Les spécialistes de Lombard Odier pointent que le sommet des taux obligataires devrait indiquer un changement d’orientation dans le positionnement des portefeuilles, qui devrait bénéficier aux valeurs technologiques, aux actions à haut rendement et aux marchés émergents.
Pour Samy Chaar (Chief Economist pour Lombard Odier), « les problèmes qui se sont manifestés durant l’année écoulée ne vont pas disparaître durant les prochains mois. Les développements de ces dernières semaines nous amènent toutefois à penser que la probabilité d’un scenario très négatif pour 2023 s’est considérablement atténuée ».
Pas de catastrophe
Il pointe tout d’abord les bonnes nouvelles pour l’inflation américaine qui semble être désormais dans une trajectoire plus favorable, avec un taux directeur pour la Réserve Fédérale qui devrait atteindre un sommet à 5% au début de l’année prochaine, avant de se relâcher probablement vers le début de l’année prochaine. « Ceci devrait permettre un ralentissement de l’inflation américaine sous les 3% d’ici la fin 2023, après un premier semestre qui sera marqué par une faiblesse économique ».
Pour l’Europe, le niveau élevé des prix de l’énergie va continuer de peser sur les perspectives de croissance pour les prochains trimestres. « Pour 2023, nous devrions toutefois être en mesure d’éviter le scénario catastrophe. Et à moyen terme, les Européens sont aujourd’hui déterminés à assurer leur autonomie énergétique en augmentant les importations de gaz naturel liquéfié, et en maintenant leur niveau de stockage sur un niveau élevé ». Il pointe que les sources nucléaires et renouvelables auront aussi leur rôle à jouer dans la diversification des sources d’approvisionnement.
Enfin, la réouverture de la Chine se profile avec une explosion des cas de COVID-19 et des décès durant les prochains mois. « Le pays doit retrouver une croissance économique supérieure à 4%, afin de pouvoir assurer le plein emploi et éviter les troubles sociaux », souligne encore Samy Chaar.
Situation actuelle
Au vu de ce contexte de ralentissement économique généralisé pour les prochains mois, Stéphane Monier (Chief Investment Officer pour Lombard Odier) met en avant diverses convictions pour les portefeuilles des investisseurs. « Nous pensons que l’année 2023 devrait être divisée en deux phases distinctes, soit avant et après le sommet atteint par le taux souverain américain à dix ans ».
Tant qu’il n’aura pas été atteint, il estime que le positionnement sur les actifs risqués va rester délicat à négocier, et doit privilégier les classes en mesure de résister à la hausse des taux et/ou à une croissance plus faible. « Dans ce contexte, nous privilégions les obligations d’entreprise de qualité investment grade, ainsi que les actions d’entreprises qui peuvent défendre leurs marges et afficher une faible volatilité de leurs résultats, notamment le secteur des soins de santé ». Dans ce contexte, les stratégies de couverture, les fonds alternatifs et le dollar américain vont rester des diversifications attractives pour les investisseurs.
Stabilisation des taux
Lorsque les taux à dix ans auront atteint leur sommet, le contexte devrait alors changer pour les investisseurs. « Le crédit à haut rendement va retrouver un attrait certain, tandis que la faiblesse du dollar et la reprise économique en Chine devrait bénéficier au prix du métal jaune ».
Cet environnement devrait également s’avérer favorable à une reprise des marchés boursiers et des actions technologiques, la détente sur les taux longs ayant un impact positif sur les valorisations. « Enfin, cet environnement devrait également profiter à la performance des actions émergentes ».