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La récente chute du cours de l’action d’Euronext, qui a racheté Borsa Italiana il y a moins de deux ans pour 4,4 milliards d’euros, laisse penser que les actionnaires n’attendent pas une autre grosse prise de contrôle.

Le cours de l’action de la société boursière paneuropéenne a chuté de 7 % mercredi, à la suite de l’annonce d’une offre non contraignante de 5,5 milliards d’euros pour la société fintech espagnole Allfunds. Les actions ont clôturé en baisse de près de 4 % jeudi.

Le marché ne s’attendait manifestement pas à une transaction de cette ampleur aussi rapidement», a déclaré Thomas Couvreur, analyste chez KBC, dans une note. Nous pensions qu’Euronext franchirait d’abord des étapes importantes dans l’intégration de Borsa Italiana et qu’entre-temps, elle chercherait des occasions de tirer parti de cette acquisition».

On peut également se demander si Euronext peut se permettre une acquisition aussi importante. La partie en espèces de l’offre pour Allfunds s’élève à 3,6 milliards d’euros. Euronext n’a pas cela dans son bilan «, déclare Reginald Watson, analyste chez ING. La société cotée avait une dette nette de 1,6 milliard d’euros à la fin de 2022,

Selon Watson, la même procédure sera choisie que pour l’acquisition de la bourse italienne. ‹Probablement qu’Euronext la financera avec des prêts bancaires et fera une émission de droits plus tard, pour les actionnaires existants.›

Nouveau secteur

Allfunds, dont les actions ont gagné 17 % mercredi en réponse à l’offre publique d’achat, propose une sorte de place de marché qui relie les fonds d’investissement aux institutions financières. L’idée est qu’elle permet aux banques privées, aux gestionnaires d’actifs et autres distributeurs de proposer à leurs clients un plus grand nombre de fonds qu’ils n’en ont dans leur propre gamme. Les fonds d’investissement, à leur tour, attirent l’attention d’un plus grand nombre de clients potentiels.

La société espagnole gagne de l’argent en facturant au fonds d’investissement quelques points de base sur les actifs qu’il apporte par le biais de la plate-forme. Cela peut paraître peu, mais les sommes en jeu sont tout de même importantes. Dans son prospectus publié en 2021, Allfunds parle d’un marché total de 6 000 milliards d’euros, sur lequel elle pourrait réaliser 2,6 milliards d’euros de revenus.

L’entreprise est loin d’y être, mais en tant que leader du marché, elle a tout de même réalisé 500 millions d’euros de revenus en 2021 avec un total d’actifs de 1 300 milliards d’euros sur la plateforme. En dessous de la ligne, cela laissait 108 millions d’euros de bénéfices.

Mais ce n’est pas seulement la rentabilité d’Allfunds qui intéresse Euronext. La société d’échange, comme ses principaux concurrents Deutsche Börse et London Stock Exchange, veut devenir moins dépendante de la négociation de titres pour son chiffre d’affaires. Il faut donc que davantage de chiffre d’affaires provienne d’activités commerciales qui n’y sont pas directement liées.

Dans ce cas, une plateforme comme Allfunds est une bonne option, dit Watson. Deutsche Börse a fait la même chose l’année dernière lorsqu’elle a acquis FundCentre», dit-il. Seulement, Allfunds est quatre fois plus grande que cette plateforme, donc Euronext dépasserait Deutsche Börse d’un seul coup.

Dans le même temps, l’exploitation d’une telle source de revenus soulève également des questions, selon Watson. Dans les acquisitions précédentes, comme celle de Borsa Italiana, les synergies étaient claires. Euronext a pu intégrer la bourse italienne sur sa propre plate-forme, en reprenant les revenus mais en réduisant les coûts. Avec Allfunds, la manière de procéder est moins évidente, car il s’agirait d’un nouveau secteur.

Bataille d’offres

D’autres questions subsistent quant à savoir si l’offre d’Euronext pour Allfunds est suffisamment élevée. Et si la nature non contraignante - qui dépend, entre autres, du consentement des deux plus grands actionnaires d’Allfunds, qui détiennent ensemble 46 pour cent - va commencer à provoquer une guerre des enchères. En effet, Deutsche Börse avait exprimé son intérêt avant l’introduction en bourse de la société fintech espagnole, mais les deux parties n’avaient pas pu se mettre d’accord sur le prix à l’époque.

Watson ne serait pas surpris que Deutsche Börse manifeste à nouveau son intérêt maintenant. Elle est déjà active dans le même secteur avec FundCentre et, avec l’ajout d’Allfunds, elle obtient d’emblée une part importante du marché.

Et peut-être la bourse allemande a-t-elle également une chance, car les analystes s’accordent à dire que l’offre d’Euronext est trop basse. Selon Watson, Allfunds vaut entre 7,5 et 8,7 milliards d’euros. L’analyste Couvreur de KBC a qualifié l’offre d’Euronext d‹ «opportuniste», car les facteurs macroéconomiques ont exercé une pression sur le cours de l’action Allfunds au cours de l’année écoulée.

Copyright : Het Financieele Dagblad, 23 février 2023

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