Peter Vanden Houte, ING
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L’incertitude règne en maître pour les prochains mois, ce qui justifie un positionnement prudent sur les marchés financiers. 

ING Belgique a récemment présenté ses perspectives économiques et financières à l’issue d’un premier semestre qui a apporté beaucoup plus de questions que de réponses. « Le mot d’ordre actuel est l’incertitude au niveau économique », souligne Peter Vanden Houte (Economiste en chef). « Alors que les surprises économiques étaient plutôt bien orientées depuis le début de l’année, elles ont récemment commencé à aller de nouveau dans le mauvais sens avec des chiffres qui sortent généralement en dessous des attentes ». 

Récession industrielle

Il souligne qu’une des principales sources d’incertitudes pour la croissance est le ralentissement de la demande de biens de consommation au sortir de la pandémie, avec des stocks qui sont aujourd’hui très élevés. « Alors que le secteur industriel est aujourd’hui en récession, le secteur des services continue d’afficher une croissance robuste. La question est aujourd’hui de savoir combien de temps cette divergence peut perdurer ». 
Peter Vanden Houte souligne que les politiques budgétaires vont devenir moins expansionnistes durant les prochains trimestres, avec notamment la fin du moratoire sur les Student Loans aux Etats-Unis. « Dans le même temps, les politiques monétaires vont continuer à ralentir la croissance, avec notamment un recul significatif de la masse monétaire ». 

Détente monétaire

Dans ce contexte, il s’attend à une croissance américaine qui va continuer de ralentir, mais avec une pénurie structurelle de main d’œuvre qui est de nature à limiter l’ampleur du ralentissement. Dans le même temps, les conditions d’octroi des crédits sont en train de se resserrer rapidement. Pour 2023, la croissance du PIB est attendue à 1,2% aux Etats-Unis avec une inflation qui devrait retomber vers 2% d’ici la fin de l’année, et une détente sur le taux directeur qui pourrait commencer fin 2023/début 2024. 

Pour la BCE, le contexte est différent, avec un objectif d’inflation à moyen terme de 2% qui est encore soumis à de nombreuses incertitudes au niveau de l’inflation core dans les services. Il s’attend encore à une ou deux hausses du taux directeurs durant les prochains mois, avec une détente qui pourrait intervenir à partir du milieu de l’année prochaine. La croissance européenne est pour sa part attendue à 0,5% tant pour 2023 que pour 2024. 
« Les taux longs sont probablement aujourd’hui en train d’arriver sur leurs sommets. Sur le long terme, l’équilibre devrait toutefois se faire sur des niveaux plus élevés qu’auparavant, en raison notamment des éléments (réchauffement climatique, déglobalisation, etc) susceptibles de maintenir l’inflation sur des niveaux plus élevés. Sur le long terme, nous estimons qu’il sera difficile de faire retomber significativement l’inflation sous la barre des 2% durant les 10 prochaines années ». 

Services demandés

Au niveau de la Chine, Peter Vanden Houte souligne que la croissance se concentre également sur le secteur des services, avec un secteur manufacturier qui est dans une position délicate. « La faiblesse de la demande en provenance des pays occidentaux est un facteur aggravant, tandis que le secteur immobilier continue de traverser une passe difficile avec des ventes et des mises en chantier en fort recul ». 

« Le point positif d’un point de vue européen, c’est que la Chine ne pousse pas les prix des matières premières à la hausse, notamment au niveau du gaz naturel, ce qui permet une remontée rapide de la confiance des consommateurs sur le Vieux continent ». Ce dynamisme est toutefois tempéré par la politique monétaire de la BCE, avec une demande pour les crédits qui est sous pression. « Il y a toujours un risque que la BCE aille trop loin si elle regarde trop sur les données du passé sans anticiper l’évolution des prochains mois ». 

« Dans ce contexte de ralentissement économique, la Belgique se comporte mieux que le reste de l’Europe grâce au mécanisme d’indexation des salaires et grâce au poids plus important des services publics », avec une croissance du PIB attendue à 1% pour 2023 et 0,7% pour 2024. « Le taux de l’OLO pourrait baisser de 0,3% d’ici la fin de l’année ; et sur le long terme, je vois difficilement le taux long belge retomber durablement sous les 2,5% ».

Approche mixte

Au niveau de l’allocation d’actifs, Steven Vandepitte (Stratégiste) reconnait avoir été trop prudent à l’entame de 2023, notamment sur le secteur technologique. Dans ce contexte, il préconise une approche 50/50 entre actions et obligations. Au niveau obligataire, ce sont les obligations de bonne qualité Investment Grade qui doivent être privilégiées dans un contexte de fin de cycle pour le resserrement de la politique monétaire. Il reste beaucoup plus prudent pour les perspectives de la dette à haut rendement, qui devrait subir plus directement l’impact de la hausse des taux de défaut et des difficultés de refinancement. 

Sur les marchés boursiers qui privilégie la croissance et la qualité dans un contexte de croissance en net ralentissement. « Il faut aussi privilégier les bilans sains et les sociétés qui sont ne mesure de dégager des flux de trésorerie élevés ». Il estime qu’il faut aussi s’aventurer avec beaucoup de prudence sur les actions technologiques, en raison de leur valorisation élevée par rapport au reste de la cote. « Les écarts de valorisation avec le reste du marché n’ont plus été aussi importants depuis la période 1999/2000.

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