Philippe Gijsels en Koen De Leus
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Les investisseurs peuvent espérer un rallye de Noël. Mais la question à un million est de savoir si l’inflation restera sous contrôle en 2023. Tel est le message de Koen De Leus (à gauche) et Philippe Gijsels (à droite) de BNP Paribas Fortis.

Au cours des prochaines semaines, les astres semblent favorables à un rallye de fin d’année. Tel est le message optimiste de BNP Paribas Fortis sur les perspectives pour 2023. Les derniers chiffres de l’indice des prix à la consommation aux États-Unis permettent d’espérer que l’inflation a atteint son pic. Cela devrait permettre aux banques centrales – en particulier à la Réserve Fédérale – d’actionner un peu moins fort le frein monétaire. Le rythme de hausse des taux pourra quelque peu ralentir, ce qui pourrait redonner un peu d’oxygène aux marchés financiers.

« En outre, si le ralentissement économique attendu n’est pas trop important et que les bénéfices des entreprises ne subissent pas trop de pression, toutes les conditions d’une amélioration du marché seront réunies », déclare Philippe Gijsels, stratégiste en chef chez BNP Paribas Fortis. S’y ajoute le fait que les mois de novembre, décembre et janvier sont traditionnellement de bons mois pour les marchés d’actions. 

Récession

Mais la question clé pour 2023 reste de savoir dans quelle mesure l’inflation restera sous contrôle. « La mainmise de l’inflation sur l’économie mondiale se poursuit. Mais les États-Unis semblent avoir dépassé le pic d’inflation et, avec la récente baisse des prix du gaz et de l’électricité, l’Europe peut aussi espérer des jours meilleurs », déclare Koen De Leus, économiste en chef chez BNP Paribas Fortis. 

Alors que le pic d’inflation semble être derrière nous, BNP Paribas Fortis affirme que les banques centrales continueront à augmenter leurs taux d’intérêt, même si ces hausses risquent de provoquer une légère récession. En effet, la crainte d’une spirale persistante salaires-prix est très présente chez les banques centrales. « Ce faisant, elles poussent presque certainement l’économie vers une récession », déclare De Leus.

À cela s’ajoute que l’inflation est une bête difficile à tuer. « Le plus grand risque pour 2023 est certainement que l’inflation reparte et que les banques centrales doivent s’engager dans un nouveau cycle de hausse des taux. À peu près toutes les classes d’actifs pourraient alors à nouveau souffrir », déclare Gijsels. Il fait référence à Paul Volcker, l’ancien président de la FED qui, durant la période 1979-1980, a eu besoin de deux cycles de hausse des taux pour maîtriser l’inflation. « Par ailleurs, il y a toujours un risque que la récession soit plus profonde et plus longue qu’attendu. Une nouvelle escalade de la guerre en Ukraine et toute nouvelle pénurie sur les marchés énergétiques sont également des facteurs de risque. Tout comme une nouvelle implosion de l’économie chinoise au lieu d’une amélioration.»

Diversification

En 2022, les classes d’actifs ont connu un ‘repricing’ à cause de la hausse des taux. Les parties spéculatives du marché – et donc aussi le secteur technologique – qui ont le plus profité des taux ultra-bas, sont également celles qui souffrent le plus aujourd’hui. Les actifs dont les bénéfices sont élevés, mais à long terme, sont les plus sensibles à la hausse des taux.

Philippe Gijsels : « La grande différence entre les précédentes baisses (comme lors de la crise financière de 2008) et les plus récentes (pendant la pandémie) est que, cette fois, le marché obligataire n’a pas compensé – pas même partiellement – la baisse des marchés d’actions. Suite à l’envol des taux, ces deux classes d’actifs ont baissé simultanément. En d’autres termes, dans un environnement inflationniste, la corrélation entre les deux n’est plus négative, ce qui rend plus difficile l’élaboration d’un portefeuille diversifié. » La corrélation plus positive entre les actions et les obligations signifie que les risques sont moins diversifiés. « D’autre part, il est aujourd’hui possible – et pour la première fois depuis de nombreuses années – d’obtenir du rendement des obligations », souligne Gijsels.

Thèmes d’avenir

Les investisseurs restent confrontés à un environnement très difficile. « Il est plus que jamais important – dans ce contexte difficile – de miser sur les thèmes qui évoluent dans le sens du courant. En d’autres termes, des idées et des opportunités à long terme qui attireront les capitaux, presque indépendamment de la conjoncture. Parmi les exemples, nous pouvons citer les énergies alternatives, les infrastructures, les soins de santé, mais aussi les thèmes liés à la technologie comme la robotique et la cybersécurité », conclut Gijsels.

 

 
 

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