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« Les marchés financiers ne tiennent pas suffisamment compte des risques géopolitiques, c’est pourquoi nous adoptons une position prudente pour le premier semestre. Nous augmentons progressivement la duration et le bêta pourra être relevé vers la seconde moitié de l’année », déclare Marc Danneels, Chief Investment Officer chez Beobank.

Le stratège en investissement Marc Danneels souligne que l’année 2024 a commencé sur une note remarquablement optimiste : « Il s’agit d’une continuation évidente de l’appétit pour le risque que nous observons depuis novembre 2023. » Cet optimisme est alimenté par l’espoir d’une poursuite de la désinflation ainsi que par la perspective de plus en plus probable d’un atterrissage en douceur de l’économie aux États-Unis et en Europe.

Ce moral au beau fixe s’appuie sur une série de données et de chiffres positifs. « Les chiffres du quatrième trimestre indiquent une croissance annualisée du produit intérieur brut américain de 3,3 %, tandis que le taux de chômage reste très bas, à 3,7 %. De plus, la confiance des directeurs d’achat et des consommateurs demeure élevée », explique Marc Danneels.

Un optimisme excessif

Marc Danneels considère toutefois que les marchés financiers font preuve d’un optimisme excessif dans leur scénario d’un atterrissage en douceur. « Cette attitude amplifie les risques déjà présents. Il suffit de penser aux tensions en mer Rouge et au risque que l’Iran soit entraîné dans un conflit régional élargi, ce qui pourrait alimenter une nouvelle pression inflationniste. » Actuellement, le marché semble ignorer ces risques géopolitiques. « De plus, les banques centrales, de part et d’autre de l’Atlantique, ont tenté à plusieurs reprises de modérer l’enthousiasme quant à une baisse rapide des taux d’intérêt. Les marchés ont largement fait fi de ce message aussi », déclare Marc Danneels. 

C’est pourquoi Beobank adopte une position plutôt défensive pour le premier semestre de l’année. Marc Danneels souligne également que le secteur technologique est valorisé pour la perfection. « Les résultats trimestriels de sociétés comme Amazon et Meta ont été bien accueillis par les investisseurs. Cependant, ils résultent davantage de réductions des coûts, de rachats d’actions et d’annonces de dividendes que d’une croissance des fondamentaux de l’entreprise. Dans cette optique, nous privilégions la qualité, en nous concentrant sur des secteurs tels que les biens de consommation. »

Dans sa sélection, Beobank privilégie les entreprises qui affichent un bilan sain et un faible besoin de financement, tout en ayant la capacité de préserver leurs marges. « Nous percevons également du potentiel dans les actions de croissance. Cependant, nous n’ignorons pas totalement les actions de valeur, même si nous sommes plus sélectifs dans notre recherche de qualité. » 

Pour le second semestre 2024, Marc Danneels anticipe une rotation partielle vers des marchés plus cycliques. « Nous nous positionnerons alors davantage dans des secteurs qui tendent à bien performer lorsque les rendements diminuent, comme les télécommunications et l’immobilier. » Des secteurs plus cycliques seront également ciblés, de même que les petites capitalisations à la valorisation relativement faible. « Cela nous permet d’anticiper une phase de reprise économique. »

 Sur le plan régional, les États-Unis sont privilégiés au détriment de l’Europe. « La croissance économique demeure plus résiliente en Amérique et l’économie y subit moins l’impact des taux d’intérêt qu’en Europe. » Un indice de référence équipondéré est à privilégier. « Les valorisations ont déjà fortement augmenté et un petit nombre de grands acteurs technologiques sont fortement surpondérés. »

Le retour des obligations

Sur la composante revenu fixe du portefeuille d’investissement, Marc Danneels applique lui aussi le mantra Bonds are back : les obligations font leur grand retour. « En ce qui concerne les obligations d’État, nous affichons une légère préférence pour la zone euro par rapport aux États-Unis. Compte tenu de la résilience de l’économie américaine, il n’est pas improbable que la BCE abaisse ses taux d’intérêt plus rapidement que la Fed. Depuis la fin de l’année dernière, nous avons également augmenté la duration. »

Le stratège prévoit que la volatilité sur les marchés obligataires persistera au cours du premier semestre. « Nous visons une exposition à toutes les parties de la courbe de taux. Cependant, nous évitons la partie la plus longue : ces taux d’intérêt pourraient subir une pression haussière en raison du resserrement quantitatif. En particulier aux États-Unis, on observe un déséquilibre entre l’offre et la demande en raison du déficit public excessif. »

Marc Danneels souligne que les marchés du crédit ont déjà subi une compression des spreads plus importante en 2023. « C’est pourquoi nous nous montrons aujourd’hui un peu plus sélectifs. Sur le segment investment grade, nous affichons une préférence pour l’Europe, moins chère que les États-Unis. » En ce qui concerne les secteurs, la préférence va au secteur bancaire et, dans une moindre mesure, aux services publics. « Nous évitons le secteur automobile, car il est fortement sous pression. »

Beobank adopte également une approche légèrement plus prudente à l’égard des obligations à haut rendement. « De nombreuses entreprises devront se refinancer en 2024, et surtout en 2025 et 2026, ce qui risque d’entraîner un élargissement des spreads. » Encore une fois, la zone euro est privilégiée. « Compte tenu du contexte macroéconomique, nous nous concentrons sur le segment BB/B », conclut Marc Danneels.

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