John William Olsen, M&G
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Le M&G Positive Impact Fund est le dernier-né d’une classe d’actifs que le gestionnaire de fonds John William Olsen qualifie de distincte. « L’investissement d’impact n’a rien à voir avec l’investissement ESG. »

Pourquoi ? 
« L’investissement ESG est beaucoup plus large que l’investissement d’impact. Les fonds ESG investissent dans des sociétés qui obtiennent de bons résultats sur certains critères ESG, sans pour autant présenter une focalisation claire. L’investissement d’impact, au contraire, s’apparente davantage à un investissement thématique. Notre fonds d’impact n’investit que dans des entreprises qui ont vraiment un impact matériel positif important sur l’humain et l’environnement. Notre univers d’investissement est donc très restreint : notre indice de référence, le MSCI AC World Index, comprend plus de 4 000 sociétés, mais notre shortlist n’en compte que 150. Pour la sélection des entreprises, nous examinons trois facteurs : la durabilité du modèle d’affaires, la mesure dans laquelle une entreprise veut vraiment avoir un impact, et l’impact qu’elle a réellement dans la pratique. Pour figurer sur notre shortlist, les entreprises doivent obtenir une note supérieure à la moyenne pour chacun de ces trois critères. »

Un univers d’investissement aussi restreint n’a-t-il pas un effet limitatif ?
« Notre shortlist peut sembler restreinte, mais elle contient des sociétés très différentes, dont 30 à 35 se retrouveront dans le fonds. Lorsqu’on veut évaluer l’impact d’une entreprise, on peut examiner deux choses très différentes : d’une part, nous investissons dans des entreprises stables et établies qui ont déjà un impact important. Mais d’autre part, nous nous investissons également dans des entreprises en croissance de plus petite taille qui consacrent beaucoup d’argent à la recherche et au développement afin d’être en mesure d’avoir un impact à long terme. Enfin, nous investissons également dans des fournisseurs pour entreprises d’impact. Il s’agit d’acteurs qui fabriquent par exemple des équipements et des logiciels permettant de mesurer les émissions de CO2. Ainsi, nous disposons presque automatiquement d’un portefeuille bien diversifié. »

Quel est le rôle des Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD) dans le processus d’investissement ?
« Les ODD sont utiles comme point de référence pour notre stratégie d’investissement parce que les entreprises s’en servent souvent elles-mêmes en tant que base pour leur propre politique. Dans notre processus d’investissement, nous avons subdivisé les ODD en six domaines d’impact (voir fig. 1). Trois d’entre eux concernent le climat, tandis que les trois autres portent sur la santé et l’égalité sociale. Toutes les entreprises figurant sur notre shortlist ont un impact sur au moins un de ces six domaines. »

Comment cela se reflète-t-il dans le portefeuille du fonds ?
« Le chevauchement avec notre indice de référence n’est que de 2 %, car nous avons bien sûr certains écarts automatiques : nous n’excluons pas énormément de secteurs, mais une compagnie pétrolière sera par exemple difficilement considérée comme une entreprise d’impact. Dans le cas des entreprises du secteur de la santé, c’est justement le contraire : il s’agit aussi bien d’entreprises fabriquant des équipements médicaux que de producteurs de médicaments. Nous avons donc un certain nombre de biais sectoriels clairs. Nous investissons en outre dans des sociétés qui ne font pas du tout partie de l’indice de référence, comme les sociétés à petite et moyenne capitalisation. D’une manière générale, il est plus facile de trouver des entreprises qui ont un impact dans le segment inférieur. Au fur et à mesure que les entreprises grandissent, elles deviennent rapidement des conglomérats. Dans ce cas, 10 à 20 % de l’entreprise fait peut-être quelque chose ayant un impact, mais pas le reste. Dans son ensemble, une telle entreprise ne répond donc pas à nos critères. 

Enfin, nous investissons également un peu plus dans les marchés émergents. Par exemple, il est beaucoup plus difficile de trouver sur les marchés développés des sociétés financières ayant un impact que sur les marchés émergents. »

L’impact est souvent une question de longue haleine. Vous investissez donc à ultra-long terme ?
« Lorsque nous prenons une position, notre horizon de placement est d’au moins 10 ans, mais notre objectif est de surperformer l’indice de référence sur cinq ans. Nous préférerions avoir une période encore plus longue pour mesurer la performance, mais cinq ans est à peu près le maximum que les investisseurs accepteront. Pour vous donner une idée de notre vision à long terme, nous n’avons rien changé au fonds depuis son lancement en novembre dernier »

Comment vous distinguez-vous des autres fonds d’impact qui ont vu le jour ces dernières années ?
« Permettez-moi tout d’abord de préciser que l’investissement à large impact dans des sociétés cotées est une tendance encore très récente. Il n’y a encore que très peu de fonds d’impact. Il se peut qu’à première vue, ils se ressemblent beaucoup, mais cela ne me dérange pas du tout. Au contraire, on devrait s’inquiéter si ce n’était pas le cas. Le fait que les gestionnaires de fonds disent la même chose concernant l’impact de l’investissement confirme qu’il s’agit d’une catégorie d’actifs distincte. Lorsqu’on se met comparer des fonds de valeur ou des fonds de dividendes, on constate souvent un important chevauchement dans la philosophie de placement. »

Qu’en est-il de l’intérêt des investisseurs pour ce fonds ? 
« Durant les entretiens avec les clients, nous remarquons que l’intérêt pour l’investissement d’impact est énorme. Les gens s’intéressent davantage à ce fonds qu’à notre fonds ESG traditionnel [le M&G Global Select Fund]. Ils aiment tout simplement investir dans des entreprises qui font du ‘bien’ et ont un impact sur la société. Nous sommes en pourparlers avec un certain nombre de banques et assureurs en Belgique en vue de proposer le fonds sur leurs plateformes, et nous nous attendons à ce que cela se produise avant la fin de l’année. Parallèlement, nous travaillons à l’obtention d’un label SRI belge officiel pour le fonds. »

Les frais de gestion de 1,97 % ne sont-ils pas un peu élevés ?
« Quoi qu’il en soit, la sélection des investissements sur un horizon à 10 ans fait déjà l’objet d’une due diligence très intensive, et des recherches complémentaires sur l’impact d’une entreprise sont en outre nécessaires, ce qui explique les coûts élevés. Nous avons également une ‘founder share class’ associée des frais de gestion de seulement 0,5 %, qui est encore ouverte aux nouveaux grands investisseurs. » 

 

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