Les obligations à haut rendement, autrefois appelées obligations poubelles (« junk bonds »), sont désormais présentes dans de nombreux portefeuilles. Elles ont terminé tous les trimestres de 2021 dans le vert.
La catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement a gagné 10,3 % en euros sur l’année 2021, tandis que l’indice ICE BofA Glb High Yield Constrained progressait de 9,1 %. Les émissions spéculatives notées CCC (du secteur énergétique, surtout) ont fait mieux que leurs homologues notées BB, et il y a eu relativement peu de faillites ou de restructurations au cours des douze derniers mois.
Thomas De Fauw, analyste chez Morningstar, constate que l’indice ICE BofA US High Yield Effective Yield, soit le rendement réel de l’indice susmentionné, s’établissait à 4,4 % en décembre 2021, et semble pour l’instant se consolider entre 4 et 5 %. Il s’agit selon lui d’un plancher historique : l’indice, lancé au milieu des années 1990, n’est passé sous les 5 % que fin 2020.
Son équivalent européen a terminé l’année en hausse de 2,8 % et les deux indices atteignaient encore un niveau respectif de 11,4 % et 8,1 % le 23 mars 2020 . Quant à l’indice ICE BofA US High Yield Option-Adjusted Spread, il a terminé le troisième trimestre à 310 points de base ; le 23 mars 2020, l’écart atteignait 10,9 points de pourcentage. Si le spread actuel n’est pas extrême en perspective historique (en mai 2007, février 2005 et tout au long de l’année 1997, il est passé sous les 3 %), le risque haussier semble actuellement plus élevé selon certains investisseurs.
2022 sous le signe des turbulences
2022 promet d’être une année turbulente pour les placements à revenu fixe. Les obligations d’entreprises avaient déjà corrigé en début d’année, alors que les investisseurs se positionnaient pour une hausse des taux, puis une possible réduction du bilan de la Fed. Depuis, le montant total d’emprunts d’État assortis d’un taux nominal négatif a diminué, de plus de 18 000 milliards de dollars fin 2020 à moins de 10 000 milliards de dollars sur les premières semaines de 2022.
La BCE s’inquiète de la hausse de l’inflation et de la baisse des taux réels, qui a amené les investisseurs à prendre de plus en plus de risques dans leur quête du rendement. La banque centrale met en garde contre l’exubérance sur les marchés du crédit, et les investisseurs expérimentés tels que Bill Gross et Dan Fuss, de Loomis Sayles, qui s’est vu distinguer par le Morningstar Outstanding Portfolio Manager Award en 2019, ont également multiplié les avertissements ces derniers temps.
Mais d’un point de vue historique, les obligations à haut rendement devancent la plupart des catégories au sein du revenu fixe, dans un contexte de hausse de l’inflation et des taux. En outre, après la crise financière de 2007, le marché du haut rendement s’est concentré sur les crédits BB, plus sûrs. Mais la sensibilité aux taux des obligations à haut rendement a augmenté au cours des années. De nombreuses entreprises ont joué la sécurité et voulu s’assurer des taux bas : elles ont donc emprunté plus de 100 milliards de dollars sur le marché obligataire au cours des premières semaines de l’année.
Le top 5
Le top 5 de la semaine est consacré à la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement ; le classement liste les cinq fonds ayant affiché la meilleure performance sur l’année 2021.
La première place revient au fonds M&G (Lux) Global Floating Rate High Yield, géré par James Tomlins et Stefan Isaacs. Si le fonds a terminé l’année 2021 dans le premier décile de la catégorie Morningstar des obligations internationales à haut rendement, il est resté dans l’ombre ces deux dernières années, terminant dans le dernier quintile. Thomas De Fauw explique que « jusqu’à récemment, le fonds était noté Neutral par les analystes de Morningstar, mais la couverture a récemment été modifiée car les analystes n’étaient pas suffisamment convaincus de la capacité de la stratégie à battre l’indice.
L’équipe gère aussi le fonds britannique M&G Global High Yield Bond, assorti d’une notation Bronze. La stratégie vise à générer un rendement supérieur à celui de l’indice BofAML Global Floating Rate High Yield (3% constrained) et investit principalement dans des obligations à haut rendement plus risquées, assorties d’un taux variable, mais peut également avoir recours à des swaps de taux et des CDS. Fin 2020, plus de 80 % des actifs étaient investis dans des titres notés B, soit une surpondération de plus de 46 points de pourcentage par rapport à la moyenne de la catégorie. »
BE