmoins un bon moyen d’épargner par le biais d’actions, en particulier pour ceux qui ne veulent pas se lancer eux-mêmes. Ils présentent également un grand avantage par rapport aux ETF : vous n’en sortez pas à la première tempête. »

« Je reste favorable à l’investissement actif. Un ETF globalement diversifié n’est pas aussi diversifié qu’il en a l’air et contient principalement des actions chères. Le Saint-Graal, ce sont les entreprises qui font des bénéfices et les réservent en grande partie pour l’avenir. »

Qui est Pierre Huylenbroeck (57 ans) ?
Économiste-ingénieur commercial, Pierre Huylenbroeck a commencé sa carrière dans la salle des marchés d’une banque. « J’avais un penchant pour les chiffres et les actions. Mais aussi pour l’écriture. Lorsqu’une place s’est libérée dans ce qui s’appelait alors De Financieel-Economische Tijd, j’ai fait le pas vers le journalisme. J’ai tout fait là-bas, y compris apporter le café. »
Il y restera deux décennies, dont plusieurs années comme rédacteur en chef. « Faire du quotidien De Tijd le grand journal fiable et érudit de Flandre, tout en étant divertissant, la mission me paraissait passionnante. Ce qui m’a moins plu, c’est la représentation extérieure. Mais la crédibilité, c’était sacré. Ce qui était imprimé dans De Tijd était forcément vrai. »
Après son départ, il a réalisé un rêve de jeunesse. « Je voulais conquérir une place unique parmi les magazines d’investissement pur, avec mon propre magazine pour l’investisseur curieux. Voilà maintenant 11 ans que je publie Mister Market Magazine. »

Articles connexes sur Investment Officer :

Author(s)
Categories
Access
Members
Article type
Article
FD Article
No