« Le secteur de la cleantech constitue un thème intéressant à cet égard. Nous explorons également l’univers des obligations durables et des social bonds, ou obligations à impact social, déclare Sebastiaan Grenné, stratège en allocation d’actifs chez Argenta.
Au cours de la dernière année boursière, tant les actions que les obligations ont enregistré de médiocres performances. Dans les portefeuilles classiques, les deux types d’actifs sont justement combinés afin de maintenir l’équilibre. « Pour la première fois depuis longtemps, les actions et les obligations ont enregistré simultanément des performances médiocres, ce qui constituait tout de même une donnée importante, surtout pour les investisseurs qui comptaient sur cette combinaison en raison de l’effet de diversification. »
Bien que les marchés boursiers aient commencé de manière plutôt positive durant les premières semaines de l’année 2023, Grenné s’attend à un début d’année difficile pour les investisseurs. « Les défis économiques sont encore nombreux. Historiquement, les banques centrales ont rarement réussi à combattre l’inflation sans pousser l’économie en récession, surtout lorsque les taux d’inflation étaient aussi élevés que l’année dernière. Nous tablons donc sur une forte probabilité de récession, c’est pourquoi nous conservons une position assez prudente et restons sous-pondérés en actions », déclare Grenné.
L’investissement durable est là pour rester
Le bancassureur mise beaucoup sur les thèmes à long terme et s’intéresse par exemple au secteur de la cleantech. « Un autre thème que nous ciblons fortement est le vieillissement de la population. Il s’agit d’un thème plus défensif, car il comprend davantage d’acteurs du secteur financier et des soins de santé. Nous switchons également entre ces thèmes à long terme en fonction de notre interprétation sectorielle sous-jacente. Nous pensons que ce sont des tendances qui vont se poursuivre, mais il faut tout de même les timer. »
L’investissement durable reste également un thème majeur pour le long terme. Les évolutions et les nouvelles à court terme n’y changent rien. Grenné considère le retour des majors pétrolières comme un phénomène à court terme. « Il est difficile de dire combien de temps cela va durer, mais la durabilité est le fil conducteur pour le long terme. Vous avez besoin des acteurs moins durables durant la transition, mais cela ne signifie pas que nous allons y investir. Nous avons délibérément choisi d’exclure les producteurs d’énergie fossile. Nous n’y reviendrons pas à cause d’événements à court terme. »
Il souligne que l’exclusion de ce secteur peut être compensée en investissant notamment dans la cleantech. « On trouve des entreprises très intéressantes dans ce secteur. À long terme, il y a là plus d’avenir que chez les acteurs pétroliers, qui sont très dépendants du prix très volatil du pétrole et du jeu géopolitique qui va de pair. »
La danse de Tina, Tia et Tara
Pendant des années, les stratèges boursiers ont souligné qu’il n’existait aucune alternative aux actions. Dans un monde de taux d’intérêt extrêmement bas, Tina, (There Is No Alternative) était donc l’It-girl du monde de l’investissement. Avec la hausse des taux d’intérêt, Tia (There Is an Alternative) et Tara (There Are Real Alternatives) sont devenues les nouvelles favorites du monde de l’investissement.
« Tina était une donnée importante, mais cela ne signifiait pas que vous ne pouviez plus trouver d’opportunités dans les obligations. Il y avait encore certaines poches qui s’avéraient très intéressantes tant du point de vue du rendement que de la diversification », nuance Grenné.
Il reconnaît cependant qu’il existe à nouveau davantage d’options pour compléter un portefeuille obligataire. « Vous pouvez vous tourner à nouveau vers les obligations d’État à plus long terme en guise de tampon supplémentaire. Les investisseurs ne doivent plus se contenter de miser sur le court terme. Nous nous intéressons également aux obligations vertes et aux obligations à impact social. Nous sommes en train d’élaborer une politique à ce sujet. »
Une épée à double tranchant
Tant en termes d’allocation d’actifs que de sélection d’actifs, Grenné voit une valeur ajoutée pour la gestion active. Mais l’investissement passif a également sa place. « Surtout sur le plan de l’allocation tactique d’actifs. C’est un moyen pratique de sur- ou sous-pondérer certains actifs à court terme. Nous pouvons le faire avec des produits passifs, mais le cœur de notre portefeuille est constitué d’investissements actifs. »
L’investissement actif peut donc faire la différence cette année encore. « Plus l’incertitude est grande, plus les rendements des différents actifs divergent. Cela crée des opportunités pour les investisseurs actifs, mais augmente aussi le risque. Il faut donc bien peser le pour et le contre », conclut Grenné.