Lombard Odier a récemment inauguré à Anvers son deuxième bureau belge, en complément de son siège bruxellois. Les ambitions de cette maison suisse bien établie sont élevées dans notre pays. Comment Geoffroy Vermeire, son directeur, compte-t-il les concrétiser ?
En ouvrant ce deuxième bureau pour desservir le nord du pays, Lombard Odier souhaite se rapprocher des grandes fortunes flamandes. Geoffroy Vermeire (60 ans) se montre particulièrement enthousiaste à propos de ce nouveau hub local. Le 2 janvier 2025, il célébrera ses deux années à la tête de Lombard Odier Belgium en tant que Managing director, après un remarquable parcours à des postes de direction chez Delta Lloyd, Petercam et Van Lanschot Belgique.
Quel bilan tirez-vous de vos deux premières années chez Lombard Odier ?
Geoffroy Vermeire : « J’ai plutôt l’impression que six mois seulement se sont écoulés ! Je suis ravi d’avoir fait le choix de rejoindre Lombard Odier. Au cours des cent premiers jours, je me suis principalement concentré sur la découverte des équipes et des systèmes ainsi que sur l’élaboration d’un nouveau plan stratégique. J’ai réussi à convaincre la direction suisse d’ouvrir un deuxième bureau en complément de notre siège bruxellois. C’est une décision particulière, car hormis la Suisse, la Belgique est le seul des 19 pays dans lesquels nous sommes présents à disposer d’une seconde implantation. Peut-être est-ce lié au fait que nos deux pays sont relativement petits, et composés de groupes de population distincts, avec des différences culturelles marquées : un caractère plus germanique dans le nord, et plus latin dans le sud du pays. »
« En septembre 2024, nous avons inauguré notre bureau d’Anvers, symboliquement situé dans l’Uitbreidingsstraat (rue de l’Expansion). Bien que nous ne communiquions pas de chiffres précis concernant la croissance des actifs sous gestion, je puis néanmoins affirmer que certains clients existants ont renforcé leurs actifs sous gestion et que nous avons eu des échanges constructifs avec de nouveaux clients potentiels. »
Qu’est-ce qui distingue Lombard Odier sur le marché belge ?
« Notre singularité repose sur notre statut de société partenaire, 100 % indépendante, entrepreneuriale et détenue par ses Managing partners. Il n’existe pas en Belgique d’autre gestionnaire de patrimoine indépendant de cette envergure. Une autre différence majeure par rapport à nos homologues belges est notre vaste réseau international. Lombard Odier a mis au point un modèle qui fonctionne dans 19 pays, fondé sur la discrétion, une gestion professionnelle, une expertise approfondie des enjeux internationaux et des rendements solides. »
« Alors que le secteur tend à privilégier fortement les fonds profilés standardisés, nous restons profondément convaincus de l’importance des portefeuilles personnalisés. À cet égard, nous nous concentrons sur le segment supérieur du marché de la gestion de patrimoine. Pour les particuliers disposant d’un patrimoine investissable inférieur à 2,5 millions d’euros, il existe suffisamment d’autres solutions. »
En quoi travailler au sein d’une banque privée suisse est-il différent ?
« La sécurité et la discrétion ont toujours été des priorités absolues pour toutes les institutions financières pour lesquelles j’ai travaillé, mais ici, elles se situent encore un cran au-dessus. Nous disposons également de notre propre plateforme technologique, alors que d’autres banques préfèrent souvent externaliser ce type de solutions. Ce qui me frappe également, c’est qu’en Suisse, la profession de banquier jouit toujours d’un certain prestige, alors qu’ici, cette considération a diminué. Peut-être cela s’explique-t-il par l’importance capitale du secteur bancaire dans l’économie suisse ? »
« La Suisse demeure le centre mondial par excellence pour la gestion de fortune et le private banking. Lombard Odier est une maison de confiance forte de plus de deux siècles d’existence, mais cela ne signifie en aucun cas que nous vivons dans le passé. Notre devise, « Rethink Everything”, reflète notre conviction de l’importance de remettre en question les idées reçues et de nous réinventer constamment. »
Ce qui distingue particulièrement Lombard Odier, c’est la focalisation sur l’investissement durable.
« Il s’agit effectivement d’une conviction fondamentale. Avec Donald Trump à la présidence des États-Unis, il semble bien que l’entrepreneuriat durable et l’investissement ESG seront relégués au second plan dans les années à venir, mais nous sommes fermement convaincus que la tendance s’inversera sur le long terme. Par ailleurs, cet engagement représente, en particulier pour nos clients les plus jeunes, un critère essentiel pour conserver leur confiance. »
« En ces temps troublés, il peut sembler séduisant à court terme d’investir dans des secteurs comme les combustibles fossiles et l’industrie de l’armement, mais est-ce vraiment responsable sur le long terme ? Et dans quel segment choisit-on alors de s’engager ? À l’occasion de la Journée internationale des personnes handicapées, nous avons organisé un événement avec le président de Handicap International, qui a notamment souligné le danger des mines antipersonnel, à nouveau massivement utilisées dans le conflit en Ukraine. Cela signifie que nous sommes repartis pour des décennies de victimes civiles innocentes. Quand on y réfléchit, aucun investisseur ne souhaite endosser la responsabilité de telles conséquences. »
Focalisation sur des portefeuilles de 5 à 50 millions d’euros
Quelles sont vos priorités pour les années à venir pour Lombard Odier en Belgique ?
« Notre ambition est de devenir la référence incontournable en matière de gestion de patrimoine pour les particuliers fortunés disposant d’un capital investissable d’au moins 5 millions d’euros, avec une focalisation particulière sur les portefeuilles compris entre 5 et 50 millions d’euros. Nos clients se répartissent en trois groupes : les entrepreneurs en activité, les entrepreneurs ayant cédé leur entreprise et les personnes ayant hérité ou acquis un patrimoine important par d’autres moyens. Leur mode de vie est souvent international et/ou leurs enfants vivent ou travaillent à l’étranger. Grâce à notre expertise internationale et à notre réseau mondial, nous sommes idéalement positionnés pour les conseiller et les accompagner dans toutes les questions liées à la gestion, à la planification et à la fiscalité de leur patrimoine. »
Après plus de 30 ans dans le secteur, quelle est votre principale motivation personnelle ?
« C’est un métier qui me procure énormément de satisfaction et que je souhaite continuer à exercer de nombreuses années encore. J’apprends continuellement et j’apprécie particulièrement de travailler dans un environnement international, où le respect de l’individualité et de l’expertise de chacun est primordial. Comme je l’ai mentionné, nos clients sont principalement des (anciens) chefs d’entreprise, des acteurs clés de l’économie, qui ont su se bâtir un patrimoine considérable. Je suis donc en contact avec des personnes passionnantes et à l’esprit critique, qui ont pris des risques et accompli de remarquables réalisations. Notre mission consiste à les accompagner dans la consolidation, l’organisation, le développement et la transmission de leur patrimoine aux générations suivantes, avec humilité et un réel sens du service. »